Alors que le gouvernement cherche des milliards d'euros, faut-il se pencher sur l'idée de l'économiste Jean Pisani-Ferry de créer un impôt sur les plus riches? C'est ce que suggère Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, qui alerte sur la situation économique de la France.
Taxer les plus aisés pour financer la transition écologique
En mai 2023, avec sa consœur Selma Mahfouz, Jean Pisani-Ferry remet à Emmanuel Macron un rapport sur « Les incidences économiques de l'action pour le climat » réalisé dans le cadre de France Stratégie, organisme rattaché à Matignon. Avec cette solution innovante: taxer les 10 % des Français les plus aisés pour financer la transition écologique.
Face aux investissements colossaux et nécessaires à la décarbonation - qu'ils chiffrent entre 60 et 70 milliards d'euros -, les économistes prônent en effet « la création d'une contribution exceptionnelle et temporaire sur les ménages les mieux dotés ». Est-ce parce qu'elle est très vite qualifiée d'impôt sur la fortune, d'« ISF vert », que la proposition est écartée de manière assez expéditive par le gouvernement ? Pourtant, Jean Pisani-Ferry est proche d'Emmanuel Macron : le professeur à Sciences-Po Paris et chercheur de l'institut Bruegel à Bruxelles a participé à l'élaboration du programme économique du candidat à l'Élysée.
Mais, au printemps 2023, lorsque le rapport paraît, le gouvernement promet plutôt aux Français des baisses d'impôts. Alors ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal s'engage à réaliser « un grand plan Marshall », dont 2 milliards d'euros de réduction d'impôts sur le revenu pour les classes moyennes.
Inégalités
Aujourd'hui plus que jamais, Jean Pisani-Ferry défend sa solution de taxer les plus riches. Dans un contexte économique dégradé, avec une dette publique qui explose, difficile de faire autrement. Ne serait-ce que parce que l'inégalité face aux coûts de cette transition écologique est très importante, rappelle l'économiste. Et d'alerter: « La dimension sociale ne saurait être ignorée. » Ou des conflits sociaux éclateront, à l'instar des mouvements des Gilets jaunes ou des révoltes qui ont secoué l'Allemagne et les Pays-Bas: « Les personnes qui vivent dans des passoires thermiques, dans des bâtiments peu performants, pour qui ces transformations pèsent fortement dans leur budget, sont très sensibles à l'égalité des efforts. » Et de prévenir: « Il faut que chacun participe à hauteur de ses moyens. » Emmanuel Macron semble toutefois peu disposé à écouter son ancien mentor. Pour le président, toute augmentation d'impôts, même concentrée sur les plus riches, est une ligne rouge.