Partage de l'eau : des centaines de manifestants devant une usine STMicroelectronics en Isère

Ils dénoncent le projet d'extension de l'usine de STMicroelectronics située sur la commune de Crolles et qui est alimentée par le réseau d'eau potable de la métropole grenobloise. Cette dernière devrait fournir fin 2023 29.000 m3/jour, contre 23.000 actuellement. Une manifestation qui intervient une semaine après celle contre les « mégabassines » qui s'est tenue à Saint-Soline.
Le projet d'extension de l'usine de semi-conducteurs de STMicroelectronics à Crolles a annoncé l'été dernier par l'entreprise franco-italienne et mené en partenariat avec l'Américain GlobalFoundries.
Le projet d'extension de l'usine de semi-conducteurs de STMicroelectronics à Crolles a annoncé l'été dernier par l'entreprise franco-italienne et mené en partenariat avec l'Américain GlobalFoundries. (Crédits : Reuters)

La guerre de l'eau continue. Ce samedi, plusieurs centaines de personnes, - un millier selon les organisateurs, entre 500 et 800 selon les gendarmes - se sont rassemblées devant le site de production de semi-conducteurs de STMicroelectronics, à Crolles en Isère pour manifester contre « l'accaparement » de l'eau.

Rassemblés sous le mot d'ordre « De l'eau, pas des puces », le cortège de militants, habillés de bleu, s'est voulu « pacifique, joyeux et familial ». Sous quelques gouttes de pluie, ils manifestaient contre le projet d'extension de l'usine, annoncé l'été dernier par l'entreprise franco-italienne et mené en partenariat avec l'Américain GlobalFoundries. Le chantier, d'un total de 5,7 milliards d'euros, doit être soutenu dans le cadre du plan France 2030, et par l'Union européenne dans le cadre du « Chips Act », un plan pour doubler la production de semi-conducteurs dans l'UE d'ici 2026.

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29.000 m3/jour d'ici fin 2023

Mais, pour les manifestants, il est synonyme d'un excès de consommation d'eau. Le site de STMicroelectronics, et la commune de Crolles sur laquelle il est situé, sont alimentés par le réseau d'eau potable de la métropole grenobloise, mais appartiennent au territoire voisin de la communauté de communes du Grésivaudan. Jusqu'alors, la métropole de Grenoble, qui gère directement son réseau d'eau potable, fournissait 23.000 m3 par jour, soit 8,4 millions de m3/an. Mais en vertu d'une convention d'achat signé en octobre 2021, ce débit devrait monter à 29.000 m3/jour d'ici fin 2023, « permettant de tenir compte de l'évolution des besoins pour les prochaines années notamment ceux des industries du territoire », souligne une délibération de la communauté de communes du Grésivaudan. En 2021, selon la déclaration environnementale de STMicroelectronics, 4,23 millions de m3 avaient été prélevés par l'usine, la quasi-totalité de ce volume étant ensuite rejeté dans les cours d'eau alentour. En 2019, ce volume prélevé était de 3,46 millions de m3. « On s'inquiète pour la ressource en eau et pour la démocratie », a dénoncé Julien, l'un des organisateurs de la manifestation, qui préfère garder l'anonymat. Le millier d'emplois promis avec l'extension du site « ne peut pas tout justifier », a-t-il affirmé.

Cette manifestation intervient une semaine après celle qui s'est tenue à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres et qui a rassemblé entre 6.000 à 8.000 personnes selon les autorités, 30.000 selon les organisateurs, marquée par des affrontements très violents. Ils protestaient donc les projets de réserves d'eau, qu'ils qualifient de « mégabassines », mais qui sont présentées par leurs partisans comme une condition de la survie des exploitations agricoles face à la menace de sécheresses récurrentes. Les contestataires dénoncent, eux, un « accaparement de l'eau par l'agro-industrie » à l'heure du changement climatique, et réclament un moratoire sur leurs constructions pour lancer « un vrai projet de territoire » sur le « partage de l'eau ».

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L'eau est « indispensable à notre souveraineté alimentaire », rappelle Emmanuel Macron

À ce propos, Emmanuel Macron a réaffirmé jeudi l'utilité des stockages artificiels d'eau pour les agriculteurs. « Il ne s'agit pas de privatiser l'eau. Ou de permettre à certains de se l'accaparer », a-t-il déclaré, en répétant que l'eau était « indispensable à notre souveraineté alimentaire ». Mais il a demandé que les futurs ouvrages soient conditionnés à des « changements de pratiques significatifs », à commencer par des économies d'eau et une réduction de l'usage des pesticides par les agriculteurs.

La veille, lors de la présentation de son « plan d'urgence et de sobriété » de l'eau fixant un cap à 2030 pour faire 10% d'économie dans tous les secteurs, il avait déjà insisté sur les efforts à fournir par le secteur agricole. Détaillant trois piliers, le chef de l'Etat a annoncé que toutes les nouvelles installations agricoles seront adaptées au climat agricole de demain. Au total, 30 millions d'euros seront dégagés pour renforcer les économies d'eau, notamment avec le système de goutte-à-goutte. Au-delà des économies, il faut également des plans d'adaptation des filières et des territoires, a-t-il ajouté.

Autre secteur qui est appelé à contribuer aux économies d'eau : l'énergie. L'exécutif entend ainsi réduire la consommation d'eau pour la production d'électricité, actuellement de 12%. « Sur le nucléaire, on doit adapter nos centrales au changement climatique pour fonctionner beaucoup plus en circuit fermé », a ainsi expliqué le chef de l'Etat, dénonçant le fait que « les centrales utilisent l'eau et la rejettent ce qui a un effet sur la température et joue sur le niveau dans la durée ». Concernant l'hydroélectricité, « nous devons adapter le rythme de nos barrages aux enjeux du climat », a-t-il ajouté.

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 04/04/2023 à 4:30
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Décidément on veut la fin de l'économie française ? Ces gens qui sont contre tout vivent de quoi ? Certainement des assistés issus de la fonction publique qui comme toujours ne vivent que grâce à l'initiative et au travail des autres .....De plus un...

à écrit le 02/04/2023 à 10:00
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Encore une manifestation du complot contre la France , des soi disant verts , manipulés par le caméléon d'autre Rhin autrefois rouge , on s'attaque à notre souveraineté , à nos points forts comme le nucléaire , mais avec un dirigeant lucide nous allo...

à écrit le 01/04/2023 à 18:48
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On va pas "chipoter" pour 6 000m3 d'eau de plus ou de moins. Tous ce m3 pourraient d'ailleurs être puisés dans le barrage de Grand Maison plutôt que dans la nappe phréatique ou certains captages, via une conduite sous montagnarde. La distance n"est...

à écrit le 01/04/2023 à 17:01
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A Taiwan la station de traitement des effluents a été agrandie et modernisée pour en accroître la capacité et augmenter le recyclage. Le taux de recyclage d'eau utilisée dans le processus de fabrication de puces atteint 85,4 %, et l'objectif est d'au...

à écrit le 01/04/2023 à 16:54
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"des centaines de manifestants" ayant chacun un smartphone plein de puces électroniques made in Ailleurs utilisant du matériel réseau 4-5G étranger ? L'eau consommée est envoyée ailleurs (en Italie par ex par pipeline), perdue, desséchée et donc disp...

à écrit le 01/04/2023 à 16:47
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Ces pauvres gauchistes ont la cervelle retournée par le pire des dogmatismes

à écrit le 01/04/2023 à 16:46
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Nous voyons apparaitre un mouvement de fond qui prône le retour de la lampe à huile et de la marine à voile ........tout en conservant les smartphones écologiques nouvelles générations sans "puces " STmicroelectronics cela va de soi ....la quadrat...

le 01/04/2023 à 19:21
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Ben non, la lampe à huile sera interdite car elle brûlait du pétrole lampant. Les bougies seront aussi interdite car elles étaient faites avec de la graisse de baleine. Après tout, les écolos n'ont pas besoin d'éclairage car ils se prennent tous pour...

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