En 2017, le pouvoir d'achat des salariés a marqué le pas

Selon le ministère du Travail, le pouvoir d'achat des salariés a ralenti en 2017 malgré une forte amélioration de la conjoncture économique. L'évolution de l'inflation a compensé en partie la hausse des salaires.
Grégoire Normand
En 2017, le salaire mensuel de base accélère pour chacune des catégories socioprofessionnelles, de façon plus soutenue pour les cadres que pour les autres salariés.

Malgré une réelle amélioration de la conjoncture économique, le pouvoir d'achat des salariés n'a pas connu d'embellie en 2017. Selon des chiffres du ministère du Travail publiés ce lundi 9 juillet, si le salaire mensuel dans les entreprises de 10 salariés a progressé de 1,4% en glissement annuel, après 1,2% en 2016, cette légère accélération s'est accompagnée de gains de pouvoir d'achat plus faibles qu'en 2016 ou 2015. Ce constat intervient alors que l'OCDE a déjà mis en garde la France il y a quelques jours contre une progression des salaires "qui reste limitée depuis fin 2012 fluctuant en moyenne autour de 1% en glissement annuel."

Lire aussi : Salaires : l'OCDE sonne l'alarme

Dans son programme lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s'est engagé à soutenir le pouvoir d'achat des classes moyennes et populaires, et également celui des actifs. "Aujourd'hui, les actifs ne sont pas rémunérés à la hauteur de leurs efforts. Demain, nous ferons moins peser la protection sociale sur le travail pour soutenir leur pouvoir d'achat", avait-il précisé. Si le chef de l'État a pour l'instant privilégié une politique de l'offre en mettant l'accent sur des mesures favorables aux entreprises, la question du pouvoir d'achat pourrait devenir un sujet très sensible dans les mois à venir si les Français ne constatent pas de réelles améliorations. Surtout qu'à l'automne dernier, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a assuré que "le premier budget du quinquennat est un budget de pouvoir d'achat."

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Effet de l'inflation

L'année dernière, le pouvoir d'achat des actifs a marqué le pas en raison notamment de l'indice des prix à la consommation. L'inflation (hors tabac) a augmenté de 1% en 2017 après 0,6% en 2016 et après avoir stagné en 2015. Le salaire mensuel de base a donc progressé mais à un rythme plus lent en 2017 (+0,4%) contre 0,6% en 2016 et 1% en 2015. Dans un entretien accordé à La Tribune en mars dernier, l'économiste de l'OFCE Pierre Madec revenait sur l'impact de l'inflation sur le pouvoir d'achat :

 "Au total, le revenu disponible des ménages s'est accru de 2,4% en 2017 soit un chiffre honorable, inobservé depuis 2010. Pour calculer le pouvoir d'achat du revenu, il convient cependant d'intégrer dans le calcul l'évolution des prix. Il s'avère que le retour de l'inflation a largement entamé l'accroissement du revenu des ménages puisque qu'une fois intégré l'évolution des prix, le pouvoir d'achat des ménages ne s'est accru que de 1,5%."

Les économistes du ministère du Travail ont ainsi noté que la hausse des salaires a été bien plus prononcée au cours du premier trimestre (0,6%) que lors des autres trimestres. Cette évolution est en grande partie liée à la revalorisation du Smic qui est effectuée au premier janvier depuis 2010 et aux revalorisations salariales de branches qui sont souvent programmées en début d'année.

Les juristes et comptables en bonne place

Parmi les les professions étudiées par le ministère du Travail, les secteurs juridique et comptable enregistrent la plus forte croissance de salaire (2,1% après 1,8%). Le salaire mensuel accélère également dans le bâtiment et les travaux publics (+1,5% après +1,3%). "Après une période de modération particulièrement marquée, le nombre d'avenants salariaux signés dans le BTP - déjà en hausse sensible en 2016 -, poursuit sa progression en 2017."

À l'inverse, la progression du salaire mensuel a ralenti dans le secteur de la culture et de la communication (1,2% après 1,3% en 2016) tout comme dans le secteur "du nettoyage, de la manutention, de la récupération et sécurité", en 2017. Au total, les auteurs du document précisent que le pouvoir d'achat des salariés a augmenté dans la totalité des branches regroupées, exceptée celle du "nettoyage, manutention, récupération et sécurité".

Au niveau des catégories socioprofessionnelles, les cadres ont été plus revalorisés que les autres catégories de salariés. Le salaire mensuel des cadres a ainsi été plus dynamique en 2017 qu'en 2016 (1,6% après 1,3%). Cette dynamique est également visible pour les professions intermédiaires (+1,4% après 1,1% en 2016) mais elle est moins marquée pour les ouvriers et les employés (+1,3% après 1,1% en 2016). La situation des cadres s'explique notamment par un marché du travail très dynamique avec des perspectives d'embauche favorables selon les derniers chiffres de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec).

Lire aussi : Les recrutements des cadres devraient bondir en 2018

Pas d'amélioration en vue

La demande, traditionnel moteur de la croissance française, est restée atone au premier trimestre 2018. La hausse de la fiscalité sur le carburant et le tabac, l'augmentation de la CSG pour les retraités ont contribué à ralentir les dépenses de consommation des ménages. Selon la dernière note de l'Insee publiée il y a quelques jours, la consommation ne progresserait que de 1% en moyenne sur l'année à un rythme modéré contre 1,4% en 2017 et 1,8% en 2016.

Les économistes de l'Insee indiquent que le dynamisme des revenus d'activité pourrait soutenir le pouvoir d'achat des Français en 2018 mais cette progression pourrait être compensée par un regain d'inflation. Ainsi, si l'institut de statistiques envisage un rebond du pouvoir d'achat en fin d'année grâce notamment à une réduction de la taxe d'habitation pour les ménages concernés ou les allègements de cotisation, les Français "consommeraient à un rythme modéré, peu affecté par les fluctuations de leur pouvoir d'achat".

Par ailleurs, les dernières projections économiques de l'Insee ou de la Banque de France montrent que la situation ne devrait pas forcément s'améliorer pour le porte-monnaie des Français. En effet, après avoir connu une croissance exceptionnelle de 2,3% en 2017, l'économie tricolore devrait ralentir à 1,7% pour l'institut de statistiques et 1,8% pour l'établissement bancaire.

Lire aussi : La Banque de France abaisse ses prévisions de croissance pour 2018

Grégoire Normand
Commentaires 10
à écrit le 12/07/2018 à 10:31
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Actuellement la défense salariale, les syndicats sont complètement atones ce qui grève la richesse du pays par manque de demande, par effet d'écho les retraites ne bougent plus et la consommation est en berne, c'est pas ça qui va donner de l'emploi. ...

à écrit le 12/07/2018 à 2:20
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Le pouvoir d achat de macron traduit part 000.!! Out leS salariés mais pour les retraitees ? De puis 2013 ?? Riant macron fait les poches des pauvres pour les riches avec macron cest la misère votez macron c est votez la misère

à écrit le 11/07/2018 à 16:23
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on parle d’augmentation de salaire de 40 euros net par mois pour beaucoup de salarier. ça suffit pour faire un changement de rythme de vie ça ? soyez sérieux et arrêtez de parler de 2 % d'augmentation comme si c'était le top et l'accomplissement d'...

à écrit le 11/07/2018 à 14:30
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"Les économistes de l'Insee indiquent que le dynamisme des revenus d'activité pourrait soutenir le pouvoir d'achat des Français en 2018" ils parlent de 1 à 2 % d’augmentation ? ce qui représente, en gros une augmentation de salaire pour un salaire...

à écrit le 11/07/2018 à 11:56
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après la coupe du monde de foot ,du tour de France , des vacances d'été , la rentrée s'annonce moins festive avec des factures d'énergie et eau de plus en plus salées , des impôts en hausse , et les traditionnelles augmentations des prix des biens e...

à écrit le 11/07/2018 à 10:16
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Je lis: Il s'avère que le retour de l'inflation a largement entamé l'accroissement du revenu des ménages puisque qu'une fois intégré l'évolution des prix, le pouvoir d'achat des ménages ne s'est accru que de 1,5%." Il est évident que ceux-ci ne so...

à écrit le 11/07/2018 à 10:02
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Et ça ne fait qu'un an pourtant... Va pas falloir compter sur la croissance française sur ces quatre prochaines années les gars hein !

à écrit le 10/07/2018 à 22:35
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"Marqué le pas" n'est pas le bon terme... Merci de corriger par "diminué"!!!

à écrit le 10/07/2018 à 16:27
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la France est dans les "bons élèves" avec Canada et Allemagne : https://www.bloomberg.com/news/articles/2018-07-04/wage-growth-is-missing-in-action-and-workers-are-not-happy https://www.ft.com/content/2096b33c-810c-11e8-bc55-50daf11b720d ("Eurozon...

le 11/07/2018 à 0:27
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la France est bonne élève en foot aussi ! Forza les Bleus !!!

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