C'est confirmé. En août, l'activité économique française s'est bien de nouveau contractée, selon l'indice PMI composite publié ce mardi 5 septembre par S&P Global et la Hamburg Commercial Bank (HCBO). Cet indice, qui compare le volume d'activité à celui du mois précédent, s'est établi à 46 en août, contre 46,6 en juillet. Il s'agit de sa troisième baisse consécutive.
À noter que l'indice a été révisé à la baisse après une première estimation publiée fin août à 46,6. Pour rappel, une valeur inférieure à 50 signale une contraction de l'activité, et une valeur supérieure une expansion.
Pénalisé par la faiblesse de la demande, le volume des nouvelles affaires s'est donc inscrit en baisse en août. Il a surtout enregistré « son plus fort recul mensuel depuis 33 mois », a indiqué S&P dans un communiqué.
Les services marquent fortement le pas en France...
L'indice composite, qui combine services et secteur manufacturier, a aussi légèrement fléchi pour s'établir à 46,0, contre une première estimation à 46,6 points et 46,6 points en juillet.
Dans le détail, dans les services, la contraction de l'activité s'est accélérée pour atteindre son rythme « le plus marqué » depuis février 2021, passant de 47,1 en juillet à 46 en août.
« Le secteur français des services reste sous pression en août, sous la pression d'un troisième mois consécutif de baisse de l'activité, couplé à un recul des nouvelles commandes, tant au niveau global qu'à l'étranger », note Norman Liebke, économiste à la Hamburg Commercial Bank. « Les entreprises interrogées évoquent principalement la restriction des budgets des clients et la prudence générale concernant les perspectives économiques ».
Quant à l'indicateur mesurant l'activité manufacturière, déjà publié le 1er septembre, il s'est établi à 46 en août, contre 45,1 en juillet. Soit le septième mois consécutif de contraction.
...tout comme chez les voisins européens
En Allemagne, l'activité du secteur des services s'est contractée en août pour la première fois de cette année. L'indice PMI du secteur des services a reculé à 47,3 en août après 52,3 en juillet, en ligne avec les premières estimations, d'après les résultats définitifs de l'enquête mensuelle de HCOB publiés également ce mardi. Les entreprises ont fait état d'un affaiblissement durable de la demande dans un contexte d'incertitude économique et de fortes pressions inflationnistes.
« Il se passe quelque chose d'étrange dans le secteur des services allemands : l'activité ralentit, mais les prix augmentent », remarque Cyrus de la Rubia, économiste en chef à la Hamburg Commercial Bank.
Selon l'expert, l'explication réside probablement dans les fortes hausses de salaires, qui pèsent sur des activités dépendantes de la main-d'œuvre.
Outre-Manche aussi, l'activité du secteur des services s'est contractée en août pour la première fois depuis janvier. La raison ? La hausse des taux d'intérêt qui a réduit la demande des consommateurs et des entreprises, même si la baisse a été moins importante que ce qui avait été initialement estimé, d'après l'enquête mensuelle S&P Global auprès des directeurs d'achats. L'indice pour le secteur des services britannique est ainsi tombé à 49,5 en août, contre 51,5 en juillet (l'estimation initiale était de 48,7).
L'ombre de la récession plane sur la zone euro
Plus globalement, sur l'ensemble de la zone euro, l'indice des services est passé en août de 50,9 à 47,9. Soit un niveau inférieur à l'estimation "flash" à 48,3. Les consommateurs ont subi de plein fouet les conséquences de l'augmentation des taux et du coût élevé de la vie.
Cette contraction a entraîné un ralentissement plus important que prévu de l'activité économique dans la zone euro en août, d'après les enquêtes auprès des directeurs d'achat. L'indice PMI composite ressort ainsi à 46,7 pour août - un plus bas depuis neuf mois - contre 48,6 pour juillet. Une première estimation l'avait donné à 47,0.
« La zone euro n'est pas entrée en récession au premier semestre, mais le second semestre sera plus difficile », selon Cyrus de la Rubia. « Les indicateurs décevants ont contribué à une révision à la baisse de nos prévisions de PIB, qui s'établissent désormais à -0,1% pour le troisième trimestre ».
Le président du Medef, Patrick Martin, a convenu ce mardi que « dans un bon nombre de cas la conjoncture est en train de se retourner » en France, un phénomène « flagrant dans le bâtiment », a-t-il estimé sur France Info. « La dynamique de croissance est en train de s'essouffler dans un panorama mondial qui s'essouffle lui-même », à cause de la hausse des taux d'intérêt. « Il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps », a déclaré Patrick Martin.« La dynamique de croissance est en train de s'essouffler » en France, alerte le patron des patrons
(Avec agences)