Législatives : Deux Belgiques à la recherche d'un gouvernement

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Legislatives: deux belgiques a la recherche d'un gouvernement[reuters.com]
(Crédits : Yves Herman)

BRUXELLES (Reuters) - La percée du Vlaams Belang, mouvement séparatiste flamand d'extrême droite, aux élections législatives de dimanche en Belgique va compliquer la formation d'un nouveau gouvernement fédéral alors que la gauche s'est renforcée en Wallonie, région francophone du sud du pays.

Le Vlaams Belang ("Intérêt flamand") a remporté 18 sièges au Parlement fédéral, contre trois durant la précédente législature, devenant le deuxième parti de la région. Il n'a jamais été associé jusqu'ici à un gouvernement, ni au niveau fédéral ni au niveau régional.

En comptant les élus de la N-VA (Nieuw-Vlaamse Alliantie, Nouvelle Alliance flamande), formation plus modérée, il y aura 43 séparatistes flamands sur les 150 députés de la Chambre des représentants à Bruxelles.

Les élections sont organisées de façon distincte dans les parties francophone et néerlandophone du pays afin d'aboutir à la formation d'un gouvernement fédéral.

"Deux Belgiques", titre lundi le quotidien francophone Le Soir, tandis que le néerlandophone De Morgen proclame "La Flandre se radicalise" et parle d'un "dimanche noir".

Les élections législatives en Wallonie ont été marquées par une progression des Verts et du Parti du Travail de Belgique (PTB), un mouvement de la gauche radicale.

Le dirigeant de la N-VA, Bart De Wever, interrogé sur une éventuelle coalition avec le Vlaams Belang, n'a pas directement répondu mais a dit qu'il s'entretiendrait avec la direction de son parti de la nouvelle situation.

DES MOIS POUR AVOIR UN GOUVERNEMENT ?

Il s'est également montré très prudent sur la formation du prochain gouvernement fédéral.

"La Wallonie a glissé plus à gauche, bien plus à gauche que jamais auparavant. La différence entre la Flandre et la Wallonie n'a jamais été aussi grande", a-t-il dit, évoquant la possibilité d'élargir les délégations de pouvoirs accordées aux régions.

Le Premier ministre sortant Charles Michel, dont le Mouvement réformateur (MR, centre droit) a obtenu 14 élus dimanche, perdant six sièges, a été reçu lundi par le roi Philippe.

Charles Michel expédie les affaires courantes depuis décembre dernier, à la suite du dépôt d'une motion de défiance contre son gouvernement de coalition. La N-VA avait alors rompu avec lui à cause d'un désaccord touchant au pacte de l'Onu sur les migrations.

Le roi doit à terme désigner un dirigeant politique chargé de former un nouveau gouvernement, ce qui pourrait prendre des mois.

En 2010, il avait fallu attendre 541 jours pour que le francophone Elio Di Rupo, dont le Parti socialiste (PS) a obtenu 20 sièges dimanche (-3), prenne la tête d'un gouvernement.

"L'exemple de 2010 nous montre que nous pouvons faire avec un gouvernement intérimaire pendant un certain temps. Nous aurons un gouvernement mais peut-être pas avant 2020", a estimé Carl Devos, politologue à l'université de Gand.

(Robin Emmott et Philip Blenkinsop, avec Caroline Dade; Guy Kerivel pour le service français)