Emploi des seniors : négociations de la dernière chance avant la nouvelle réforme de l'assurance chômage

Patronat et syndicats se réunissent ce lundi pour une ultime chance d'aboutir à un accord sur la « vie au travail » et l'emploi des seniors, discussions serrées dont le gouvernement attend l'issue pour lancer sa nouvelle réforme de l'assurance chômage.
A ce stade, le texte crée un « contrat de valorisation de l'expérience » pour faciliter l'embauche des chômeurs âgés (Photo d'illustration).
A ce stade, le texte crée un « contrat de valorisation de l'expérience » pour faciliter l'embauche des chômeurs âgés (Photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

La journée promet d'être longue pour les partenaires sociaux. Syndicats et patronat négocient depuis fin décembre un « pacte de la vie au travail » comprenant notamment la question de l'emploi des seniors, des aménagements de fin de carrière, de l'usure au travail et des reconversions professionnelles. Le patronat a soumis cette semaine aux organisations syndicales une deuxième version du projet d'accord qui servira de base aux négociations, qui pourraient se prolonger tard dans la nuit de lundi à mardi.

L'issue de la dernière réunion, qui se tient ce lundi, reste très incertaine. Le projet patronal n'a en effet été que légèrement amendé par rapport à la version précédente. Il prévoit notamment des mesures concernant la reconversion et des entretiens professionnels tout au long de la carrière.

A ce stade, le texte crée un « contrat de valorisation de l'expérience » pour faciliter l'embauche des chômeurs âgés. Initialement baptisé « CDI seniors », il peut être rompu par l'employeur dès que le salarié peut partir à la retraite à taux plein, une ligne rouge pour les syndicats.

Retraite : le patronat réclame de la « visibilité »

Avant 60 ans, tous les salariés se verront proposer la transmission à l'employeur de la date à laquelle ils auront atteint ce taux plein, les organisations patronales mettant en avant leur besoin de « visibilité ». Le dialogue social sur l'emploi et les conditions de travail des seniors sera obligatoire dans les entreprises à partir de 300 salariés. Le patronat avait initialement fixé le seuil à plus de 1.000.

« On n'y est pas du tout », a réagi dans un entretien au Monde la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, qui ne voit dans le projet patronal « aucune mesure qui tire les conséquences de la réforme des retraites ».

« La CFDT attend que le patronat bouge vraiment afin que le passage (de la retraite) à 64 ans ne dégrade pas plus les conditions de travail », a déclaré de son côté à l'AFP le négociateur de la CFDT Yvan Ricordeau. Avec ce texte, « le salarié aura moins de droits qu'il en a actuellement », a estimé son homologue de la CFTC, Eric Courpotin. Le projet donne « plus de lisibilité pour l'entreprise et moins de droits pour les salariés », commente également son homologue de la CFE-CGC Jean-François Foucard.

Par ailleurs, le Compte épargne temps universel (Cetu), promu par la CFDT mais rejeté par le Medef et la CPME, est absent du texte patronal. Il pourrait toutefois faire l'objet d'une négociation séparée à l'initiative de l'Union des entreprises de proximité (U2P), la troisième organisation patronale qui représente artisans, professions libérales et commerçants. Pour l'U2P, le Cetu peut améliorer l'attractivité des très petites entreprises.

Lire aussiEmploi des seniors : le compte épargne temps universel (Cetu) écarté de la négociation de la dernière chance

 Après la négociation, les syndicats signataires de la convention d'assurance chômage de novembre dernier (CFDT, FO et CFTC) et les trois organisations patronales doivent signer « avant le 15 avril » un avenant sur l'indemnisation des seniors. Il s'agit de relever de deux ans les limites d'âge pour bénéficier d'une indemnisation plus longue, ouvrant la voie à la validation de l'accord paritaire par le gouvernement.

L'indemnisation des seniors se heurte à la réforme de l'assurance chômage

Mais cette convention devrait être vite obsolète. Gabriel Attal a d'ores et déjà annoncé une nouvelle réforme de l'assurance chômage « en 2024 », malgré l'hostilité d'une partie de sa majorité. Le Premier ministre souhaite un modèle social français plus « incitatif » au retour à l'emploi en durcissant encore les conditions d'indemnisation des chômeurs, s'attirant les foudres des syndicats. Pour le premier d'entre eux, la CFDT, l'assurance chômage ne peut pas être « une variable d'ajustement budgétaire ».

Il est « probable qu'une nouvelle lettre de cadrage soit envoyée » aux partenaires sociaux afin de négocier une nouvelle convention, a confirmé mercredi la ministre du Travail Catherine Vautrin lors d'un débat à l'Assemblée nationale. Car, a-t-elle expliqué, « nous ne sommes plus du tout dans la situation de l'automne 2023 », avec désormais moins de croissance et un déficit public plus élevé que prévu

Le chef de file des députés Renaissance Sylvain Maillard a promu dimanche sur franceinfo une réforme pour « s'aligner sur la moyenne européenne », citant le cas allemand, « par exemple sur des droits rechargeables ».  Sur les 24 derniers mois, il faudrait « au moins avoir travaillé 12 mois pour bénéficier de l'assurance chômage. Il n'y a rien de scandaleux », a-t-il dit. Le député Mathieu Lefèvre, tenant de l'aile droite de la majorité, a défendu lui aussi la « nécessité » de modifier de nouveau les conditions de l'assurance chômage car « 340.000 emplois sont non pourvus ».

Il faudra sans doute d'autres arguments pour pouvoir convaincre l'aile gauche de la majorité présidentielle. Elle multiplie les mises en garde contre le projet du gouvernement de réduire la durée d'indemnisation des chômeurs, estimant, à l'image du président de la commission des Lois de l'Assemblée Sacha Houlié, « que ce n'est pas la bonne voie ».

Avec l'espoir de la rassurer, Gabriel Attal a promis mardi dernier des propositions « d'ici juin » pour taxer les « rentes ». Le chef du gouvernement avait déjà entrouvert la porte la semaine dernière à cette idée de taxation. Le 27 mars dernier, il avait affirmé ne « jamais (avoir) eu de dogme sur le sujet » des superprofits, mais en refusant de toucher à deux « lignes rouges » : les classes moyennes et les entreprises. Il s'agit de différencier « la richesse qui crée de l'emploi » et celle « qui stagne », explique un conseiller de l'exécutif. La taxation s'appliquerait dès le budget 2024 -ce qui supposerait une loi rectifiant ce budget (PLFR)- et ne serait pas limitée aux énergéticiens. Elle pourrait porter sur les loyers perçus, les revenus boursiers, l'assurance vie ou encore l'impôt sur la fortune immobilière (Ifi).

Cette réforme intervient au moment où l'exécutif cherche partout à faire des économies après le dérapage inédit du déficit à 5,5% en 2023. Gabriel Attal a redit mardi toujours vouloir le ramener à 3% en 2027 et rappelé que le gouvernement donnerait la semaine prochaine « la trajectoire » pour atteindre cet objectif.

Commentaires 14
à écrit le 08/04/2024 à 15:03
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De toutes façons, le mal est fait : si on n’avait pas envoyé en préretraite les vieux de 56 ans ces trente dernières années, on aurait des caisses de retraite bien financées, et qui donc ne ruineraient pas l’Etat comme c’est le cas actuellement, et o...

le 08/04/2024 à 18:57
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@Asimon : l'activité créé l'activité quand elle est industrielle, mais le logiciel de l'industriel français lambda est de compter sur l'Etat ou le social pour pouvoir se débarrasser de ses salariés français tout en les gardant comme clients...

à écrit le 08/04/2024 à 12:27
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On voit bien l’incohérence du MEDEF qui adhère à l’idée qu’il faudra travailler plus longtemps pour financer les retraites d’ex-travailleurs qui vont vivre plus longtemps. Travailler plus longtemps, certes, mais ailleurs ! Car chez nous il n’y a plus...

à écrit le 08/04/2024 à 9:52
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On joue avec les mots et on divise encore les gens . il y aura des stagiaires, des CDD, des CDI, des CDI senior puis des CDI à temps limité , des CDI mission, des CDI de CDD en emploi RAS etc etc Tous ça pour arrivé à plus de confusion dans les c...

à écrit le 08/04/2024 à 8:56
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Pole Emploi avait fait une vaste idée sur les offres d'emploi non pourvues et étaient arrivées à environ 300.000 offres, dont environ 100.000 abandonnées et environ 50.000 étaient toujours en cours. En restaient 150.000, mais de faible qualité et don...

le 08/04/2024 à 23:00
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Ca dépend payer pour aller travailler et avoir des horaires à rallonge loin de chez soit on peut pas accepter ces conditions de travail. Pourtant ils cherchent beaucoup dans les metier de la bouche et dans les commerces ouvert 6j/7 pour certain comme...

à écrit le 08/04/2024 à 8:39
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A la différence des pays germaniques scandinaves la France a une culture de la négociation proche du zéro . Autant dans le privé que dans le public Ca vient vient du haut entre eux sans aucune concertation puis le blabla pour enrober le paquet ..que ...

à écrit le 08/04/2024 à 8:35
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A la différence des pays germaniques scandinaves la France a une culture de la négociation proche du zéro . Autant dans le privé que dans le public Ca vient vient du haut entre eux sans aucune concertation puis le blabla pour enrober le paquet .. eh ...

à écrit le 08/04/2024 à 8:26
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340 0000 offres de travail sont non pourvus? Posez vous les bonnes questions 1/ l’ absence d attractivité de ces postes dans des régions «  chères » salaire , conditions de travail et logement. En idf ou paca un serveur a 1700-1800€ ne peut plus se ...

le 08/04/2024 à 21:08
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Beaucoup d'offres sont annulées en cours de route car il n'est pas rare que 10 offres d'emplois émanent de 10 entreprises répondant au seul et même appel d'offre derrière... Ensuite oui, les offres qui restent sont des offres d'emplois précaires dans...

à écrit le 08/04/2024 à 8:23
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340 0000 offres de réa ail sont non pourvus? Posez vous les bonnes questions 1/ l’ absence d attractivité de ces postes dans des régions «  chères » salaire , conditions de travail et logement. En idf ou paca un serveur a 1700-1800€ ne peut plus se l...

à écrit le 08/04/2024 à 7:32
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Tout ces gens incompétents et compromis qui s'occupent des gens qui travaillent ça fait peur et ça fait mal aussi en même temps. Bien entendu je ne parle pas de la jeune femme sur la photo qui au contraire est certainement elle impliquée dans la quêt...

le 08/04/2024 à 23:02
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Parlez pas de la Macronie comme ça on sait tous qu'ils ne bossent pas mais nous coûtent un pognon de dingue avec pour nous des retraites au rabait avec beaucoup plus d'années à faire, pire pour ceux qui ont commencés plus jeune ils doivent en faire p...

le 09/04/2024 à 10:03
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La macronie aujourd'hui, la sarkozie hier, la lepenie demain.

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