Elisabeth Borne dégaine son douzième 49.3, le premier de la saison parlementaire

Six mois après celui sur la réforme des retraites, Elisabeth Borne a dégainé un nouveau 49.3 mercredi, sur un texte de programmation des finances publiques, premier recours d'une longue liste attendue à l'Assemblée cet automne. La loi de programmation des finances publiques prévoit notamment un déficit public à 2,7% du produit intérieur brut (PIB) en 2027 pour le ramener dans les clous des exigences budgétaires de l'Union européenne.
Elisabeth Borne avait évoqué à plusieurs reprises la possibilité d'utiliser le 49.3 pour faire passer le budget.
Elisabeth Borne avait évoqué à plusieurs reprises la possibilité d'utiliser le 49.3 pour faire passer le budget. (Crédits : Reuters)

Article publié jeudi 28 septembre à 00h10, mis à jour à 6h25

Et voici le premier 49.3 de la saison parlementaire, le douzième pour Elisabeth Borne. En utilisant à nouveau cette arme constitutionnelle, la cheffe du gouvernement à  engagé mercredi devant l'Assemblée nationale la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de programmation des finances publiques.

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« Aucun groupe n'est prêt à voter ce texte essentiel à notre pays. Ce texte a déjà été rejeté en première lecture. Nous avons besoin de cette loi de programmation de nos finances publiques. Nous ne pouvons pas prendre le moindre risque », s'est justifiée la Première ministre, qui a parlé d'un texte de « responsabilité », peu avant minuit, après des débats démarrés à 21h30.

Cet article, régulièrement brocardé par les oppositions de quinquennat en quinquennat qui estime qu'il permet de prendre « en otage » les parlementaires, permet d'adopter un texte sans vote. A moins qu'une motion de censure vienne en retour faire tomber le gouvernement, sachant qu'il ne dispose que d'une majorité relative. La gauche a d'ailleurs aussitôt annoncé qu'elle allait déposer une motion de censure. La plupart des députés d'opposition, à gauche et à droite, avaient prévu de voter contre ce texte. Le Rassemblement national (RN) avait lui laissé planer la possibilité d'une abstention.

Le Haut conseil des finances publiques étrille les prévisions budgétaires

Rejeté par l'Assemblée il y a un an, le texte de programmation des finances publiques prévoit notamment de ramener le déficit public de 4,8% du produit intérieur brut (PIB) en 2022 à 2,7% en 2027, soit en-dessous de l'objectif européen de 3%, dans un contexte où la charge de la dette explose. Dans ce scénario, la dette publique diminuerait d'un peu moins de quatre points par rapport à aujourd'hui à 108,1% du PIB, encore bien au-dessus de la limite européenne de 60%. Une trajectoire « peu ambitieuse » et basée sur des hypothèses de croissance « optimistes », s'est de nouveau agacé le Haut conseil des finances publiques (HCFP) lundi.

L'exécutif tient absolument au texte, arguant que son rejet menacerait le versement par Bruxelles à la France de 17,8 milliards d'euros sur la période 2023-2024. L'argument ne convainc pas les oppositions, qui ont déjà affiché leur opposition au projet de loi. « Cela reste une hypothèse, je ne la nie pas, mais ce n'est en aucun cas une certitude telle qu'elle est présentée », a pointé le président de la commission des Finances Eric Coquerel (LFI) avant l'adoption du texte en commission.

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Le patron des LR à l'Assemblée Olivier Marleix a lui aussi fermé la porte à tout soutien au texte : « il ne faut pas qu'ils comptent sur nous pour cogérer aujourd'hui la situation calamiteuse dans laquelle se trouve le pays ». Le Rassemblement national a lui choisi de s'abstenir et n'a pas exclu de répéter ce geste dans l'hémicycle. « Nous ne croyons pas à la crédibilité de votre loi de programmation », a affirmé le RN Jean-Philippe Tanguy. Mais il a aussi annoncé que le « RN fera un choix de conscience et de responsabilité » sur la question des milliards potentiellement menacés, suscitant les critiques de la gauche.

Le texte étant examiné en session extraordinaire, le gouvernement disposera toujours d'une cartouche de 49.3 pour la session ordinaire qui doit démarrer lundi prochain. Le gouvernement ne peut en effet dégainer le 49.3 que sur un seul texte par session ordinaire, hors budgets de l'Etat et budget de la sécurité sociale, sur lesquels il peut engager sa responsabilité autant de fois qu'il le souhaite. Sur ces deux textes présentés mercredi en conseil des ministres et qui seront examinés à partir d'octobre à l'Assemblée nationale puis au Sénat, le gouvernement pourrait donc devoir recourir à l'article 49.3 pour les faire adopter.

Commentaires 20
à écrit le 28/09/2023 à 17:58
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Le 49.3 c'est le LBD de l'executif vis à vis du parlement...

à écrit le 28/09/2023 à 16:10
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Encore un 49.3 ?

à écrit le 28/09/2023 à 15:21
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Borne devait rêver de devenir importante et une femme politique éblouissante . Elle n'est qu'une secrétaire malmenée, mal aimée et sacrifiée tout juste bonne à porter des dossiers d'un point A à un point B et faire semblant que cela vient d'elle . ...

à écrit le 28/09/2023 à 13:25
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Une astuce pour donner un coup de main au secteur associatif. Le gouvernement veut augmenter de quelque 20 millions d’euros le financement des petites associations « locales, du quotidien », « sans alourdir la dette de l’État », en puisant plus large...

à écrit le 28/09/2023 à 10:43
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La BCE devrait exiger une baisse plus rapide des dépenses courantes sous peine de vendre toute la dette du pays qu'elle détient. Continuer à vivre avec des déficits supérieurs à ceux des autres pays tous les ans quel que soit la phase du cycle économ...

à écrit le 28/09/2023 à 10:40
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Avant tout, - je suis un Libéral! - car le libéralisme était cette doctrine issue de la philosophie des Lumières, à la fois politique et économique, qui visait à imposer à l’Etat la distance nécessaire au respect des libertés et à l’avènement des éma...

le 28/09/2023 à 11:22
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La possibilité pour les états de s'endetter et de monétiser la dette qui est revenue avec le QE(qui a contourné par des opérations massives sur le marche secondaire l'interdiction établie dans les années 80 pour les banques centrales d'acheter la det...

à écrit le 28/09/2023 à 10:35
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Tout le monde sait que la loi en question n'a que peu d'importance puisqu'il s'agit d'un voeux susceptible de variations conjoncturelles. Quel est l'intérêt de sortir le canon de marine pour si peu et quel est l'intérêt de l'opposition de se braquer...

à écrit le 28/09/2023 à 10:26
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La république serait un mode d'organisation d'un pays dans lequel le pouvoir est exercé par des représentants de la population, généralement élus - en vue de poursuivre des objectifs qui tendent vers l'Intérêt général et le bien commun - et où le che...

à écrit le 28/09/2023 à 9:56
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La maltraitante en chef finalement applique ce haut niveau de cynisme lorsque l'on sait ce que ça va produire ! elle administre l'inconnu d'un modèle capitalistique qui n'a plus rien de rationnel, mais qui pour le coup de l'abstention du rn, en dit ...

à écrit le 28/09/2023 à 9:40
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Un pays déchiré entre 1. les partisans d’une préservation du futur, -contrôler tout le même le niveau de la dette car n’en déplaise aux partisans du quoi qu’il en coute, les exemples sont nombreux de pays dont les populations ont payé très cher leurs...

à écrit le 28/09/2023 à 9:28
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J'ai vu Corbiere invité ce matin à la TV qui évoquait suite à ce nouveau 49.3 du gouvernement un déni de démocratie.On peut rappeler qu'en 2022 pratiquement toute les oppositions ont appeler à voter Macron au deuxième tour pour sauver la ...démocrati...

à écrit le 28/09/2023 à 9:25
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La clique décide de maniere péremptoire ! les moutons ne se feront pas duper aux prochaines élections ! l état du pays est bien le reflet il suffit de parcourir le J D D

le 28/09/2023 à 15:21
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Pas sur les moutons de citoyens français aiment se plaindre mais refuse de se déplacer et voter "contre"...

à écrit le 28/09/2023 à 9:01
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49.3 pour la France et Ukase en Russie. La France ce vieux pays des lumières (plutôt une bougie) oublie que s'il ne possède pas de majorité il peut dissoudre l'Assemblée Nationale et aux urnes citoyens.

à écrit le 28/09/2023 à 8:55
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va t on enfin voter cette censure ou attendre que la FRANCE face comme la GRECE ,

à écrit le 28/09/2023 à 8:31
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Allons nous enfin savoir, une fois pour toute, s'il existe une opposition ou encore une collaboration ? ,-)

à écrit le 28/09/2023 à 7:07
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Il y a certes des investissements (ex. subventions à la construction d´usines), une augmentation des fonctions régaliennes plus que justifiées (ex. pourquoi le gouvernement ne met pas en avant la construction de nouvelles prisons ?), mais surtout une...

le 28/09/2023 à 8:45
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"ex. pourquoi le gouvernement ne met pas en avant la construction de nouvelles prisons ?" Parce que c'est rétrograde comme investissement peut-être non ? lol !

à écrit le 28/09/2023 à 3:39
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Et c'est répartie pour une non démocratie. Espérons que ce gouvernement saute enfin...

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