Buzyn pas "inquiète" pour l'avenir de la réforme des retraites

reuters.com  |   |  638  mots
Buzyn pas inquiete pour l'avenir de la reforme des retraites[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - La ministre de la Santé, Agnès Buzyn a dit vendredi qu'elle n'était pas "inquiète" au sujet de la capacité du gouvernement à mener la réforme potentiellement explosive des retraites, malgré le départ de Force ouvrière de la concertation.

Le troisième syndicat de France a annoncé mercredi qu'il quittait les discussions menées par le haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye depuis le printemps 2018 estimant que la réforme ne répondait qu'à des motifs budgétaires.

"FO prend une décision qui était dans l'air depuis le début car, en réalité, ils n'adhérent pas à une réforme universelle des retraites et notamment à la retraite par points", a déclaré Agnès Buzyn sur Public Sénat.

"Moi, je pense que tous les syndicats reviendront à la table de la concertation, je ne suis pas inquiète", a-t-elle ajouté.

"Cette concertation s'est faite de façon remarquable. Le haut-commissaire a mené cela depuis un an et demi . (...) Les modélisations financières ont été partagées avec les organisations syndicales, ce qui permet à chacun de travailler dans le calme et donc ce calme va se poursuivre", a-t-elle dit.

"Je ne suis pas inquiète sur la capacité que nous aurons à mener cette réforme", conclut-elle.

Les syndicats ont été échaudés dans les dernières semaines par les propositions de plusieurs ministres de reculer l'âge légal de départ à la retraite, ou encore, d'allonger la durée de cotisation pour financer d'autres dépenses comme celles de la dépendance.

L'hypothèse d'un décalage de ce seuil, aujourd'hui fixé à 62 ans, alors qu'Emmanuel Macron avait promis de ne pas y toucher, a poussé le haut-commissaire à mettre sa démission dans la balance.

"Tout le monde en parle de cet âge, de la durée d'activité. (...) Ça se discute partout sauf là où on pensait que ça se discutait. La concertation a perdu tout son sens. Elle a été dénaturée", a déclaré le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, sur Sud radio.

"Il arrive un moment ou il faut que le gouvernement nous dise ce qu'il entend faire", a-t-il ajouté.

FO met également en garde contre le principe d'un système par points, comme envisagé par Jean-Paul Delevoye, où l'Etat pourrait avoir d'avantage de pouvoir de décision.

"En fonction de l'évolution des autres paramètres (valeurs à l'achat et à la conversion des points), la borne d'âge d'ouverture des droits dans un régime universel par points peut devenir en réalité celle d'un 'droit à pension minimale', nécessitant, pour celles et ceux le pouvant (...) de prolonger la durée d'activité pour pouvoir bénéficier d'un niveau décent de pension", a écrit le syndicat dans une lettre envoyée au haut-commissaire pour expliquer les raisons de son départ.

Pour le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, il faut relever l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans en huit ans à raison d'un trimestre par an, et à partir de 2028 indexer mécaniquement l'âge légal sur l'évolution de l'espérance de vie.

De son côté, Laurent Burelle, président de l'Afep (Association française des entreprises privées), appelle dans un entretien à paraître samedi dans Le Figaro à porter l'âge légal de la retraite à 65 ans.

Ce report, qu'il juge "raisonnable" et "vital", permettrait selon lui de régler "une bonne partie du déficit budgétaire".

"Cela n'empêche pas de prêter une attention particulière aux cas de carrières longues ou pénibles", précise également le président de l'Afep, qui regroupe les 100 plus grandes entreprises privées françaises.

(Caroline Pailliez, avec Myriam Rivet, édité par Eric Faye)