Hong Kong : Le soutien politique au projet de loi d'extradition faiblit

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Hong kong: le soutien politique au projet de loi d'extradition faiblit[reuters.com]
(Crédits : Jorge Silva)

par James Pomfret et Farah Master

HONG KONG (Reuters) - Certains responsables politiques hongkongais ont à leur tour exprimé leurs doutes vendredi quant au projet de loi autorisant les extraditions vers la Chine continentale qui a soulevé une vague de contestation dans l'ancienne colonie britannique.

Ce projet de loi, qui concerne les habitants de Hong Kong et les ressortissants étrangers et chinois habitant ou de passage dans la ville, a entraîné dimanche dernier la plus grosse manifestation qu'ait connue le territoire depuis sa rétrocession à la Chine, en juillet 1997.

Vendredi, Bernard Chan, l'un des principaux conseillers de la dirigeante de Hong Kong, Carrie Lam, a déclaré à la chaîne de télévision Cable TV qu'il ne pensait pas que les débats sur le projet de loi puissent se poursuivre au Conseil législatif, compte tenu de l'ampleur de l'opposition.

"Organisons-nous des consultations (...) ? Y a-t-il encore une chance que le projet de loi soit adopté ? Le gouvernement doit prendre ces facteurs en compte", a-t-il déclaré.

"Mais je dis bien qu'à l'heure actuelle, il n'est pas possible - à un moment où les divisions sont aussi fortes - de continuer à discuter de cette question. La difficulté est énorme", a-t-il ajouté.

Michael Tien, membre du Conseil législatif de Hong Kong et député au parlement chinois, a appelé le gouvernement de la ville à suspendre le projet de loi.

En outre, 22 personnalités politiques ayant exercé des fonctions importantes à Hong Kong ont signé une déclaration appelant Carrie Lam à "céder devant l'opinion publique et à retirer le projet de loi pour une délibération plus approfondie".

"PROVOCATION FLAGRANTE"

Carrie Lam, qui a le soutien de Pékin, affirme pour sa part que sa réforme mettra fin au vide juridique qui permet aux criminels recherchés sur le continent d'utiliser la ville comme refuge.

Vendredi, après le mouvement de protestation qui a duré peu ou prou toute la semaine, la plupart des manifestants avaient quitté la rue et les banques avaient rouvert leurs portes.

Mais un nouvel appel à manifester a été lancé pour dimanche. Les opposants au projet de loi ont déposé une demande d'autorisation pour se réunir lundi, au moment où les débats sur le texte pourraient reprendre au Conseil législatif.

Une confédération syndicale a lancé un appel à la grève dans toute la ville.

Aux États-Unis, des sénateurs démocrates et républicains ont présenté une proposition de loi exigeant du gouvernement américain qu'il justifie chaque année le maintien des privilèges accordés à Hong Kong en matière commerciale. Pékin a protesté.

"C'est une provocation flagrante", pouvait-on lire vendredi dans le Global Times, quotidien de Chine populaire qui suit la ligne éditoriale du Quotidien du peuple, le journal officiel du Parti communiste chinois.

"Ces sénateurs américains nous font voir la noirceur de l'élite politique américaine qui veut semer le chaos à Hong Kong (..)", ajoute le quotidien tabloïd publié en chinois et en anglais.

Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Le Yucheng a convoqué Robert Forden, numéro deux de l'ambassade des Etats-Unis à Pékin, pour protester contre les prises de position américaines sur Hong Kong et demander à Washington de cesser immédiatement toute ingérence dans les affaires intérieures de la ville.

"Nous demandons aux Américains de traiter le gouvernement de Hong Kong avec objectivité et honnêteté, et de respecter le processus législatif normal en cours", a-t-il dit. "La Chine suivra de près ce que feront les Etats-Unis et continuera de réagir", a-t-il ajouté, sans donner davantage de précisions.

(Avec John Ruwitch, Sijia Jiang, Sumeet Chatterjee, Twinnie Siu, Clare Jim et Felix Tam à Hong Kong, David Brunnstrom à Washington et Ben Blanchard à Pékin; Danielle Rouquié et Eric Faye pour le service français)