« Quick commerce » : Flink France repris à la « barre du tribunal »

En redressement judiciaire depuis juin, Flink France est reprise par Guillaume Luscan, actuel directeur général, la maison mère allemande et la startup algérienne Yassir. L'offre a été acceptée ce mardi par le tribunal de commerce de Paris. 270 salariés vont conserver leur travail, alors qu'environ 200 postes vont être supprimés.
« Nous, les salariés, sommes inquiets car nous ne savons pas qui va rester dans la boîte et qui ne va pas rester », a expliqué Sorike Kamassokho, représentant des salariés et de la section syndicale CGT.
« Nous, les salariés, sommes inquiets car nous ne savons pas qui va rester dans la boîte et qui ne va pas rester », a expliqué Sorike Kamassokho, représentant des salariés et de la section syndicale CGT. (Crédits : CHRISTIAN MANG)

Le spécialiste de la livraison de courses express à domicile Flink France va pouvoir poursuivre une partie de son activité, permettant à 270 salariés de conserver leur travail, alors qu'environ 200 postes vont être supprimés.

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En redressement judiciaire depuis juin, Flink France est reprise par Guillaume Luscan, actuel directeur général, la maison mère allemande et la startup algérienne Yassir. L'offre a été acceptée ce mardi par le tribunal de commerce de Paris. L'activité continuera sous la marque Flink, notamment grâce à un investissement de plus de 5 millions d'euros de Yassir.

Besoin de refinancement de l'ordre de 5,4 millions d'euros

Le besoin de financement nécessaire au projet pour que l'entreprise atteigne son seuil de rentabilité est de l'ordre de 5,4 millions d'euros, comprenant le prix d'acquisition de Flink France d'environ 500.000 euros. Les repreneurs disent vouloir recentrer l'activité « sur les sites les plus opérationnels », « massifier les volumes » et baisser significativement les coûts fixes.

« Nous, les salariés, sommes inquiets car nous ne savons pas qui va rester dans la boîte et qui ne va pas rester », a expliqué Sorike Kamassokho, représentant des salariés et de la section syndicale CGT. Le syndicaliste estime que « la trentaine de travailleurs sans-papiers » de Flink sont les « grands perdants » dans ce dossier.

14 des 19 sites, qui permettent cette livraison express de courses à domicile, seront conservés à Paris, Lyon, Lille, Marseille, Montpellier, Nice, Bordeaux, Toulouse et Nantes. Seront fermés « en priorité » ceux concernés par les remontrances des riverains et des élus en raison des allers-retours incessants des livreurs, dont quatre magasins à Paris et un en région parisienne.

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En mars dernier, une réglementation très contraignante avait porté un coup d'arrêt aux acteurs survivants spécialisés dans le « quick commerce ». Le gouvernement avait décrété que les « dark stores » - ces locaux où sont stockés les produits à livrer - étaient des entrepôts et non des commerces, ouvrant la voie à une régulation par les mairies de cette activité et à des fermetures si le Plan local d'urbanisme (PLU) interdit ce type d'activité à leur adresse.

« Notre modèle fonctionne à partir du moment où on est proche de nos clients » et, avec la nouvelle réglementation, « ce n'est plus possible », déplorait début juin Guillaume Luscan au moment du placement en redressement judiciaire.

Le turc Getir qui opérait les marques Getir, Frichti et Gorillas avait alors annoncé se retirer du marché français. Getir et Gorillas ont été liquidées, le sort de Frichti se jouera fin septembre.

Le poids de l'inflation

D'autres raisons expliquent la déroute du quick commerce. Au premier chef, l'évolution de la conjoncture macroéconomique. L'inflation oblige les consommateurs à opérer un arbitrage dans leurs dépenses. « L'inflation pousse les consommateurs à rechercher les meilleurs prix et rend le secteur du quick commerce moins attractif en raison des frais de livraison par exemple. Un certain nombre de clients plus attentifs aux prix s'est détourné de ce service », expliquait en juin à La Tribune Rémi Seners, managing director and partner au BCG. Les habitudes de consommation ont également changé. « Aujourd'hui, les consommateurs reviennent à l'expérience, au toucher du produit frais, à l'envie de découvrir de nouveaux produits », faisait valoir de son Gabriel Schillaci, associé en charge du transport logistique pour la France chez Roland Berger. Or cette expérience n'est pas compatible avec le quick commerce actuel, qui propose une sélection réduite de produit et un contact intermédié avec ces derniers. Surtout, le modèle n'est pas rentable.

Un modèle économique à trouver

« Le business model [du quick commerce] se confronte à la réalité. Comment vendre quasiment aux mêmes prix que les grandes surfaces avec une base de coûts plus importante liée aux coûts des entrepôts intra-urbains, la livraison en trace directe et les moindres volumes induisant des capacités de négociations fournisseurs plus faibles ? », indiquait Gabriel Schillaci.

En effet, le quick commerce supporte des coûts nombreux et importants. D'après Frédéric Fessart, expert distribution chez EY-Parthenon, les « coûts d'acquisition et de livraison du client sont très élevés par rapport au panier et plombent donc la rentabilité ». Ils prennent notamment la forme d'offres promotionnelles (par exemple, « 10 euros offerts sur votre première commande »), qui visent à attirer ou à fidéliser les utilisateurs, et dont le coût est supporté par les plateformes de quick commerce. Il faut aussi payer le loyer des dark stores, souvent situés dans les centres-villes, dans des quartiers où le prix au mètre carré est très élevé. Ainsi que rémunérer les livreurs et entretenir les véhicules qui servent aux livraisons. Flink, par exemple, fournit des vélos électriques à ses employés.

Selon Frédéric Fessart, avec un tel modèle économique, la rentabilité est possible si le montant des paniers est élevé. Or, dans le cadre du quick commerce, il s'agit généralement de dépanner les consommateurs de quelques produits. Le montant des paniers dépasse rarement une trentaine d'euros. Le modèle économique actuel ne tient pas.

Commentaires 3
à écrit le 13/09/2023 à 18:21
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LES HYPER VENDENT A PERTE CERTAINS PRODUITS BIEN CIBLÉS POUR CASSERN LES COMMERCES DE PROXIMITÉ ET L ETAT EST NE FAIT RIEN MAIS IL SE TIRE LA BALLE DANS LE PIED CAR INFINE LA DISPARITION DE TOUS SES PETITS COMMERCES NON SEULEMENT PAUPERISE CERTAINS Q...

à écrit le 13/09/2023 à 18:20
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à écrit le 13/09/2023 à 18:20
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