« Il faut réguler le football sinon ce sport court vers des faillites et des scandales » (Jean-Michel Aulas)

L'ENTRETIEN DU JEUDY. Débarqué sans ménagement le 5 mai dernier du poste de président de l'Olympique Lyonnais qu'il occupait depuis 36 ans, Jean-Michel Aulas se confie cette semaine à Bruno Jeudy dans un grand entretien dans lequel il revient sur sa longue carrière de dirigeant sportif et de chef d’entreprise. Le fondateur du groupe de services informatiques Cegid raconte comment Bernard Tapie l'a encouragé à investir dans le football, l'OL, sa passion d'une vie dont il reste actionnaire à 9%. « Le foot peut rendre fou », reconnaît-il en réglant ses comptes avec le repreneur du club, John Textor, alors que l'OL a été sanctionné par la DNCG (le gendarme financier du foot français) ce qui va limiter les capacités de recrutement pour la prochaine saison. Celui qui rêverait de se réincarner en Bill Gates dénonce aussi le foot-business entré « dans la démesure » avec de véritables « clubs-Etat », et appelle à une régulation sous peine de voir « des faillites et des scandales », se multiplier. Enfin sur le plan politique, ce grand promoteur du football féminin, n'hésite pas à encenser l’action d’Emmanuel Macron qui l'impressionne.
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE- Vous êtes chef d'entreprise depuis plus d'un demi-siècle et vous avez ouvert la voie en créant votre startup en 1969 avec pour seul passeport un BTS. Quel est le secret de votre réussite ?

JEAN-MICHEL AULAS- Je la dois d'abord à l'éducation de mes parents. Mon père et ma mère étaient enseignants. En 1968 lors de ce fameux printemps, ils m'ont en quelque sorte libéré. Les conditions environnementales, familiales et économiques de l'époque ont ensuite contribué à m'émanciper. Il y a eu ensuite de belles rencontres. En mai 68, je suis délégué de l'UNEF et j'assiste à une conférence de Cohn-Bendit. Ses théories sont différentes des miennes mais j'adhère à ce slogan : « Il est interdit d'interdire », qui me permettra d'ouvrir en grand ma voie professionnelle - entrepreneur, et rien ne m'y prédestinait. Tout au long de mon existence, j'ai eu la chance de rencontrer des gens bienveillants, des spécialistes et des gens qui savaient écouter. Ensuite, j'ai peut-être su appliquer un certain nombre de leurs idées. C'est vrai aussi que le monde de l'entreprise en 1969 n'avait rien à avoir avec celui d'aujourd'hui.

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Quel regard portez-vous sur l'évolution de l'entreprise ? Est-ce plus facile de devenir entrepreneur aujourd'hui ?

En 1969, c'est vrai, j'ai innové. Je crois avoir été un « startuppeur » avant l'heure. L'entreprise, ce n'était pas la mode de l'époque. Les marchés en croissance étaient déjà des phénomènes sur lesquels il fallait surfer. Aujourd'hui, je pense qu'il y a un accompagnement pour les créateurs d'entreprises beaucoup plus structuré avec des fonds d'aide et de soutien. Même si elles ne réussissent pas toutes, le soutien à la création est indispensable à la réussite. Personnellement quand j'ai lancé ma deuxième entreprise en 1983, la Cegid, j'ai bénéficié d'un climat porteur avec la création aux Etats-Unis de Microsoft, de Bill Gates.

La Cegid, c'est la réussite de votre vie. Comment met-on le doigt sur le secteur dans lequel vous allez devenir leader ?

C'est la rencontre d'un marché de la technologie et d'une demande. En 1982, un changement fondamental révolutionne la comptabilité des entreprises avec la généralisation d'un nouveau plan comptable qui va bouleverser le traitement comptable dans les entreprises. L'année suivante, c'est l'arrivée du « personal computer » de Microsoft avec l'idée de rapprocher l'utilisateur de l'informatique et de lui permettre de le faire par lui-même, grâce à de nouvelles technologies. Ça va être la réussite de la Cegid qui va mettre en place des logiciels professionnels. Je vais bénéficier de l'aide des Américains qui vont me donner accès à leurs services informatiques y compris ceux de l'armée. Je vais prendre une longueur d'avance. On va travailler nuit et jour pour développer nos programmes digitaux. Ils avaient donc un droit de tirage en quelque sorte sur les ordinateurs. Et donc on est allé très tôt toutes les nuits développer les programmes.

Quel est votre regard sur l'évolution du secteur professionnel ?

En 2016, j'ai cédé mon groupe à Silver Lake. Je reste président non exécutif d'un groupe qui emploie plus de 4.000 personnes et réalise 700 millions d'euros de chiffre d'affaires. Cela se passe très bien et prouve que les Américains n'ont pas une vision dogmatique de la reprise d'entreprises étrangères. Je reste en contact permanent avec l'équipe qui a beaucoup grandi. En quatre décennies, le secteur a beaucoup évolué mais avec des cycles longs de dix ans : du micro-computer avec l'avènement d'Apple et bien sûr Microsoft. Après on a un deuxième cycle avec la conception de l'informatique à distance et la possibilité de pouvoir utiliser chez l'utilisateur des terminaux. Puis, le troisième cycle a consacré l'Internet qui permet au travers du cloud de développer un certain nombre de technologies différentes. Cela a été très positif pour la Cegid. On a vite compris l'intérêt de la révolution du cloud. Aujourd'hui, on rentre dans la quatrième dimension, celle du métavers avec des usages révolutionnaires.

Avez-vous constaté sur le terrain ce regain d'attractivité pour la France, notamment avec les investisseurs étrangers ?

Oui et je pense qu'il faut effectivement rendre hommage aux hommes politiques. Cela avait commencé avec Nicolas Sarkozy et sa volonté de libérer les énergies des entrepreneurs français. Aujourd'hui, Emmanuel Macron a amplifié ce travail et redonné de la confiance en prenant les bonnes mesures pour favoriser les investissements des entreprises françaises mais aussi en incitant les étrangers à investir chez nous. On peut enfin lutter à armes égales. La politique de réindustrialisation va dans le bon sens et porte ses fruits. Le savoir-faire français en matière d'entreprises montre sa pertinence. On le voit avec la baisse du chômage. Avec la Cegid, on a pu aller à la conquête des marchés américains et chinois. Ce qui est intéressant aujourd'hui, c'est que même les entreprises de taille moyenne se lancent sur les marchés étrangers. Il y a donc des espaces pour les créateurs et pour les entrepreneurs et c'est une très bonne nouvelle.

Le succès de la Cegid vous a permis de faire des rencontres déterminantes. Gérard Collomb futur maire de Lyon et Bernard Tapie qui vous poussera à investir dans le foot... Racontez-nous ?

Oui, ma vie a été marquée par une succession de rencontres totalement inattendues. Je rencontre Bernard Tapie par hasard en 1987. Il est en train d'introduire en Bourse Terraillon et moi je me lance avec la Cegid. On se croise à la barre du tribunal de commerce de Lyon. Il m'interpelle et me dit : « Je vais avoir besoin d'investisseurs comme toi car je vais défendre le dossier de Francis Bouygues dans la privatisation de TF1 ». Il est assez flou mais je sens que c'est intéressant. Je réunis une dizaine d'investisseurs prêts à mettre de l'argent dans sa holding BT Finance. Bouygues obtient TF1 et Tapie lance son émission « Ambitions » qui a pour vocation de mettre à l'écran un certain nombre d'entrepreneurs pour leur réussite individuelle et aussi vulgariser la « chose entrepreneuriale ». Je me retrouve aux premières loges et j'ai pu voir l'imagination de Bernard Tapie, son pouvoir de séduction et son énergie sans limites.

Vous, le passionné de handball, vous prenez donc les rênes d'un club de foot, l'OL, presque par hasard. Qu'est-ce qui vous motive à part Bernard Tapie ?

C'est vrai que Bernard Tapie m'a emmené deux ou trois fois voir des matchs de L'Olympique de Marseille. J'aimais bien le sport. Il va me mettre devant le fait accompli et me pousser littéralement dans le monde du foot en annonçant aux journalistes que j'allais reprendre l'Olympique lyonnais. Je me souviens que le journal Le Progrès a titré « Jean-Michel Aulas reprend l'OL » alors que rien n'était officiel...

Au début, vous montrez beaucoup de considération pour le président en place, Charles Mighirian, qui luttait avec les moyens du bord pour maintenir à flot l'OL. Cette transmission de valeurs d'un club n'est plus vraiment à la mode avec les nouveaux investisseurs du foot moderne ?

Oui, le président Mighirian était un brave homme dans tous les sens du terme. J'arrive dans un milieu que je ne connais pas du tout. Je sais que je vais bouleverser les choses en profondeur. Le président en place n'avait pas des moyens énormes. Il était un peu dépassé par un football qui avait besoin de nouveaux moyens, de nouvelles méthodes et d'investissements. La transmission va se faire de manière très positive. Lors du dernier match, je fais le tour du stade avec lui et je reste en contact avec ses enfants. Ensuite, je vais y consacrer mes jours, mes nuits, mon argent pour en faire une place forte du foot français.

En quatre décennies, vous allez connaître avec l'OL, le succès, la gloire, la notoriété et la démesure aussi...

Oui, tout ça à la fois. Je me suis efforcé d'appliquer une règle : rester sur mes deux jambes c'est-à-dire une dans l'industrie et le monde réel de l'entreprise, et l'autre dans le foot afin de conserver mon équilibre et pouvoir durer dans le temps. Cela m'a évité d'être perverti ou anesthésié par la folie du foot, cet univers surdimensionné où tout est hors normes. Parce que c'est vrai que l'on prend des décisions qui sont souvent hors norme. Ce lien avec le monde réel de mon entreprise m'a permis de m'endormir tous les soirs en gardant le contact avec la vraie vie. Le foot peut rendre fou.

Trente-six ans plus tard, vous êtes remercié sans ménagement par Eagle Football Holdings, la société d'investissements américaine qui vient de racheter le club. Etes-vous amer ?

36 ans et 76 titres toutes compétitions confondues, ce qui est unique dans l'histoire du football. Ce bilan est éternel. Quand je suis arrivé, l'Olympique lyonnais, c'était moins de 20 millions de francs de chiffre d'affaires, une poignée de permanents. En partant, j'ai laissé une grande entreprise de 600 personnes faisant 350 millions de chiffre d'affaires, un grand stade, un centre d'entraînement, bref une affaire prospère et un exemple pour le football français. J'ai vendu parce que mon associé Jérôme Seydoux, beaucoup plus expérimenté que moi, a souhaité vendre et l'annoncer publiquement, exprimant ainsi la volonté de rationaliser les investissements de son groupe. Ça s'est fait rapidement. Je l'ai appris presque par hasard à la veille d'un quart de finale de l'OL à Porto. Évidemment, cela a précipité mes propres choix car je ne voulais pas vendre de cette manière-là.

Avez-vous eu le choix du repreneur ?

Je reçois six offres sélectionnées par la banque américaine Raine. J'en choisis une, celle de Foster Gillett, qui n'est pas celle qui sera retenue. On me fait comprendre que la banque en préfère une autre. Initialement, je n'aurais pas tout vendu, peut-être même que je n'aurais pas vendu du tout. J'accepte, mais je pose comme condition que le candidat à la reprise reprenne une grande partie du capital. J'ai quelques regrets, mais je tourne la page tout en gardant un œil très attentif, puisque je reste actionnaire de l'OL Groupe, via ma société Holnest, à hauteur de 9%.

Le football aujourd'hui, ce sont essentiellement des investisseurs étrangers venus des USA, du golfe persique, de Chine. Vous écrivez dans votre biographie (« Chaque jour se réinventer », ed Stock, 270p, 20 euros) que « notre sport est entré dans une spirale infernale d'inflation en matière salariale ». Cela exclut-il les investisseurs traditionnels ?

C'est exactement ça. Le football est entré dans une forme de démesure avec les « clubs-États ». Les investisseurs traditionnels en sont exclus. On parle de salaires entre 100 et 200 millions par joueur ! Nous sommes entrés dans un processus inflationniste sans limites, un peu comme le marché de l'art avec les prix des toiles et des sculptures qui s'envolent dans les salles de ventes. Ceci est le résultat de la non-régulation en France et en Europe. Il faudra réguler le football sinon ce sport court à la catastrophe avec des faillites et des scandales.

Dans ce monde de la finance bis, y-a-t-il encore une place pour les supporters ?

C'est le dernier espace d'espérance parce que les supporters restent quand même l'identité du club. À partir du moment où le créateur ou le président qui était dépositaire de l'ADN du club disparaît au profit de groupes financiers ou d'émirs lointains, le supporter est le dernier rempart avec l'histoire du club. Ils sont organisés et veulent se faire entendre. Ils représentent la dimension affective du club, son histoire émotionnelle, ses valeurs.

L'un des grands projets de votre carrière est la construction du Groupama Stadium. Il a fallu dix ans d'efforts pour qu'il sorte de terre. Est ce qu'il est encore possible aujourd'hui de réaliser de telles grandes infrastructures ?

Oui je crois. En trois ans, on vient avec Bruno Bernard, le président de la communauté urbaine de Lyon et écologiste constructif, de sortir une salle ultra moderne de 16 000 places dans laquelle va jouer l'équipe de basket de l'ASVEL. On va l'inaugurer dans quelques jours et ça va devenir la salle des temps modernes avec des concerts tous les trois jours. J'avais mis dix ans pour construire le Groupama Stadium et dû affronter cent recours en justice devant les tribunaux administratifs, cour d'appel et cour de cassation... Là, on a réussi à boucler le dossier et la construction en trois ans. Comme quoi tout n'est pas perdu !

Votre stade et son environnement, ce sont 3.000 emplois permanents. C'est la « touch » Aulas ?

Ce projet porte une double vision. D'abord créer un stade et ensuite un pôle économique durable avec un hôtel, un laboratoire, une clinique et des espaces de jeux pour les jeunes. L'espace est par ailleurs entièrement connecté aux réseaux de transports de la région lyonnaise.

Les coulisses du foot ne sont jamais glorieuses. Selon des déclarations récentes de Gérard Collomb, un match entre Lyon et Montpellier aurait été « truqué » en 2003. De graves accusations ?

Elles ont été totalement démenties par les joueurs eux-mêmes. J'ai beaucoup de pudeur pour mon ami Gérard qui se bat contre la maladie. Je n'ai évidemment pas répondu et ses paroles ont sans doute dépassé sa pensée... J'adorais Loulou Nicollin (ndlr, président du club de Montpellier, aujourd'hui décédé). C'était un match comme les autres et on était très heureux à la fin parce que lui restait en première division et moi j'étais champion de France. Il n'y a eu évidemment aucune triche.

Le jour où l'Autorité des marchés financiers valide l'OPA d'Eagle Football, la holding de John Textor, la DNCG (le gendarme financier du foot français) limite les capacités financières de recrutement de l'OL pour la prochaine saison. Voilà qui risque de compliquer la gestion du repreneur ?

L'issue de l'appel devant la DNCG était malheureusement prévisible, dès lors que les garanties demandées n'étaient pas satisfaites. Je suis dépité. Je le suis à plusieurs titres. D'abord parce que quand le club que j'ai dirigé pendant 36 ans traverse une passe difficile, ça me fait mal, c'est charnel, et j'en souffre. Ensuite, je le vis d'autant plus mal que la situation était parfaitement évitable : il y a 3 mois, le dossier que j'avais transmis à la DNCG visait à obtenir une prévision de résultat de 90 millions d'euros en actionnant 4 leviers différents : refinancement du stade, cession d'OLW, cession d'OL Reign, cession de joueurs. Ces leviers étaient tous initialisés depuis mars-avril 2023... mais la DNCG fait son travail de vérification et elle traduit en actes ce qu'elle voit. Aux nouveaux dirigeants désormais d'apporter les bonnes réponses.

Dans votre livre, on découvre l'importance de votre mère qui vous a éduqué avec ce principe de l'égalité entre les hommes et les femmes. Votre engagement pour le football féminin est donc une forme d'hommage à votre mère ?

Oui, ma mère a disparu tragiquement (ndlr, elle s'est suicidé quand Jean-Michel Aulas avait 27 ans). J'ai toujours eu ce poids sur le cœur. J'ai mis du temps à guérir. J'ai la conviction depuis toujours que les femmes sont plus loyales, plus généreuses et plus respectables. Je ne sais pas s'il faut faire le lien entre la mort prématurée de ma mère et mon engagement pour le foot féminin à Lyon, et maintenant au niveau national. Mais cela m'a aidé à consoler cette blessure incroyable. J'y crois depuis longtemps. J'interviens dans des colloques partout dans le monde pour le défendre. J'entends souvent dire que les femmes ne sont pas l'égal des hommes dans ce sport. Je prouve chiffres à l'appui le contraire. Savez-vous que les performances athlétiques des deux demi-finales femmes et des deux demi-finales hommes sont rigoureusement identiques ? Les milieux de terrain femmes ont couru autant de kilomètres (12) que les milieux hommes ! Cette seule statistique devrait mettre tout le monde d'accord.

Justement, quels sont vos projets pour développer le foot féminin ?

D'abord on a restructuré le championnat français avec des play-off pour rendre la compétition plus attractive. On a créé une structure professionnelle. Je suis allé convaincre les grands équipementiers de faire des chaussures pour les femmes parce que les crampons de football jusqu'à maintenant étaient des crampons masculins. Les chaînes de télévision, Canal+ en tête, ont décidé d'investir ce qui va offrir des ressources pour les clubs. La FIFA a même décidé d'attribuer une prime de 190.000 dollars aux joueuses qui remporteront la coupe du monde. Une somme assez proche de celle offerte aux hommes au Qatar.

Les Françaises peuvent-elles remporter la Coupe du monde qui débute en Australie ?

Gagner, ce sera difficile. Trois de nos meilleures joueuses sont blessées. L'objectif, c'est de bien préparer les Jeux olympiques l'an prochain et de décrocher l'or ! Notre nouveau sélectionneur Hervé Renard a formé un groupe compétitif qui sera performant en Australie. Son arrivée est un beau symbole. Il a quitté l'Arabie saoudite et divisé son salaire par vingt pour relever le défi du football féminin. Je ne sais pas s'il le fait pour sa mère, mais en tout cas son engagement est formidable pour la France !

La France va accueillir successivement deux grands événements sportifs : la Coupe du monde de rugby à l'automne puis les JO l'an prochain. Les conditions du succès sont-elles réunies ?

Oui. C'est évidemment compliqué. Pour le rugby, on a la référence de 2007. Pour les JO, c'est forcément un défi de taille surtout qu'on a en mémoire le souvenir douloureux de l'expérience ratée de la finale de la Ligue des champions en 2022. Il y a aussi des remous au sein du Comité national olympique. Mais je fais confiance à Tony Estanguet, un grand champion qui a l'envergure d'un organisateur à la hauteur de l'événement. Les grandes entreprises françaises ont joué le jeu. L'Etat met les moyens. J'ai vu de grands professionnels dans mes contacts avec le Comité d'organisation pour les épreuves qui se dérouleront au Groupama Stadium qui accueillera onze matches de rugby et l'an prochain des épreuves de foot. Mon grand regret, c'est qu'il n'y ait pas de match de basket ou de hand dans la nouvelle Arena. Je suis certain que la Coupe du monde de rugby sera un succès populaire et les Jeux un retentissant triomphe mondial.

Les Jeux de Paris sont l'occasion pour la France d'enrayer son déclin, de retrouver son influence perdue ?

Oui, c'est certain. Mais des initiatives comme celles dans la Tech ont déjà permis à la France de retrouver son rang. Je crois beaucoup à cette valeur d'exemple par le sport. Et c'est vrai que savoir organiser des Jeux olympiques, en y mettant la touche environnementale et la touche affective, c'est une occasion unique d'enrayer notre déclin présumé. Mais cessons de nous flageller ! La France a su surmonter la crise sanitaire. Les autorités ont été trop critiquées alors qu'elles ont su aider les entreprises à sauver les emplois. J'ai 74 ans, je suis un entrepreneur expérimenté et je vous assure qu'il n'y a pas que de vilaines choses dans notre pays. N'en déplaisent aux Cassandre !

La flamme olympique ne passera pas par Lyon. Regrettez-vous ce choix ?

Ah oui complètement ! C'est une erreur, parmi bien d'autres. Le signe que Lyon prépare mal l'avenir de ses jeunes qui avaient besoin de vivre le passage de la flamme olympique. J'en souffre...

Vos fonctions vous ont permis de rencontrer plusieurs présidents de la République et des hommes politiques de premier plan. Quels sont ceux qui vous ont impressionné ?

J'ai déjà connu dix-huit ministres des Sports. L'actuelle ministre, Amélie Oudéa-Castera, figure parmi les meilleurs. Elle est formidable. J'ai rencontré les quatre derniers présidents. Ce sont des hommes exceptionnels. François Hollande me faisait rire, mais dans le bon sens du terme. J'ai eu à négocier avec lui la taxe sur les hauts salaires. Emmanuel Macron m'impressionne, il donne du sens aux choses qu'il entreprend. Sur les grands thèmes, il a une vision moyen et long terme sans sombrer dans des solutions électoralistes. Évidemment, j'ai une affection particulière pour Gérard Collomb. Et j'ai beaucoup apprécié Alain Madelin dont je partageais sa vision de l'entreprise.

Quels seraient vos invités (personnages morts ou vivants) dans un dîner parfait ?

Le champion olympique Carl Lewis, l'acteur Louis de Funès, Charlie Chaplin, mais Laurel et Hardy aussi, parce que j'attache beaucoup d'importance aux gens qui nous font rire et qui ont cette dérision.

En quoi souhaiteriez-vous vous réincarner ?

En Bill Gates.

Qu'aimeriez-vous sur votre épitaphe ?

Il est interdit d'interdire.

Et si c'était à refaire, quel métier aimeriez-vous exercer ?

Prof de gym.

De quoi rêviez-vous enfant ?

D'être un sportif accompli. Je me voyais bien, non pas en footballeur parce qu'à l'époque ce n'était pas mon truc. Je rêvais plutôt de hand ou de basket.

Où aimeriez-vous être en 2027 ?

Chez moi à L'Arbresle, ma commune natale, dans le Beaujolais.

Commentaires 5
à écrit le 20/07/2023 à 6:42
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Faillites et scandales sont déjà copieusement là et bien là amplifier par le succès de ce sport et donc l'engouement médiatique qu'il suscite.

à écrit le 20/07/2023 à 2:07
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Presque tous les sports sont corrompus oar l'argent. Le foute n'y echappe pas.

à écrit le 19/07/2023 à 19:46
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Mais il paraît que le marché sait pourtant se réguler tout seul, on nous aurait raconté des bobards?

à écrit le 19/07/2023 à 19:31
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Vous voulez dire qu'un homme politique important, maire d'une ville de France pourrait être mis en examen pour avoir déclaré être présent à la fois à Paris et dans sa ville au même moment ? Et qu'un ministre de la République, qui dirigerait un club ...

à écrit le 19/07/2023 à 18:50
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Foot Basket Rugby = Bulles spéculatives Avec le retournement du crédit on va bien rire...

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