Philippe dément toute tentative "d'intimidation" contre Disclose

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Philippe dement toute tentative d'intimidation contre disclose[reuters.com]
(Crédits : Pool)

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre Edouard Philippe a justifié jeudi au nom du respect du "secret défense" l'audition de trois journalistes, dont deux du site d'investigation Disclose, ayant enquêté sur l'utilisation d'armes françaises au Yémen, démentant toute tentative d'intimidation.

Geoffrey Livolsi et Mathias Destal ont été auditionnés mardi "à titre personnel et sous le régime de l'audition libre par la direction générale du renseignement intérieur" (DGSI).

Benoît Collombat, de la cellule investigation de Radio France qui a publié l'enquête de Disclose avec quatre autres partenaires en France, a pour sa part été entendu mercredi.

Publiée le 15 avril dernier, l'enquête de Disclose a conclu - sur la base d'un rapport de la Direction du renseignement militaire (DRM) - à l'utilisation d'armes exportées par la France, notamment des canons Caesar, dans la guerre au Yémen, y compris dans des zones civiles.

L'audition des trois journalistes a été dénoncée par une vingtaine d'ONG et syndicats de journalistes, par la Fédération européenne des Journalistes (FEJ) et le Centre de protection des journalistes (CPJ), qui y ont vu une atteinte inacceptable à la liberté de la presse.

"C'est toujours très délicat", a réagi Edouard Philippe sur franceinfo. "Je comprends très bien la volonté des journalistes d'aller chercher l'information et de présenter l'information à leurs lecteurs et leurs auditeurs".

"C'est très respectable et c'est une condition de la démocratie (...) mais en tant que Premier ministre, je dois aussi faire respecter le droit et notamment toute une série de dispositions relatives au confidentiel, voire au secret défense", a-t-il poursuivi.

"Je ne suis pas là pour justifier telle ou telle audition, je suis là pour dire qu'il y a des sujets où le confidentiel ou le secret défense ça existe, et qu'il appartient au gouvernement, à l'ensemble de l'administration, à l'ensemble des pouvoirs publics de respecter et de faire respecter ce secret", a-t-il ajouté.

A la question de savoir s'il s'agissait d'une forme d'intimidation, Edouard Philippe a répondu : "Pas du tout. D'abord je ne crois pas que ça les intimide, et ensuite ce n'est pas fait pour intimider."

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)