
Sortir du couac autour de la vente à perte des carburants, rejetée par l'ensemble des distributeurs, montrer aux Français que le gouvernement agit alors que les tarifs des à la pompe se tutoient ou dépassent les 2 euros... Tel était l'objectif, entre autres, de la prise de parole d'Emmanuel Macron ce dimanche soir au JT de 20 heures. Renonçant à la demande de vendre à perte, le chef de l'Etat a indiqué que le gouvernement allait demander aux distributeurs de vendre à prix coûtant (sans marges). Il a aussi annoncé une indemnité carburant de « 100 euros par an et par voiture » pour les plus modestes.
Aide ciblée pour ceux qui travaillent
L'indemnité 100 euros s'inspire directement de l'indemnité carburant que le gouvernement a distribuée au premier semestre 2023. Elle vise les contribuables des cinq premiers déciles, qui ont besoin de leur voiture pour travailler. Le gouvernement vise par exemple l'infirmière libérale ou l'artisan qui utilisent leurs véhicules pour leur tournée, et qui ont du mal à boucler leur budget tant la flambée des carburants les pénalise. De fait, ce geste financier exclurait les retraités.
Fidèle à son logiciel qui veut mettre en avant le travail, le gouvernement tient à privilégier les actifs et ne souhaite pas aider ceux qui utilisent leur véhicule pour partir en week-end... Selon nos informations, il devrait également exclure les bénéficiaires des minima sociaux. Ce coup de pouce n'a d'intérêt que parce qu'il est très ciblé, fait valoir une source proche du gouvernement.
Plus de 4 millions de ménages bénéficiaires
L'an dernier, le gouvernement avait adopté le même dispositif et distribué cette indemnité à plus de 4,3 millions foyers, qui en avaient fait la demande sur le site du ministère des Finances. Selon Bercy, ce geste avait, dans certaines zones rurales, aidé près de 90 % des ménages modestes contre moins de 10 % de Parisiens. Le gouvernement a fait les calculs : cette indemnité revient, pour un kilométrage moyen, grosso modo à une déduction de 20 centimes d'euros pendant 6 mois. Le processus devrait être le même que l'an dernier. Les contribuables concernés devront en faire la demande, et être en mesure de justifier la possession d'un véhicule.
Une indemnité bien moins coûteuse qu'une ristourne à l'aveugle
Une partie de la droite, comme Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France, demande une ristourne à la pompe, comme fin 2022. Le gouvernement avait appliqué entre 30 et 10 centimes d'euros sur le litre de carburants.
Mais cette année, pas question de reprendre cette solution, selon Bercy. « La mesure est bien trop coûteuse : autour de 10 milliards d'euros, et surtout elle aide à l'aveugle, à même hauteur, l'automobiliste modeste, comme le milliardaire qui roule en SUV pour partir en week-end à Deauville, » explique, non sans grossir le trait, un membre du gouvernement.
Se sachant très surveillé par les agences de notation, le ministère des Finances publiques tient à montrer qu'il est soucieux de réduire le déficit dans son prochain budget.
Aussi, l'indemnité de 100 euros pour les travailleurs devrait coûter autour de 500 millions d'euros à l'Etat. Elle devrait être inscrite dans le budget 2024 que présentera Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie mercredi prochain.
Les automobilistes concernés pourraient alors en bénéficier en début d'année prochaine.