Migrants : Après l'Open Arms, une nouvelle crise se profile avec l'Ocean Viking

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Migrants: une nouvelle crise se profile avec l'ocean viking[reuters.com]
(Crédits : Handout .)

MILAN (Reuters) - L'Open Arms à peine arrivé sur l'île italienne de Lampedusa, un autre navire humanitaire, l'Ocean Viking, attend lui aussi un "port sûr" où pouvoir débarquer les 356 migrants secourus au large de la Libye.

Et à l'instar du navire espagnol bloqué en mer pendant 19 jours, 13 jours se sont écoulés depuis la première des quatre missions de sauvetage de la campagne en cours de l'Ocean Viking, affrété par SOS-Méditerranée et Médecins sans Frontières (MSF).

Les autorités maltaises lui ont refusé l'accès à un port; deux requêtes transmises aux autorités italiennes, les 9 et 12 août, sont restées sans réponse.

Le navire transporte principalement des migrants soudanais. Selon MSF, une centaine de mineurs sont à bord, dont 90 mineurs isolés. Trois enfants sont âgés de moins de cinq ans.

Comme pour l'Open Arms, une crise politico-diplomatique menace sur fond d'urgence humanitaire.

Le navire affrété par l'ONG espagnole a fini par accoster mardi soir au port de Lampedusa. Il a fallu l'intervention du procureur d'Agrigente, en Sicile, pour forcer un débarquement auquel s'opposait le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini.

Ses passagers seront répartis dans cinq pays partenaires de l'Italie au sein de l'UE (l'Espagne, la France, l'Allemagne, le Luxembourg et le Portugal).

"NOUVELLE NORME"

L'Ocean Viking se trouve actuellement dans les eaux internationales entre Malte et l'île italienne de Linosa, qui appartient au même archipel que Lampedusa.

"C'est une honte", dénonce Jay Berger, coordinateur du projet pour MSF, joint par téléphone satellite à bord du bateau.

"Laisser des migrants sur des navires de secours pendant des semaines jusqu'à ce que la crise devienne une urgence est en train de devenir la nouvelle norme. Nous n'essayons pas de forcer l'entrée dans les eaux italiennes ou maltaises. Nous attendons une solution mais cela prend trop de temps", ajoute-t-il.

Sous la houlette de Matteo Salvini, l'Italie a interdit aux navires humanitaires opérant en Méditerranée centrale d'entrer dans les eaux italiennes. Le ministre de l'Intérieur et chef de la Ligue (extrême droite) accuse les ONG de servir de "taxis" aux réseaux de passeurs et refuse que l'Italie serve, dit-il, de "camp de réfugiés de l'Europe".

A bord de l'Ocean Viking, les vivres commencent à manquer et l'équipage a dû mettre en place un rationnement des douches pour économiser les réserves d'eau.

"Un navire de sauvetage est comme une ambulance", compare Jay Berger. "Il doit servir à transporter des gens, pas à les héberger."

Pour l'heure, un seul port est prêt à l'accueillir. Tripoli, en Libye. Hors de question pour SOS-Méditerranée et MSF qui considèrent que la capitale libyenne ne peut en aucun cas être un "port sûr" et que ses passagers y courraient le risque d'être jetés de nouveau dans ces centres de rétention.

La Commission européenne a invité mercredi les Etats membres à faire preuve de plus de "solidarité" et à accepter de prendre en charge une partie des migrants du navire qui bat pavillon norvégien.

La France, qui a accepté de prendre en charge 40 migrants secourus par l'Open Arms, a elle aussi appelé à une solution rapide pour l'Ocean Viking.

"Des discussions sont en cours entre partenaires européens et j'ai échangé hier (mardi) avec mon homologue maltais", a déclaré mercredi le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, sur Twitter.

A Oslo, le ministre norvégien de la Justice, Joeran Kallmyr, a refusé que la Norvège accueille une partie des migrants secourus par l'Ocean Viking.

(Pamela Barbaglia et Stephen Jewkes avec Chris Scicluna à Malte et Gabriela Baczynska à Bruxelles; Henri-Pierre André pour le service français)