Les grands groupes et les ETI enregistrent une hausse des défaillances de +126%

Sur un an, le rebond des défaillances d'entreprise est particulièrement marqué pour les grandes structures. Au global, le nombre de défaillances cumulées atteint 46.183 en avril, soit une augmentation de 47,1% sur un an, note la Banque de France. Ce rebond affecte notamment le secteur de l'hôtellerie-restauration, qui avait fortement bénéficié des aides financières d'Etat au plus fort de la pandémie. Toutefois, les défaillances restent 10% en deçà du niveau d'avant la crise sanitaire, en 2019.
Le rebond des défaillances est plus marqué pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grands groupes.
Le rebond des défaillances est plus marqué pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grands groupes. (Crédits : Reuters)

Les effets de la fin du « quoi qu'il en coûte » ne sont pas encore dissipés. Les défaillances d'entreprises en France ont poursuivi en avril leur remontée, a annoncé la Banque de France, ce mercredi 10 mai. Ainsi, le nombre de défaillances cumulées au cours des 12 derniers mois s'est élevé à 46.183 le mois dernier, soit une hausse 47,1% sur un an, tout en restant près de 10% en deçà du niveau de 2019, précise la banque centrale française.

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Les défaillances d'entreprises, qui avaient fortement reculé durant l'épidémie de Covid-19 en raison des mesures de soutien prises par l'Etat pour éviter les cessations de paiement, poursuivent « le rattrapage amorcé à l'automne 2021 », selon le communiqué de la Banque de France.

Les ETI et les grands groupes particulièrement touchés

Dans le détail, le rebond affecte tous les secteurs de l'économie. Le secteur de l'hôtellerie-restauration est particulièrement touché (+83,2%). Et pour cause, il avait été un grand bénéficiaire des aides publiques durant la pandémie, en raison des fermetures administratives dont les établissements avaient fait l'objet. L'industrie est également très affectée avec 60% de hausse et 3.439 entreprises défaillantes au cours des 12 derniers mois, soit le même niveau qu'en 2019 (3.435).

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Le rebond des défaillances est plus marqué pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grands groupes. Ils enregistrent un bond de 126,3%, avec 43 entreprises concernées, contre +19% il y a un an. La hausse est très forte pour les grosses PME (moyennes entreprises comptant entre 50 et 249 salariés) avec 328 défaillances (+87,4%), les petites entreprises de 10 à 49 salariés (+91,1%) et les TPE (+80,3%).

Pas d'impact sur la création d'emplois, pour l'instant

Elle est, en revanche, un peu plus faible que la moyenne pour les micro-entreprises avec une augmentation de 44,7%. Ces défaillances d'auto-entrepreneurs, auxquelles la Banque de France agrège les entreprises de taille indéterminée, représentent à elles seules 42.652 défaillances. Le mois dernier, le cabinet spécialisé Altares avait de son côté annoncé que le niveau des défaillances avait déjà retrouvé son niveau d'avant-crise, en ne prenant en compte que les défaillances survenues au cours du premier trimestre 2023.

Malgré la hausse des défaillances d'entreprises constatée par la Banque de France, l'Insee, lui, ne constate pas d'impact majeur sur la création d'emploi. Avec 42.000 créations d'emploi nettes au premier trimestre, le marché du travail se porte toujours bien mais de premiers signes, dans la construction notamment, laissent penser que la suite de l'année sera plus difficile, a indiqué l'institut statistique le 5 mai dernier.

Selon l'estimation provisoire publiée par l'Insee, l'emploi salarié dans le privé a progressé de 0,2% au premier trimestre, comme au dernier trimestre 2022. « Il s'agit du neuvième trimestre consécutif de hausse », souligne l'Insee. L'emploi excède son niveau d'un an auparavant de 1,3% (soit +271.100 emplois), et celui d'avant la crise sanitaire (fin 2019) de 5,8% (soit +1,2 million d'emplois).

Le BTP affecté

En dépit d'une « croissance molle » (+0,2% au premier trimestre),« il y a une résistance encore assez forte de l'emploi ce trimestre », constate Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). « Ce n'est pas une surprise car les intentions d'embauches restent assez bonnes à court terme dans les enquêtes », rappelle-t-il. L'Urssaf a ainsi enregistré plus de 2,4 millions de déclarations d'embauche de plus d'un mois (hors intérim) au premier trimestre, supérieur de 12,9% au niveau enregistré fin 2019.

« Une augmentation de 0,2% de l'emploi salarié privé, c'est un peu mieux que prévu », reconnaît Yves Jauneau, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail de l'Insee. Dans sa dernière note de conjoncture, l'institut ne prévoyait que 19.000 créations nettes, soit une hausse de 0,1%. Toutefois, ces augmentations « sont de plus en plus modérées : +1,1% en moyenne chaque trimestre en 2021 ; +0,5% sur les trois premiers trimestres 2022 ; +0,2% sur les deux derniers trimestres », note Yves Jauneau.

« Le chant du cygne » ?

Et les évolutions sectorielles sont contrastées. D'un côté, le tertiaire marchand retrouve sa fonction de locomotive de l'emploi : +0,5%, soit +57.400 emplois, après +0,1%. Il dépasse ainsi son niveau d'un an auparavant de 1,9% (soit +232.700 emplois) et celui d'avant-crise de 7,2% (soit +831.200 emplois). Mais, dans la construction (hors intérim), l'emploi baisse de 0,2% (soit -3.200 emplois). « Le BTP avait beaucoup recruté ces dernières années. On voit les premières conséquences d'une diminution des mises en chantier de logements du fait de l'impact de la remontée des taux d'intérêt sur le pouvoir d'achat des ménages », explique Mathieu Plane.

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Mi-avril, la Fédération française du bâtiment avait alerté sur la possible suppression de « près de 100.000 postes », soit peu ou prou le nombre d'emplois créés depuis la sortie du premier confinement de 2020. Autre secteur en recul, l'intérim : -2,6% (soit 21.400 emplois). Un recul qui compense intégralement la hausse des deux trimestres précédents. « Depuis un an, il y a des fluctuations trimestrielles autour de ce niveau », relativise Yves Jauneau qui juge « prématuré de tirer des conclusions quant à un retournement de l'emploi ».

Néanmoins, pour Mathieu Plane, ces chiffres de l'emploi au premier trimestre sont « peut-être le chant du cygne » de la bonne tenue du marché du travail qui ne cesse de surprendre les économistes trimestre après trimestre.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 10/05/2023 à 22:42
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"le nombre de défaillances cumulées atteint 46.183 en avril, soit une augmentation de 47,1% sur un an, note la Banque de France". Vous nous parlez bien de l'économie russe, chère à notre ministre-écrivain Bruno Le Maire dit l'athée?

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