Budget 2023 : des Dialogues de Bercy aux contours « flous »

Les ministres Bruno Le Maire et Gabriel Attal attaquent ce jeudi la seconde session des « dialogues de Bercy » avec les députés et sénateurs membres des commissions des finances sur le thème des dépenses et économies inscrites dans le budget 2023. Promettant « l'ouverture », le gouvernement a tout de même fixé « des lignes rouges ». Dans l'opposition, les élus évoquent « des flous sur les intentions du gouvernement » et « un monologue ».
Grégoire Normand
Au total, quatre réunions avec les parlementaires sont prévues à Bercy sur le budget 2023.
Au total, quatre réunions avec les parlementaires sont prévues à Bercy sur le budget 2023. (Crédits : Reuters)

Les réunions s'enchaînent au pas de charge dans les immenses locaux du ministère de l'Economie. Après une première session consacrée au cadrage macroéconomique et au pouvoir d'achat, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et le ministre des Comptes publics Gabriel Attal s'apprêtent à nouveau à recevoir les pontes des commissions des finances de l'Assemblée nationale et celles du Sénat ce jeudi 15 septembre.

Au menu de cette journée intense, les dépenses et les économies inscrites dans le projet de loi de finances 2023 (PLF 2023). Viendront la semaine prochaine les recettes et la fiscalité et un dernier rendez vous de synthèse à quelques jours de la présentation du texte par les deux ministres de Bercy.

Après la crainte d'une désertion généralisée, Gabriel Attal s'est félicité de la venue des membres de l'opposition. « Nous avons réuni l'ensemble des forces politiques représentées au Parlement, et nous leur avons partagé des informations, des orientations, des arbitrages en cours, pour certains même pas finalisés, qui, normalement, dans un cadre classique de discussion et de préparation budgétaire auraient dû leur être transmis dans plusieurs jours, voire plusieurs semaines », a déclaré mardi soir, le ministre lors d'un micro tendu à l'issue de ce premier round.

Dans le prolongement des annonces d'Emmanuel Macron sur sa « nouvelle méthode », les ministres de Bercy assurent eux aussi qu'ils mettent en place « une méthode inédite ». Il s'agit de proposer « un cadre formel avec les oppositions », ont-ils précisé lors d'un point presse avec les journalistes.

« Un coup de com' » et du « flou » selon les oppositions

À l'issue de cette première journée, le président de la Commission des finances à l'Assemblée nationale, Eric Coquerel (LFI) a déclaré que cette réunion était un « coup de com' ». L'élu ne pense pas  qu'après la réunion d'aujourd'hui, « le budget va évoluer d'une manière ou d'une autre par rapport à ce qui était prévu ».

Selon M. Coquerel, les ministres de l'Economie Bruno Le Maire et des Comptes Publics Gabriel Attal ont présenté aux représentants des commissions des Finances de l'Assemblée et du Sénat des prévisions dégradées de croissance et d'inflation « qui ne sont toujours pas réalistes ».

Lire aussiBudget 2023 : malgré le risque de récession, Bercy s'accroche toujours à une croissance « qui résiste »

Interrogé par La Tribune, le député socialiste de l'Eure Philippe Brun, présent à la réunion était également dubitatif. « Je m'attendais à une réunion de travail. En réalité, c'était plutôt le flou artistique sur les intentions du gouvernement. Au lieu d'un dialogue, je parlerai plutôt d'un monologue de la part des ministres », a expliqué l'élu.

« En termes d'ambiance, c'était correct, convivial, respectueux », a estimé la députée socialiste Christine Pires-Beaune. Mais il n'y a « aucune main tendue à la gauche » et « toujours une fin de non recevoir sur une taxation des superprofits », a-t-elle déploré. « Il n'y aura rien dans le projet de loi de finances » sur les droits de succession « mais une porte ouverte existe et il appartient aux parlementaires de se saisir de ce sujet », a affirmé d'après des propos rapportés par l'AFP de son côté la députée LR Véronique Louwagie, jugeant « prématuré de tirer des enseignements » de ce premier d'une série de quatre rendez-vous donnés par Bercy aux parlementaires.

Bercy défend « une ouverture »

De leur côté, les ministres ont assuré qu'ils avaient fait preuve « d'ouverture ». « Je crois qu'il y a eu des ouvertures qui ont été faites sur un certain nombre de sujets. je crois qu'il y a des préoccupations qui ont été émises sur, par exemple, nos dépenses et nos crédits en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments », a expliqué Gabriel Attal.

Sur la question de la contribution des mastodontes de l'énergie, « Bruno Le Maire a aussi fait preuve d'ouverture, notamment sur ce qu'on appelle la captation des profits infra-marginaux que des énergéticiens qui font des profits du fait d'une spéculation sur les prix de l'énergie, on puisse capter les profits qui sont au dessus du tarif sur lequel on s'est accordés avec eux dans le cadre de leurs contrats », a poursuivi le ministre devant les journalistes. De son côté, Philippe Brun affirme « n'avoir pas vu d'ouverture, sauf du côté de LR sur la question des droits de succession. Si c'est pour baisser la fiscalité sur les plus riches, cela sera sans nous ».

Un Parlement prêt au bras de fer

Les élections législatives en juin dernier ont complètement rebattu les cartes des rapports de force à l'Assemblée nationale. Après avoir profité d'une majorité absolue lors du précédent quinquennat, le gouvernement avance en terrain miné dans l'hémicycle. Bruno Le Maire et Gabriel Attal savent que les débats risquent d'être particulièrement houleux à l'automne.

Entre la taxe sur les superprofits, la crise énergétique et l'inflation, les oppositions s'apprêtent à se livrer dans la bataille budgétaire. Mardi dernier, une mission flash dirigée par le député (LFI) Manuel Bompard et le député David Amiel (Renaissance) a commencé à passer sur le grill les géants de l'industrie pétrolière et de la grande distribution. Ils devraient dévoiler leur conclusion au début du mois d'octobre, soit quelques jours avant le début des débats qui s'annoncent explosifs à l'Assemblée sur le vote du budget.

Lire aussiTaxe sur les superprofits : ce qu'elle pourrait rapporter au fisc

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 16/09/2022 à 11:18
Signaler
Bercy ne travaille plus pour l'intérêt des français depuis bien longtemps . c'est devenu une boite noir qui ne fait que pomper les finances et les énergies vive de nos entreprises et de nos citoyens

à écrit le 15/09/2022 à 10:23
Signaler
De simples réunions qui n'ont d'autre but que de construire des alibis pour promouvoir des excuses ! McKinsey sait y faire ! ;-)

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.