Carburants : l'exécutif presse les distributeurs de réduire leurs marges en vendant à prix coûtant

La Première ministre accueille distributeurs, raffineurs, et fédérations professionnelles à Matignon, en fin d'après-midi, ce mardi. L'exécutif espère ainsi obtenir des distributeurs de carburants qu'ils vendent à prix coûtant, ayant renoncé à la vente à perte.
L'idée de vente des carburants à perte n'aura vécu qu'une semaine après son annonce par la Première ministre.
L'idée de vente des carburants à perte n'aura vécu qu'une semaine après son annonce par la Première ministre. (Crédits : ERIC GAILLARD)

À défaut de les convaincre de vendre à perte, le gouvernement va essayer d'obtenir des distributeurs de carburants qu'ils les vendent « à prix coûtant » pour alléger la facture des Français à la pompe, lors d'une réunion ce mardi 26 septembre à Matignon, même si l'effet d'une telle mesure devrait être très limité.

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Désireuse de continuer à leur mettre la pression, Elisabeth Borne a menacé devant la majorité à l'Assemblée nationale de « légiférer » en la matière, sans donner plus de détails. La Première ministre accueille ainsi distributeurs, raffineurs, et fédérations professionnelles à 17h30 pour « veiller à la modération des marges » et « demander de multiplier les opérations prix coûtant, sans exclure de légiférer le cas échéant ». « Chacun doit prendre sa part », a-t-elle insisté.

 E.Leclerc proposera de l'essence à prix coûtant

Les centres E.Leclerc commercialiseront du carburant « à prix coûtant » à partir de samedi, a d'ores et déjà annoncé mardi Michel-Edouard Leclerc sur le réseau X (ex-Twitter) à quelques heures d'une réunion.

« C'est une réponse positive à l'appel du président enjoignant chaque acteur de la filière à proposer des rabais ou des prix plus bas », a écrit le président du comité stratégique de Leclerc, ajoutant que l'initiative, « construite pour durer, devra être réévaluée ou adaptée pour tenir compte des conditions d'approvisionnement et de l'implication attendue des pétroliers ».

L'idée de vente des carburants à perte n'aura donc vécu qu'une semaine après son annonce par la Première ministre, accueillie avec réticence jusqu'au sein de la majorité. Soucieux de faire oublier au plus vite ce revers, le gouvernement espère un résultat rapide. « Si on trouve un calendrier, des volumes » lors de cette réunion à Matignon, « c'est positif », juge un conseiller ministériel. Mais « monter le ton » auprès de la grande distribution, réputée coriace dans les négociations, « est d'autant plus efficace que c'est crédible », prévient un autre conseiller.

« Ça ne peut pas être du prix coûtant permanent »

Pourtant, de l'aveu même des acteurs du secteur, l'impact de la vente à prix coûtant risque d'être « assez marginal ». Et pour cause, elle est déjà pratiquée par les enseignes. En outre, la grande distribution vend les carburants avec des marges de « quelques centimes » seulement, loin d'annuler la hausse des derniers mois, rappelle Patrice Geoffron, professeur à l'université Paris-Dauphine et directeur de l'équipe énergie-climat.

Évoquant des « marges faibles, 2 centimes en moyenne au litre », le patron de Système U, Dominique Schelcher, a confirmé sur BFMTV-RMC qu'il procéderait par « opérations ». « Ça ne peut pas être du prix coûtant permanent ».

Cette réunion, au lendemain d'un Conseil de planification écologique, illustre une nouvelle fois la difficulté de l'exécutif à concilier réduction des émissions polluantes et préservation du pouvoir d'achat grevé par la flambée des prix des carburants fossiles. Sur le pouvoir d'achat, « l'écologie est la réponse », a répondu Emmanuel Macron dimanche. Tout en affirmant : « La bagnole, (...) moi je l'adore ».

Une indemnité carburant

Lundi, il a défendu une écologie « souveraine », « compétitive » et « juste », promettant également de « reprendre le contrôle » du prix de l'électricité face aux oppositions qui l'accusent de laisser la facture exploser. Au-delà de la vente à prix coûtant, Emmanuel Macron a annoncé la reconduction en 2024 de « l'indemnité carburant travailleur », non sans revenir sur quelques promesses.

La mesure devrait coûter environ 500 millions d'euros, alors que le gouvernement présente mercredi un budget d'économies visant à désendetter le pays. Cette aide n'a pas convaincu les oppositions, qui dénoncent une « politique du chèque » et réclament en chœur des baisses de taxes.

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« Le président de la République a dit "personne ne doit faire de marge". Alors l'État non plus », a raillé sur LCI le président Les Républicains de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand. « C'est l'État, pas le prix du baril qui est responsable », s'est agacé le député RN Julien Odoul sur franceinfo. Le député Renaissance (ex-LR) Éric Woerth a concédé sur Europe 1 que la majorité « cherchait des idées qui n'impactent pas les finances publiques ». « Nous continuerons à tout faire pour protéger le pouvoir d'achat », a assuré Elisabeth Borne.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 26/09/2023 à 20:52
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je suggere que l'etat profiteur de guerre avec ses 70% de taxes vende a taxe coutante l'essence, ca fera baisser les prix de 70%.........mais non!!!!!!! c'est pas possible, l'etat stratege socialiste a besoin d'argent pour financer toutes ses gabegie...

à écrit le 26/09/2023 à 18:49
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Le gouvernement (et non l'Etat) pourrait pratiquer le prix coûtant (et qui lui coûterait cher mais il faut souffrir pour être bon): bloquer le montant des taxes perçues au litre au montant qu'il percevait à la date des sanctions contre la Russie. Qui...

à écrit le 26/09/2023 à 16:54
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vendre à prix coûtant n est pas vendre à perte. ! uniquement pour sauver la face. du politique et ses annonces ,il est besoin que le peuple ignore beaucoup de choses vraies et en croie beaucoup de fausses ! mépriser les pauvres

à écrit le 26/09/2023 à 15:15
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Je m'étonne du peu de réactions des journalistes. Quel culot monstre!!! Je rappelle que sur chaque litre vendu, l'état "prélève pour notre bien" 65%!!!! Si quelqu'un doit faire des efforts, c'est l'état. Supprimer la TVA à 20%, voilà une mesure juste...

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