Le PIB français devrait progresser de 0,25% au 3e trimestre, selon la Banque de France

L'économie française a probablement progressé de 0,25% au troisième trimestre par rapport au précédent, a annoncé lundi la Banque de France (BdF). L'institution a revu légèrement à la baisse sa précédente estimation de croissance de 0,3% du produit intérieur brut (PIB), principalement en raison de la faiblesse de l'activité dans l'industrie.
L'industrie est plus affectée que les autres secteurs par la crise de l'énergie et des chaînes d'approvisionnement.
L'industrie est plus affectée que les autres secteurs par la crise de l'énergie et des chaînes d'approvisionnement. (Crédits : CHARLES PLATIAU)

La croissance du produit intérieur brut (PIB) en France au 3e trimestre devrait ressortir à 0,25%, légèrement moins fortement qu'estimée (0,3%) début septembre, selon la dernière enquête de conjoncture de la Banque de France publiée lundi. « Les premières indications suggèrent une légère hausse du PIB en octobre », prévoit également la note. « Cela confirme la bonne résilience de l'activité au 3e trimestre et cela conforte nos prévisions 2022 (2,6%, NDLR) », a déclaré Olivier Garnier, le directeur général des Statistiques, Études et international à la Banque de France.

Cette prévision s'approche de celle de l'Insee qui a anticipé une croissance de 0,2% pour le troisième trimestre et une stagnation du PIB pour la période octobre-décembre, alors que la croissance de l'économie française est ressortie à 0,5% au deuxième trimestre.

Lire aussiBudget 2023 : malgré le risque de récession, Bercy s'accroche toujours à une croissance « qui résiste »

 « Dans un environnement économique marqué par la crise énergétique et les difficultés d'approvisionnement et de recrutement, l'activité continue à résister globalement, mais l'industrie est plus affectée que les autres secteurs », écrit la Banque de France dans son nouveau point de conjoncture.

L'activité dans l'industrie, un secteur en difficulté, est restée stable en septembre par rapport à août, tandis que dans les services, elle a continué à croître, selon l'enquête de la BdF auprès des chefs d'entreprise. « Au total, sur le trimestre qui vient de s'achever en septembre, l'activité aurait plutôt bien résisté, portée par le dynamisme de certains services marchands, mais aussi par une hausse de la valeur ajoutée dans l'industrie pendant l'été », souligne la Banque de France.

Lire aussiAgroalimentaire : étranglés par la flambée des prix de l'énergie, les industriels demandent l'aide de l'Etat

Toutefois, les chefs d'entreprises ont fait état d'une incertitude accrue, essentiellement en raison des inquiétudes sur la flambée des prix et la disponibilité en matière d'énergie. Pour le mois d'octobre, ils anticipent une stabilité de leur activité dans l'industrie et une progression probablement plus lente que les mois précédents dans les services, principal moteur de l'économie. « Dans un contexte fortement incertain, notamment sur le coût et la disponibilité de l'énergie », les « entreprises anticipent pour octobre que l'activité évoluerait peu dans l'industrie et le bâtiment et augmenterait à nouveau dans les services marchands, mais plus légèrement que les mois précédents », précise l'enquête.

Les prix des produits finis repartis à la hausse

La banque centrale relève également que les prix des produits finis sont repartis à la hausse en raison d'un fort rattrapage saisonnier après l'été et des incertitudes liées à la crise énergétique qui « s'étendent à tous les secteurs ». Dans le détail : « 29% des chefs d'entreprise dans l'industrie manufacturière déclarent avoir augmenté leur prix de vente en septembre. Cette proportion est particulièrement élevée dans l'agro-alimentaire (où 43% des entreprises indiquent avoir augmenté leurs prix), l'industrie chimique, et le bois, papier, imprimerie. Elle s'élève à 49% pour les entreprises du bâtiment et à 21% pour les services marchands », indique la note.

Les augmentations devraient légèrement se tasser en octobre dans l'industrie (23%), les services (20%) et le bâtiment (44%) ; mais pas sur les services aux particuliers (hébergement, restauration, réparation automobile) et le transport.

Les difficultés d'approvisionnement continuent de s'éloigner du pic d'avril, mais restent élevées (49% dans l'industrie, 40% dans le bâtiment). En matière de trésorerie, l'industrie continue de souffrir, tant pour les grandes entreprises que pour les PME, en raison du coût des matières premières et de l'énergie. « Cette dégradation touche plus particulièrement certains secteurs industriels comme l'industrie pharmaceutique, la chimie, le bois, papier, imprimerie et les équipements électriques », toujours selon la Banque de France.

Une récession limitée et temporaire, anticipe Villeroy de Galhau

« Il commence à y avoir des différences assez fortes selon les secteurs. Les services continuent à bien résister (...) par contre l'industrie commence à souffrir, ça c'est le phénomène un peu nouveau qui n'est pas très surprenant parce qu'il est lié à la forte augmentation des factures énergétiques qui comptent beaucoup plus sur l'industrie », a commenté lundi sur France Culture François Villeroy de Galhau.

Selon lui, une récession n'est pas à exclure en 2023, à -0,5%, même si ce n'est pas le scénario le plus probable. « S'il devait y avoir une récession, nous pensons qu'elle serait limitée et temporaire (...) au passage ceci justifie qu'il ne faille pas aujourd'hui un nouveau quoi qu'il en coûte.»

Lire aussiÉnergie : la production de certains médicaments pourrait s'interrompre en France

_______

ZOOM- La Banque d'Angleterre annonce de nouvelles mesures de soutien aux marchés

En première ligne face à la violente crise économique qui touche les îles britanniques, la Banque d'Angleterre a annoncé lundi de nouvelles mesures pour assurer la stabilité financière sur les marchés britanniques, qui avaient été déstabilisés par un vaste paquet de mesures budgétaire du nouveau gouvernement de Liz Truss.

L'institut monétaire avait lancé le 28 septembre un programme de rachat de bons du Trésor à long terme pouvant aller jusqu'à 65 milliards de livres. L'intervention visait à calmer le marché obligataire qui risquait une crise de liquidité et menaçait de se propager aux conditions de crédit pour les ménages et les entreprises du pays.

Avant l'expiration de ce programme vendredi l'institut monétaire se dit « prêt à augmenter la taille de ses rachats » à jusqu'à 10 milliards de livres quotidiens contre 5 milliards maximum auparavant. La Banque d'Angleterre (BoE) n'a jusqu'à présent racheté que 5 milliards de livres de rachat de bons. Elle dévoile aussi plusieurs autres actions, comme des rachats temporaires de collatéraux (garantie sur la solvabilité d'un actif), pour s'assurer de la liquidité sur le marché des fonds dérivés de bons à long terme du Trésor.

Lire aussiLe FMI salue l'action de la Banque d'Angleterre pour calmer l'envolée de la dette souveraine

(Avec AFP et Reuters)

Commentaires 2
à écrit le 10/10/2022 à 12:03
Signaler
On se fait du bien avec ce que l'on peut, n'est-ce pas? Pour ce qui a trait à l’économiste hétérodoxe Paul Krugman, lui aussi titulaire du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques, il publiera une critique éloquente du PIB dans une tribune:...

à écrit le 10/10/2022 à 11:59
Signaler
On se raccroche à tout ce qu'on trouve, n'est-ce pas ? Non seulement la croissance économique, mesurée par rapport à l’évolution du Produit intérieur brut (PIB), est devenue une obsession pour la plupart des économistes (mainstream), des institutions...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.