Canicule : le gouvernement mise sur la prévention en vue de l'été

Après un été 2022 marqué par plusieurs vagues de chaleur, le gouvernement veut anticiper pour cette saison estivale et vient de présenter un plan « vagues de chaleur ». À savoir 15 mesures, principalement de prévention, pour anticiper et faire face aux risques de canicules. L’exécutif planche par ailleurs sur l’élaboration d’un nouveau plan d'adaptation du pays au réchauffement climatique. Il estime que les mesures d’adaptation nécessiteront de dégager au moins 2,3 milliards d'euros additionnels par an.
L'État prévoit une campagne grand public pour informer et prévenir les canicules, indiquant notamment les travaux et les comportements à avoir au sein de son logement.
L'État prévoit une campagne grand public pour informer et prévenir les canicules, indiquant notamment les travaux et les comportements à avoir au sein de son logement. (Crédits : JOHN SIBLEY)

[Article publié le 8 juin à 9h48, mis à jour à 11h30]

Depuis l'an 2000, les canicules ont été cinq fois plus fréquentes en France qu'avant 1989. Et elles seront deux fois plus nombreuses d'ici 30 ans. À cet égard, 2022 a été assez emblématique de cette tendance avec plus de 1.500 records locaux de chaleur battus, 33 jours de canicule entre début juin et fin août et la vague de chaleur la plus précoce jamais enregistrée entre le 15 et le 19 juin. Pour rappel, on parle de vague de chaleur nationale lorsque la température moyenne quotidienne nationale dépasse 25,3 °C.

« Les effets du réchauffement climatique sont déjà à l'œuvre en France » et « l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des vagues de chaleur d'ici 2050 est inévitable », estime le ministère de la Transition écologique.

Il rappelle d'ailleurs que ces canicules affectent « tous les aspects de notre économie et de la vie quotidienne » comme la santé, le travail, la vie sociale, culturelle, les ressources naturelles ou les forêts.

Un plan dédié aux vagues de chaleur

Pour faire face, l'État vient de dévoiler un plan « vagues de chaleur » pour « se préparer de façon systématique en amont de la période estivale » ainsi que pour « anticiper l'arrivée prévue d'une vague de chaleur et de définir les actions à mettre en œuvre aux niveaux national et local pour en prévenir et en limiter les impacts ». Ses 15 mesures ont été présentées ce jeudi 8 juin.

« Ce plan est basé d'une part sur l'homogénéisation et la systématisation de pratiques déjà existantes, d'autre part sur des pratiques nouvelles », a expliqué le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Et d'ajouter : « Cette année, nous n'allons pas attendre qu'une vague de chaleur arrive pour diffuser des consignes et bonnes pratiques ».

Certaines de ces actions seront mises en œuvre tous les ans, en amont des périodes à fort risque de vagues de chaleur, précise le ministère. D'autres actions ont vocation à être mises en œuvre lorsqu'une vague de chaleur est annoncée ou en cours. Il entend pour cela se baser sur les « modèles de prévision météorologique de Météo-France » qui permettent d'annoncer les épisodes de forte chaleur « une semaine avant leur survenue ». « Ce délai sera mis à profit pour alerter les différents acteurs de la prévention et de la gestion des risques ».

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15 mesures, surtout de prévention

Ainsi, une campagne grand public de sensibilisation va être lancée, indiquant les travaux et les comportements à avoir au sein de son logement. Ainsi que les « bons gestes » pour prévenir les noyades ou prendre soin de ses animaux de compagnie.

En cas de fortes chaleurs, un recensement des îlots de fraîcheur et des fontaines dans les communes sera effectué et communiqué à la population et des messages de prévention dans les transports et par SMS seront diffusés. Les personnes vulnérables seront incitées à s'inscrire sur des registres communaux mis en place depuis la canicule de 2003 pour qu'elles puissent être informées.

Les gestionnaires du réseau d'électricité, RTE et Enedis, « renforceront dès l'été 2023 les moyens de surveillance et d'intervention en déployant notamment des équipes d'urgence pendant les vagues de chaleur et de sécheresse afin d'éviter des coupures de courant », indique également le gouvernement.

Des contrôles annuels des bâtiments scolaires et notamment des salles d'examen seront également effectués. Côté entreprises, un guide sur les mesures et les travaux destinés à améliorer la température dans les bureaux sera mis en place, tandis que les contrôles de l'inspection du travail seront intensifiés dans les secteurs les plus vulnérables aux risques liés à la chaleur.

Enfin un recensement des événements culturels et sportifs, eux aussi soumis aux aléas climatiques, sera effectué dans chaque département afin de les inciter à adapter leur organisation en cas de canicule. En cas de risques élevés, les préfets pourront être amenés à les reporter ou à les annuler.

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Anticiper le scénario catastrophe

L'annonce de ces mesures intervient alors que le gouvernement a lancé fin mai une consultation publique jusqu'à la fin de l'été pour définir la trajectoire de réchauffement de référence pour l'adaptation de la France (TRACC). Il compte se baser là-dessus pour élaborer son prochain plan d'adaptation français au changement climatique (PNACC), attendu pour la fin de l'année, en parallèle des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les deux premières versions de ce plan, datant de 2011 et 2018, ne prenaient en compte que l'hypothèse des objectifs de l'accord de Paris, visant à limiter le réchauffement de la planète en dessous de 2°C et de préférence à 1,5°C par rapport à la période pré-industrielle, soit une hausse de maximum +3°C pour la France. Mais cela est-il réaliste, alors que la France en est déjà à 1,7°C ? Le gouvernement veut désormais prévoir un « scénario plus pessimiste » correspondant « à la tendance probable en l'absence de mesures additionnelles », dans lequel le réchauffement mondial serait de 3°C, et donc de 4°C en France métropolitaine.

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Dans ce scénario, les canicules pourraient durer jusqu'à deux mois et certaines zones particulièrement exposées (arc méditerranéen, couloir rhodanien, vallée de la Garonne) pourraient connaître jusqu'à 90 nuits tropicales par an. Le gouvernement s'attend à des pluies extrêmes plus intenses, notamment sur une large moitié nord, et des épisodes de sécheresse de plus d'un mois l'été dans le sud et l'ouest. Les pénuries d'eau se multiplieront avec de « fortes tensions sur l'agriculture et la forêt » et la « quasi-totalité des glaciers français auront disparu ».

2,3 milliards d'euros supplémentaires nécessaires

Face à cela, le gouvernement français propose trois chantiers, en plus des mesures déjà effectives telles que le plan Eau ou le Fonds vert. Le premier visera à mettre à jour les différents référentiels (Drias, Drias Eau, Climadiag) sur lesquels s'appuient les autorités pour anticiper les effets du réchauffement. Le deuxième sera un plan d'accompagnement des collectivités locales tandis que le troisième lancera des études de vulnérabilité pour adapter l'activité économique.

« Les mesures d'adaptation à mettre en place dès aujourd'hui, quelle que soit la trajectoire d'adaptation fixée, représentent au minimum 2,3 milliards d'euros additionnels par an », prévient déjà le gouvernement.

Pour financer cette transition écologique, la hausse des impôts sera nécessaire selon France Stratégie. L'exécutif a pour le moment opté pour une coupe dans les dépenses publiques, en demandant à tous ses ministères de réduire les leurs à hauteur de 5% pour 2024. Ce qui permettrait de dégager 7 milliards d'euros, dont « au moins une partie » sera fléchée vers la transition écologique.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 09/06/2023 à 9:00
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Je doute que ces mesurettes fassent baisser la température, par contre elles vont nous coûter un "pognon de dingue"

à écrit le 08/06/2023 à 16:07
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Ben on va compter sur les orages plutôt ! ^^

à écrit le 08/06/2023 à 11:32
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Peut on encore leur faire confiance ? Car il ne s'agit pour eux que d'un aspect comptable et vous sortirons des chiffres comme excuse !

à écrit le 08/06/2023 à 11:32
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Surtout, ça ne coûte pas grand chose et sûrement moins que de tout climatiser.

le 08/06/2023 à 13:47
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"tout climatiser" = rejeter la chaleur interne dehors ? Arggg. :-) Habitons dans des grottes humides, naturellement fraîches, avec prise internet pour télétravailler. :-) La clim est un pis-aller, surtout que le rendement n'est pas de 100% = vous é...

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