L'économie française va-t-elle profiter des retombées des Jeux Olympiques de 2024 organisés à Paris ? À moins d'un an du coup d'envoi des épreuves, la pression monte sur le comité d'organisation. L'Hexagone s'apprête à accueillir des dizaines de délégations sportives et des vagues de touristes étrangers dans un climat international très dégradé. Le prolongement du conflit au Proche-Orient entre le Hamas et Israël va sans doute obliger les autorités françaises à relever le niveau de sécurité du pays.
Dans ce contexte géopolitique inflammable, la Banque de France et l'Insee ont tenté d'évaluer non sans difficultés les conséquences macroéconomiques de cet événement sportif sur la région Ile-de-France mais aussi au niveau national. « Les études d'impact jusqu'à présent ont montré des résultats contrastés sur les jeux olympiques précédents», a déclaré Isabelle Kabla-Langlois, directrice de l'Insee régionale Ile-de-France lors d'une récente conférence à la Banque de France.
Un impact macroéconomique relativement limité
Sur le plan macroéconomique, les Jeux Olympiques (JO) devraient avoir un impact relativement limité. Le budget prévu est de l'ordre de 2,4 milliards d'euros pour l'organisation de l'événement. « Rapporté au PIB de l'Ile-de-France sur quatre ans, cela représente environ 0,08% de la dépense publique », a expliqué Vincent Biausque, statisticien à l'Insee francilienne et spécialiste de comptabilité nationale.
À l'échelle de l'Hexagone, ce ratio descend à 0,04% sur quatre ans. Dans une enquête menée par la Banque de France, 28% des entreprises interrogées estiment que les JO auront un effet sensible sur leur activité. Derrière cette moyenne, il existe des contrastes entre le services marchands (40%), le bâtiment (30%) ou encore l'industrie (20%).
S'agissant de l'emploi, la société de livraison des ouvrages olympiques a chiffré ses chantiers à 24 millions d'heures de travail. « Ce qui représente environ 13.200 équivalents temps plein (ETP). Si on compte que le chantier a duré 4 ans, on obtient 3.300 ETP annuels », a calculé l'économiste. « L'ordre de grandeur des chantiers en région parisienne permet de voir que ces emplois représentent 1% de l'emploi total», ajoute-t-il.
Compte tenu du déroulement des Jeux principalement organisés en Ile-de-France, les répercussions de cet événement sportif sur l'économie tricolore et l'emploi devraient être faibles. Dans la plupart des autres régions, les épreuves vont certes doper la fréquentation des infrastructures sportives et de l'hôtellerie pendant quelques jours. Mais ce surcroît de fréquentation ne devrait pas accélérer fortement toute l'activité locale.
Une opportunité pour la construction, l'hôtellerie-restauration ou le tourisme
En réalité, ces Jeux Olympiques devraient surtout être un levier pour quelques secteurs économiques identifiés comme la construction, l'hôtellerie-restauration ou encore le tourisme. Après les longues années de Covid, la fréquentation hôtelière est dans une dynamique positive. Actuellement, le taux d'occupation des hôtels est de 79% en Ile-de-France et 66% dans le reste de la France selon des chiffres communiqués pendant la présentation. « Les taux d'occupation sont revenus à un niveau similaire à celui d'avant-crise », souligne Vincent Biausque. Désormais, les hôteliers franciliens s'attendent à réaliser des résultats importants en 2024.
Mais la Coupe du monde de rugby a déçu. « On s'attendait à de grandes performances mais ce n'est pas dingue », a confié un patron d'un groupe hôtelier français. A cela s'ajoutent toutes les difficultés pour quantifier toutes les retombées touristiques des jeux. Dans un rapport d'information de l'Assemblée nationale dévoilé l'été dernier, les députés Stéphane Mazars (Renaissance) et Stéphane Peu (PCF) relevaient qu'il est difficile d'isoler « un effet Jeux Olympiques » du reste de l'activité touristique globale.
Les jeux olympiques, un enjeu d'attractivité et de sécurité
Redevenue la première destination touristique au monde, la France compte bien redoubler d'efforts pour confirmer ce statut lors du déroulement des épreuves sportives. Surtout quand le chef de l'Etat Emmanuel Macron a fait de l'attractivité la vitrine de sa politique économique à l'étranger.
Mais l'accueil de flux d'étrangers par millions risquent de mettre les services de l'ordre et de sécurité sous pression. « Il y a un enjeu RH que l'on n'a jamais connu auparavant. On anticipe de vraies difficultés à fournir les capacités sécuritaires suffisantes », a alerté Frédéric Laisney, à la tête de l'entreprise Challancin. « La dégradation de la situation au Proche-Orient aura un impact sur les dispositifs de sécurité à mettre en place », a-t-il ajouté. Reste à savoir si les tensions géopolitiques seront retombées d'ici l'été prochain.