Football français en crise : la baisse des salaires des joueurs arrive sur la table

Au sein de la Ligue 1, la masse salariale pèse pour plus de la moitié des coûts. En 2018-2019, les salaires atteignaient 780 millions d'euros par an. Certains estiment qu'il faudrait les raboter de 30% pour atteindre un équilibre financier alors que les pertes de la saison, marquée par la crise sanitaire et le fiasco Mediapro, pourraient se chiffrer à environ 800 millions d'euros.
Les caisses des clubs professionnels de foot français sont vides. Ils ont été frappés de plein fouet par la crise sanitaire et fragilisés par la défaillance du diffuseur Mediapro.
Les caisses des clubs professionnels de foot français sont vides. Ils ont été frappés de plein fouet par la crise sanitaire et fragilisés par la défaillance du diffuseur Mediapro. (Crédits : PHILIPPE WOJAZER)

Miné financièrement par la crise sanitaire et le fiasco de ses droits TV, le football professionnel français envisage de mettre ses stars à contribution en abaissant les salaires des joueurs. Des coupes difficiles à négocier mais nécessaires, selon les clubs, pour survivre.

Alors que la Ligue 1 et la Ligue 2 ont atteint ce week-end la mi-championnat, le dossier est évoqué du bout des lèvres dans les deux divisions, au sein desquelles la masse salariale est le principal poste de dépense, pesant pour plus de la moitié des coûts.

Quelque 800 millions d'euros de pertes

La baisse des rémunérations est désormais sur la table d'une réunion prévue mardi entre le syndicat des joueurs (UNFP) et des présidents de clubs, face à la crise sanitaire et à la défaillance du diffuseur Mediapro, qui ont vidé les caisses.

Jean-Marc Mickeler, patron de la DNCG, le gendarme financier du foot, a ouvert le débat fin décembre en estimant à 800 millions d'euros les pertes des clubs de L1 à la fin de cette saison.

"Sans réduction drastique de la masse salariale, il n'y a pas de pérennité du modèle", a-t-il lancé au quotidien L'Equipe.

Le message est venu relayer les inquiétudes des dirigeants, qui jalousent pour certains les accords trouvés dans les championnats étrangers en vue de reports et coupes salariales, comme par exemple au FC Barcelone.

Une délégation de présidents de clubs, composée de Jean-Pierre Caillot (Reims), Jean-Michel Aulas (Lyon), Marc Keller (Strasbourg), Loïc Féry (Lorient) et Christian Leca (AC Ajaccio, L2), va lancer les négociations mardi avec l'UNFP.

Une image à redorer

Au printemps, une discussion similaire avait abouti à un accord-cadre pour reporter une partie des salaires des joueurs lors de l'arrêt anticipé de la saison. Huit mois plus tard, il s'agit de franchir un palier, en négociant de réelles diminutions de salaires.

"On ne peut plus mettre des rustines, il faut s'attaquer au problème de fond. Il faut maintenir la confiance mutuelle avec l'UNFP, on va essayer de trouver une ligne directrice", assure Jean-Pierre Caillot à l'AFP.

Selon M. Mickeler fin décembre, "une réduction de la masse salariale de 30% permettrait de revenir à une forme d'équilibre économique". Un effort immense mais aux retombées drastiques: au total, les salaires des joueurs professionnels de L1 atteignaient 780 millions d'euros par an en 2018-2019 selon la DNCG.

Des retombées plus politiques sont espérées: il s'agit aussi pour le monde du ballon rond de redorer son image auprès du gouvernement, qui avait dénoncé sa "cupidité" après le mauvais choix Mediapro.

Or le soutien de l'Etat est primordial: plusieurs sources proches du dossier ont récemment confirmé que Canal+, potentiel repreneur des droits TV, était dans l'attente d'un geste gouvernemental sur la réforme de l'audiovisuel avant de soumettre une offre ferme pour le foot.

"Les joueurs vont partir"

Reste à faire accepter aux joueurs de telles coupes... L'UNFP a ouvert la porte à des discussions: "on va faciliter les choses pour que ces clubs survivent. On est prêts à aider", a assuré son co-président Sylvain Kastendeuch à l'AFP fin décembre, rappelant que tout accord ne sera "qu'indicatif et incitatif", chaque contrat devant être modifié individuellement.

Quid des premiers concernés, les joueurs ? Neymar acceptera-t-il sans sourciller de raboter son salaire estimé par la presse à 36 millions d'euros annuels ?

"Il y aura toujours des récalcitrants, mais ils seront aussi nombreux à prendre rapidement position pour sauver des emplois", projette M. Caillot.

Certains ont déjà glissé qu'ils étaient disposés à faire un effort, comme le Niçois Amine Gouiri, prêt à "faire preuve de solidarité".

"S'il faut passer par là pour que le foot français reparte de l'avant, pour ma part, il faudra le faire", a dit à l'AFP le défenseur brestois Brendan Chardonnet. Le capitaine bordelais Laurent Koscielny a néanmoins souligné qu'il faudrait "certainement changer de philosophie de gestion des clubs".

Ailleurs, cela grince déjà. "Les dirigeants ont failli. A eux de trouver d'autres solutions", a pesté vendredi l'entraîneur de Metz Frédéric Antonetti, craignant la concurrence européenne sur le marché des meilleurs joueurs.

"Si on lui offre plus, (le joueur) ira ailleurs. Cela va nous affaiblir encore plus."

Commentaires 13
à écrit le 11/01/2021 à 13:15
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"La Cigale, ayant chanté tout l'été, se trouva fort dépourvue quand la bise fût venue..." On ne va tout de même pas pleurer sur leur sort....

le 11/01/2021 à 17:40
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Bien d'accord ! Quand j'entend le montant des "salaires" ça me donne envie de vomir, tout cela avec la bénédiction des politiques....

à écrit le 11/01/2021 à 10:38
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Quand une entreprise va mal en général on baisse la masse salariale et pour cela soit on baisse les salaires, soit on licencie ou soit les deux. Pourquoi pour cela ne se ferait pas pour le football.

le 11/01/2021 à 17:06
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pourquoi ne pas conserver leur salaire mais en avoir deux fois moins ? Y a "trop" de monde sur les terrains. :-) Des mi-équipes, ça coûte moins cher. :-)

le 12/01/2021 à 17:10
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Il faudrait à mon avis licencier. On ferait jouer 7 contre 4 ou 10 contre 3. et pourquoi pas finir en Futsal. Ce serait marrant non !

à écrit le 11/01/2021 à 2:38
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On baisse bien les salaires des dirigeants alors, pourquoi pas ceux des types qui jouent avec des ballons ?

le 11/01/2021 à 10:26
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Parce que les footballeurs sont des gens qui gagnent beaucoup d'argent certes mais honnêtemment et en travaillant eux, du coup oui on peut se poser des questions, tandis que nos dirigeants eux ben... -_-

à écrit le 10/01/2021 à 18:09
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En effet ça commence à sentir bien mauvais si on en est arrivé là mais je ne pense pas que le plus d'argent à récupérer soit avec les joueurs.

le 11/01/2021 à 22:31
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En fait, ils sont payées des sommes indécentes, mais c'est à l'insu de leur plein grés ? c'est ça ?

le 12/01/2021 à 9:03
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Ils travaillent dur et font gagner énormément d'argent à quelques personnes, je ne vois là aucune raison de dire qu'ils gagnent de l'argent de façon indécente hein. Gagner des milliards sur des salariés bangladais qui brûlent dans leurs usines ou...

à écrit le 10/01/2021 à 17:57
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Si l'on doit baisser les salaires des joueurs, alors M Bruno Le Maire, doit mettre en place un système d'indemnisation comme pour le milieu artistique, la restauration, comme le demande maintenant toutes les stations de skis. Il faut tout indemniser...

le 11/01/2021 à 9:03
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On parle des joueurs qui gagnent des millions!

à écrit le 10/01/2021 à 16:18
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La faute à qui ? Payer des brésiliennes pour pousser un ballon ? Ou les regarder pousser un ballon ?

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