Consommation : l'inflation continue de peser sur les dépenses alimentaires des Français

Les dépenses dans l'alimentaire ont enregistré un nouveau repli en juillet (-0,9%) après avoir pourtant gagné +2,5% en juin. Une baisse qui coïncide avec le niveau toujours élevé de l'inflation des produits alimentaires (+12,7%) en juillet sur un an, bien qu'en baisse par rapport à juin.
Les dépenses alimentaires enregistrent un repli en juillet (-0,9%), après une nette hausse en juin (+2,5%).
Les dépenses alimentaires enregistrent un repli en juillet (-0,9%), après une nette hausse en juin (+2,5%). (Crédits : Reuters)

Alors que les prix de l'alimentaire se maintiennent à un niveau élevé, les produits, eux, sont, sans surprise, boudés par les consommateurs. Les dépenses dans l'alimentaire ont ainsi enregistré un nouveau repli en juillet (-0,9%) après avoir pourtant gagné +2,5% en juin. Surtout, elles « se contractent fortement » sur un an (-7,9% entre juillet 2022 et juillet 2023), selon les derniers chiffres de l'Insee publiés ce jeudi 31 août.

Sur un mois, elles sont tirées vers le bas par la baisse des achats de produits agroalimentaires. La consommation de produits agricoles se replie également après avoir augmenté tout au long du deuxième trimestre 2023.

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Carrefour alerte sur « un tsunami de déconsommation »

En cause, une inflation qui ne cesse de peser sur le panier des ménages français : les prix des produits alimentaires étaient ainsi en hausse de 12,7% en juillet sur un an, selon l'Insee. Un chiffre en baisse par rapport à juin (+13,7%), mais qui demeure élevé.

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De quoi provoquer « un tsunami de déconsommation », a alerté Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour, mardi dernier. « Quand l'essentiel n'est plus accessible, il faut agir vite », a-t-il appelé, pointant du doigt les industriels qui cherchent, selon lui, à « gagner du temps » en refusant de renégocier malgré le repli des cours des matières premières.

« Les baisses de cours, elles ont commencé maintenant pour certaines, il y a 9 mois. Les industriels ont décidé, c'est leur choix, de ne pas répercuter les baisses », a-t-il estimé.

Chaque année, les supermarchés et leurs fournisseurs de l'agro-industrie négocient de décembre jusqu'au 1er mars les conditions de vente d'une large partie des produits vendus tout le reste de l'année en grandes surfaces. Lors du dernier épisode conclu en mars dernier, le prix moyen payé par les supermarchés aux industriels s'est apprécié de 9%. Mais le prix d'un certain nombre de matières premières a décru depuis.

« Renégocier le plus vite possible »

Si le gouvernement a appelé les différentes parties à se remettre autour de la table des négociations, « sur 75 multinationales, une dizaine seulement avait répondu » à cet appel, a estimé mercredi dans un message à l'AFP le directeur exécutif achat et marketing de Lidl France, Michel Biero.

Reçus à Bercy mercredi, les distributeurs ont donc, une nouvelle fois « demandé à pouvoir renégocier vraiment et le plus vite possible » pour répercuter dans les rayons des supermarchés la baisse des coûts de production de nombreuses denrées, a rapporté le délégué général de la fédération patronale de la grande distribution (FCD), Jacques Creyssel, à l'issue de la réunion avec le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et la ministre déléguée notamment au Commerce Olivia Grégoire.

Et selon lui, « l'enjeu est de faire en sorte que les grands industriels, notamment étrangers, veuillent bien enclencher les renégociations pour ne pas attendre mars prochain », expliquant que : « cela peut passer par la loi ou par un accord avec un engagement de la part des industriels, comme notre secteur l'avait fait l'an dernier » quand les coûts de production étaient cette fois orientés très à la hausse.

Ils ont finalement obtenu gain de cause. Ce jeudi, Bruno Le Maire a annoncé la réouverture des négociations commerciales dès septembre, espérant obtenir « des baisses de tarifs dès le mois de janvier 2024 ».

« Un moratoire » sur l'encadrement des promotions

Autre requête du patron de Carrefour : « un moratoire » sur l'application de la loi Descrozaille, qui encadre les promotions de certains produits et doit entrer en vigueur en mars 2024.

« Je vais lui demander un moratoire d'un an sur l'application de la loi Descrozaille » votée en mars dernier et « qui conduit (les distributeurs) à devoir limiter les promotions dans la droguerie, pour les produits de soins et d'hygiène à 34% », avait-il développé au micro de France info, mardi.

« Aujourd'hui, je peux vendre une lessive à 50 ou 60% de promotion », mais dès l'application de cette « mauvaise loi » comme il la qualifie, Carrefour comme les autres distributeurs seront « obligé(s) de se limiter à 34% », regrette Alexandre Bompard qui a dénoncé le fait que les consommateurs, frappés par l'inflation, se privent de produits « essentiels » tels que « les protections féminines, les couches, le dentifrice » qui accusent des baisses de vente « à deux chiffres ».

La consommation en hausse

Malgré une consommation dans l'alimentaire en berne, la consommation des ménages français, dans l'ensemble, est, elle, en hausse par rapport à juillet. Elle a ainsi progressé de +0,3%, un rythme toutefois moins important par rapport au mois de juin (+0,9%), selon l'Insee.

Sur les trois derniers mois pris en compte par l'institut (mai, juin, juillet), la consommation augmente de +0,6% par rapport aux trois mois précédents (février, mars, avril). Mais comparé à juillet 2022, elle est en revanche en baisse de -1,1%. Cette nouvelle hausse de la consommation est portée par l'augmentation de biens fabriqués (+1,6% après -0,2% en juin), qui est elle-même « entraînée par le fort rebond des achats de biens durables » (+3% après -0,8% en juin), note l'Insee.

Dans ce secteur, les dépenses en biens d'équipements du logement affichent une forte croissance (+6,8% après -0,7%). Elles sont tirées par les produits électroniques et les ordinateurs, mais aussi les meubles et appareils électroménagers. Les dépenses en matériels de transport augmentent aussi (+1,5% après -1,2%), sous l'effet de la hausse des achats de voitures neuves. Les dépenses en habillement sont quant à elles quasi-stables.

La consommation d'énergie, enfin, diminue légèrement (-0,2% après +0,7% en juin - données révisées) sous l'effet du recul des achats de fioul et gasoil. La consommation d'électricité et de gaz augmente.

 La consommation de tabac est par contre « en légère hausse ».

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 01/09/2023 à 9:25
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Les prix n'arrêtent pas de monter malgré les bavardages incessants de nos dirigeants.

à écrit le 31/08/2023 à 19:06
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Les données de l’Insee ont montré une baisse de 17 % de la consommation alimentaire en France, vous croyez que le phénomène va s'inverser en 1mois? Un peu de sérieux svp.

à écrit le 31/08/2023 à 15:47
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Ma génération, celle de la dernière guerre, a connu l'inflation; et c'était autre chose; finalement, l'inflation c'est comme la langue: la meilleure et la pire des choses; elle est dure pour l'alimentaire mais une chance pour les emprunteurs (à taux ...

le 31/08/2023 à 23:40
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Ah vous êtes la génération gaspillage qui a endetté le pays pendant 50 ans ? Bravo on va vous envoyer l addition et baisser votre retraite . Vu que c’ est nous les générations suivantes qui ne partiront pas à la retraite à 60 comme vous avec le mêm...

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