La croissance a calé en juillet dans la zone euro

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Zone euro: la croissance cale en juillet, perspectives moroses[reuters.com]
(Crédits : Matthias Rietschel)

par Jonathan Cable

LONDRES (Reuters) - La croissance du secteur privé a marqué le pas en juillet dans la zone euro, sous le coup d'une contraction qui s'est accentuée dans le secteur manufacturier, et les indicateurs d'anticipation laissent prévoir une nouvelle détérioration en août, selon les résultats provisoires des enquêtes IHS Markit auprès des directeurs d'achat.

Le coup de mou est général avec des indices PMI inférieurs aux attentes pour l'ensemble de la zone euro ainsi qu'en Allemagne et en France, les deux principales économies du bloc et les seules à publier des données préliminaires.

La publication des indices "flash" de juillet intervient à la veille de la réunion du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) qui devrait confirmer son intention de réduire encore son taux des dépôts, déjà négatif, afin de relancer la croissance et l'inflation.

L'indice PMI composite d'IHS Markit, considéré comme un baromètre fiable de la croissance dans la zone euro, a reculé à 51,5 en version préliminaire ce mois-ci contre 52,2 en juin, se rapprochant ainsi de la barre de 50 qui sépare croissance et contraction.

Les économistes interrogés par Reuters l'attendaient en moyenne à 52,1.

"Si cette publication est prise au sérieux par la Banque centrale européenne à sa réunion de demain, elle pourrait la pousser à agir vite", estime Bert Colijn chez ING. "C'est un premier aperçu important de la croissance au troisième trimestre et il n'est pas bon."

Sur 67 économistes interrogés par Reuters, cinq seulement s'attendent à une baisse de taux dès jeudi.

Les indices PMI inférieurs aux attentes et les spéculations sur un assouplissement de la politique monétaire de la BCE ont fait tomber l'euro à un plus bas de deux mois face au dollar mercredi.

CROISSANCE DE 0,2% AU T3, PEUT-ÊTRE 0,1%

Les données d'IHS Markit suggèrent une croissance de 0,2%, voire de 0,1%, au troisième trimestre dans la zone euro, soit bien moins que la prévision de 0,3% des économistes interrogés par Reuters.

L'indice PMI manufacturier est tombé à 46,4, son plus bas niveau depuis décembre 2012, contre 47,6 en juin. Les économistes l'attendaient stable.

Le sous-indice qui mesure la production, une composante qui entre dans le calcul du PMI composite, a reculé à 47,0, au plus bas depuis avril 2013, contre 48,5 en juin.

Dans les services, l'indice PMI s'est à peu près maintenu à 53,3, comme attendu par les économistes, contre 53,6 en juin.

L'écart entre le PMI manufacturier et son équivalent des services atteint ainsi près de sept points, ce qui ne s'était plus vu depuis 2009, notent les économistes.

"L'enquête PMI dans la zone euro dépeint une situation toujours plus inquiétante dans le secteur manufacturier mais en même temps le secteur des services continue de défier les lois de la gravité", observe Jan von Gerich chez Nordea.

"La divergence entre les deux secteurs est inhabituellement large. La question est de savoir combien de temps les services pourront continuer de croître alors que la contraction s'accentue dans le secteur manufacturier", confirme Chris Williamson, le responsable des enquêtes PMI chez IHS Markit.

En Allemagne, l'indice PMI manufacturier est tombé ce mois-ci à 43,1, au plus bas depuis juillet 2012, alors que celui des services n'a que légèrement reflué à 55,4 contre 55,8. Les économistes attendaient respectivement 45,2 et 55,3.

En France, l'indice PMI du secteur manufacturier a aussi baissé plus fortement que prévu pour s'établir à 50,0 en première estimation contre 51,6 attendu et 51,9 en juin.

L'indice des services a reculé pour sa part à 52,2, contre 52,6 prévu et 52,9 en juin.

Dans l'ensemble de la zone euro, la demande pour les biens manufacturés a connu sa deuxième plus forte baisse en six ans et les sites de production ont dû s'appuyer sur leurs commandes plus anciennes pour continuer de tourner. Le sous-indice mesurant les commandes en instance est tombé à un plus bas de sept ans de 43,3, contre 45,5 en juin.

Les prestataires de services ont été confrontés à un ralentissement de la demande et ont réduit les embauches. Le sous-indice de l'emploi a reflué à 53,5 contre 54,2.

Le sous-indice de la production future, qui mesure les anticipations des chefs d'entreprise, a fléchi à 58,5, son plus bas niveau depuis octobre 2014, contre 59,2 en juin.

(Véronique Tison pour le service français, édité par Marc Joanny)