Quick commerce : liquidation judiciaire pour Getir et Gorillas, 1.300 emplois supprimés

La société Getir, spécialisée dans la livraison à domicile et propriétaire des enseignes Getir France, Frichti et Gorillas France, a annoncé que le tribunal de commerce de Paris avait prononcé sa liquidation judiciaire. Cette décision judiciaire acte la suppression de plus de 1.300 emplois en France, le groupe turc Getir, propriétaire de Gorillas depuis 2022, s'appuyant sur des livreurs embauchés en CDI.
Le groupe Getir emploie ainsi 1.708 personnes en France.
Le groupe Getir emploie ainsi 1.708 personnes en France. (Crédits : Reuters)

Il ne restera peut-être bientôt plus rien de ces startups qui voulaient révolutionner les achats alimentaires des Français. Le tribunal de commerce de Paris a prononcé mercredi la liquidation en France des sociétés de livraison express de courses Getir et Gorillas, a annoncé une avocate représentant les salariés de Gorillas à un journaliste de l'AFP présent à la sortie de l'audience.

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 « La liquidation a été prononcée pour Gorillas et Getir », a déclaré Marie-Sophie Vincent, avocate du CSE de Gorillas. Gorillas appartient au géant turc Getir qui avait déjà décidé de quitter le marché français.

Echec de la tentative de redressement

Moins de deux ans après sa création, la filiale française du groupe turc Getir, spécialiste de la livraison rapide de courses à domicile, avait été placée en redressement judiciaire, le 3 mai dernier par le Tribunal de commerce de Paris dans l'optique de réaliser « une période d'observation de 3 mois pour Getir France, Gorillas France, Frichti ». Selon l'entreprise, cette décision devait « donner aux trois filiales de Getir en France le temps nécessaire pour trouver un modèle durable pour opérer dans le pays », ce que le groupe n'a finalement pas réussi à faire.

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L'enseigne Getir possède 70 magasins et 2 entrepôts en France, et emploie 841 personnes (effectifs au 1er mai 2023), selon les chiffres diffusés par les administrateurs judiciaires dans l'offre de cession. Pour sa part, Gorillas a 30 magasins en France pour 500 employés - et Frichti, autre entité de Getir, a de son côté 24 magasins, un entrepôt, une cuisine, et fait travailler 367 salariés. Le groupe Getir emploie 1.708 personnes en France. En 2022, l'enseigne Getir cumulait un chiffre d'affaires de 23,8 millions d'euros, Gorillas de 26,6 millions d'euros et Frichti de 69,9 millions d'euros, selon le même document, pour un total de 120,3 millions d'euros pour le groupe Getir en France.

Cette décision judiciaire acte la suppression de plus de 1.300 emplois en France, le groupe turc Getir, propriétaire de Gorillas depuis 2022, s'appuyant sur des livreurs embauchés en CDI. Concernant le sort de Frichti, autre filiale française du groupe turc forte de plus de 300 salariés, « le tribunal de commerce de Paris a décidé de prolonger la procédure de redressement judiciaire jusqu'au début du mois d'octobre », a fait savoir Getir dans un communiqué transmis à l'AFP.

Des salariés « pas surpris » de la liquidation

Cette liquidation n'a « pas surpris » les salariés qui « attendaient juste que l'affaire se termine après les montagnes russes des derniers mois », explique Rémy Frey, délégué à la CGT commerce de Paris. « On est tous très fatigués », ajoute Olivier Coulibaly, salarié et représentant du personnel de Gorillas.

« Un plan, travaillé par la représentation du personnel, a été rendu caduque par la société, qui a refusé de le financer au dernier moment », a indiqué à l'AFP Sophie Vincent, avocate du CSE de Gorillas. « Aujourd'hui l'interrogation est au niveau du PSE et du versement des salaires », a-t-elle ajouté. « Nazim Salur (le fondateur de Getir) ne respecte pas son engagement pris auprès du tribunal de commerce de payer les salaires de juillet 2023, (ce qui) plonge des salariés dans la précarité », dénonce de son côté Johann Tchissambou, délégué syndical CFDT de Getir France.

Un modèle économique victime de l'inflation et de la régulation

Après avoir débarqué en trombe en 2021 pour rendre « le luxe de la livraison à domicile » accessible, expliquait à l'époque à l'AFP son fondateur, Nazim Salur, le groupe s'est beaucoup endetté jusqu'à atteindre 200 millions d'euros à fin mars 2023 , selon une note interne à l'entreprise que l'AFP s'est procurée. Getir France y explique avoir fait les fruits « d'un environnement contextuel défavorable » avec notamment l'inflation et un « niveau élevé des loyers et un nombre de baux très importants », une raison également invoquée par la filiale française du groupe allemand Flink, aussi placée en redressement judiciaire en juin.

« Le business model [du quick commerce] se confronte à la réalité. Comment vendre quasiment aux mêmes prix que les grandes surfaces avec une base de coûts plus importante liée aux coûts des entrepôts intra-urbains, la livraison en trace directe et les moindres volumes induisant des capacités de négociations fournisseurs plus faibles ? », expliquait à La Tribune en juin, Gabriel Schillaci, associé en charge du transport logistique pour la France chez Roland Berger.

En plus des difficultés économiques, le groupe avait fait face à une fronde des maires de certaines métropoles qui craignaient d'être réduites à l'état de « villes-entrepôts » par ces nouveaux acteurs. Face à la grogne, le gouvernement avait ouvert, fin mars, la voie à une régulation par les mairies de l'implantation de ces acteurs en ville. Les « dark stores » sont désormais considérés comme des entrepôts, et non des commerces, une décision ouvrant la voie à la régulation de cette activité par les mairies. Ainsi, les locaux où sont stockés des produits livrés en quelques minutes après avoir été commandés sur internet via des plateformes comme Getir peuvent désormais être contraints de fermer si le Plan local d'urbanisme (PLU) interdit ce type d'activité à leur adresse.

Des parlementaires avaient aussi appelé, début mai, à encadrer davantage les plateformes du quick commerce, en matière de gestion des déchets, vente d'alcool et droit du travail, dans un secteur où « jusqu'à 70% des travailleurs sont en situation irrégulière ». « Les plateformes se montrent trop passives » face à ce phénomène des travailleurs en situation irrégulière, avaient estimé les deux co-rapporteures Maud Gatel (Dem) et Anaïs Sabatini (RN), qui souhaitaient « un renfort des sanctions » des sociétés fautives, lors de la présentation d'une mission d'information à l'Assemblée nationale.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 19/07/2023 à 16:55
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Bonjour on signal les abus les spoliation organisés sur les plus vulnérables affaiblis étudiants même licenciés la xénophobie sur les petits salariés les retraites les handicapés les veufs les femmes isolées les étudiants tout y passe il s,agit d,es...

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