Le positivisme selon le président Macron

POLITISCOPE. La dureté de l'attaque de Pierre Rosanvallon sur « la crise démocratique la plus grave » depuis l'Algérie a atteint le président. Simple vengeance d'un proche de la CFDT et de Laurent Berger, se défend-on dans l'entourage d'Emmanuel Macron pour minimiser le trait. Mais l'étrange triptyque des chantiers présidentiels lancés lundi, résumés en un « Travail, Ordre, Progrès » par Olivier Véran le porte-parole du gouvernement, fait penser au positivisme d'Auguste Comte et à une vision autoritaire de la démocratie, ce que dénonce justement Rosanvallon.
Marc Endeweld

En début de semaine, la sentence proférée par Pierre Rosanvallon à l'occasion d'une interview télévisuelle de grande écoute s'est transformée en quelques heures en un fait politique. Pour l'intellectuel, qui faut-il le rappeler, fut l'un des cofondateurs de la fondation Saint-Simon (et son secrétaire général), la France traverse actuellement la crise démocratique « la plus grave » de son histoire « depuis la fin du conflit algérien ».

Selon lui, Emmanuel Macron « ne voit pas la crise démocratique, pour lui il n'y en a pas ». Et ce proche de la CFDT de déplorer que le président ait perdu « l'esprit des lois » et de la Vème République, voire de la démocratie. La charge est lourde, le ton est grave. Et sur le plateau de télévision davantage habitué aux badineries des promos respectives des artistes et des journalistes, les animateurs sont surpris, semblant dépassés par la situation.

De fait, l'extrait vidéo sera partagé des millions de fois sur les réseaux sociaux. Immédiatement, l'entourage du président tentera de minimiser la portée de l'événement. Sans succès. Certains iront jusqu'à expliquer que ces paroles surgissent d'abord du fait de l'inimitié de Laurent Berger, patron de la CFDT, pour Emmanuel Macron.

Surtout, revenir sur un terrain personnel, présenter cette intervention comme étant un règlement de compte. C'est qu'en 2015, le dirigeant syndicaliste s'était opposé auprès de l'Élysée à la tentative d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, de récupérer en plus le portefeuille du Travail, alors que son titulaire de l'époque, François Rebsamen, avait dû démissionner pour cause de maladie. Macron échouera et devra attendre sa victoire présidentielle en 2017 pour transformer selon ses vues le marché du travail et le système de l'assurance chômage.

Fait politique et fait journalistique. Tout au long de la semaine, à chacun de ses déplacements, de ses conférences de presse, de ses interventions, les journalistes présents demanderont à Emmanuel Macron ce qu'il pense des mots de Pierre Rosanvallon. En déplacement dans une usine en Alsace, le président saluera « l'intellectuel » mais regrettera immédiatement que ce dernier puisse se faire « militant », utilisant une nouvelle fois ce mot comme un outil de disqualification, quasiment d'excommunication. Comme s'il n'y avait toujours qu'une ligne possible, qu'une vue possible.

Ce n'était pourtant pas la première fois que Rosanvallon avait émis des critiques à l'encontre du président. Dès 2018, il avait regretté son « conservatisme » et constaté au micro de France Inter : « Ni social ni libéral, Macron a des aspects d'autoritarisme ». Des paroles fortes. Macron a de fait un rapport à l'État beaucoup moins rocardien que certains ont pu le penser à l'origine. D'ailleurs, dès 2015, Emmanuel Macron m'avait expliqué qu'il considérait que la deuxième gauche, dont est issu Pierre Rosanvallon, avait un rapport « complexé » à l'État.

C'est en tout cas un symbole : lundi, l'intervention de l'intellectuel a quasiment éclipsé la prise de parole présidentielle qui s'était déroulée quelques minutes plus tôt. Lors de cette dernière, Emmanuel Macron avait annoncé ses nouvelles priorités après la promulgation de sa loi sur les retraites, sous forme de méthode Coué. Le président a fini par dégager trois axes de travail pour les 100 prochains jours...

Ces nouvelles priorités avaient ensuite été résumées par Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, en une formule expéditive : « Travail, Ordre, Progrès ». Étrange triptyque qui fera l'objet de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux. « Ordre et Progrès » ou en portugais « Ordem e progresso », devise qui figure sur le drapeau du Brésil, inspirée de la philosophie positiviste d'Auguste Comte qui proclamait au XIXème siècle : « L'amour pour principe, l'ordre pour base, le progrès pour but ». La religion positiviste, philosophie dominante sous la IIIème République, proclamait notamment : « Nous, sociocrates, ne sommes pas davantage démocrates qu'aristocrates ». Pourtant, au vu du caractère chaotique des derniers déplacements présidentiels sur les routes de France, cet appel à l'ordre (positiviste) semble pour le moment bien illusoire.

Marc Endeweld

Marc Endeweld
Commentaires 16
à écrit le 26/04/2023 à 10:39
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pas contentent;comment m'expliquer que le carburant les produits alimentaires prennent une augmentation, alors que ma retraite du carsat n'augmente pas, le gouvernement pencher sur ce probleme,cordialement

à écrit le 24/04/2023 à 9:37
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McKron confond allègrement "cause" et "conséquence" comme, malheureusement, je peux confondre ma gauche de ma droite ! C'est la raison, de vouloir être au centre et de faire du "en même temps" ! ;-)

à écrit le 23/04/2023 à 12:22
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Macron peut bien déclarer ce qu'il veut ,et son gouvernement pareil, c'est du vent, du bruit. Sa réforme des retraites est une spoliation des gens à faible revenu et métier pénible au profit des plus aisés à l'espérance de vie la plus favorable. Mais...

à écrit le 23/04/2023 à 11:25
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Il y a aussi des salariés des régimes spéciaux qui taffent depuis l âge de 16 ans , en 3x8 avec des risques pour la santé : chutes , bruits , produits chimie, amiante je vous invite à aller dans les ateliers de maintenance sncf qui fonctionnent 365 j...

à écrit le 23/04/2023 à 9:37
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Travail, famille, patrie: devise officielle de l'Etat français.......

à écrit le 22/04/2023 à 17:28
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Les intellectuels, c'est bien, il en faut ( surtout il y en a!). Cependant, tant qu'il n' a pas mis les mains dans le " cambouis", il arrive un moment où la parole de l'intellectuel se devalorise. Gouverner ce n'est pas philosopher sans fin, voire p...

le 22/04/2023 à 23:33
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On ne gouverne pas un pays de 67 millions d habitants et autant de diversité d opinion etc qu une start up de 50 post- ado ou qu une grille Excel . Pour federer et convaincre fait commencer les sujets à l endroits et non à l envers comme la réforme ...

le 23/04/2023 à 8:52
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ecouter m macron revient a exprimer que les francais ont tord d'etre mecontemps de son president mais quand la majorite rejette ces propositions c' est bien lui qui se doit de reagir a des fin de compromis mais la c'est tout le contraire et il y...

le 23/04/2023 à 21:21
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@reponse de 67 millions Vous parlez dans le vide sidéral contaminé par la surinformatltion, la surmediatisation et le vérolage informationnel des réseaux dits "sociaux". Votre "conviction" est une compilation de ce "Gloubiboulga" qui vous fait tout ...

à écrit le 22/04/2023 à 16:20
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et si on demandait a macron de se farcir 15 jours de marteau piqueur ou derriere la goudroneuse 8 heures par jour il se rendrait surement mieux compte pourquoi les gens jouent de la casserole ceci n'est que 2 cas ils en existent bien d'autre peti...

le 22/04/2023 à 23:32
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@le quignon. Propos populistes inconsidérés.

le 25/04/2023 à 10:15
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@valbel89 : donc les populistes sont ceux qui ont raison et défendent les français les plus lésés ? Merci ,j'en prends note.

à écrit le 22/04/2023 à 11:04
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Il n'y a pas de positivisme de l'état, mais plutôt un négativisme de la part de certains français. Rien ne justifie de se révolter contre la réforme des retraites, cette réforme est nécessaire, et elle n'a rien de dramatique. Que tous les démagogues ...

le 22/04/2023 à 14:24
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Bonjour, S'est vrais, la réforme de retraite n'est pas dramatique, ons a juste demander à 50% des français qui travaillent de travailler 2 années de plus... Juste au français qui sont rentrés dans la vie professionnelle le plus tôt (16 ou 17 ans non...

le 23/04/2023 à 11:20
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Ok on va vous l appliquer avec la décote vu les annees qui vous manque , vous qui êtes en preretraite du privé à 58 ans… un peu facile voté discours !!

le 23/04/2023 à 11:25
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Ok on va vous l appliquer avec la décote vu les annees qui vous manque , vous qui êtes en preretraite du privé à 58 ans… un peu facile voté discours !!

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