Polluants éternels : Veolia vérifie la présence de PFAS dans l'eau qu'il fournit aux Français

Selon les premiers résultats de ses analyses, la conformité de l'eau potable vendue par Veolia en France est attestée pour 99% de ses contrats. Adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale la semaine dernière, une proposition de loi prévoit d'interdire à partir du 1er janvier 2026 la fabrication de produits contenant des « polluants éternels ».
A partir de 2026, les PFAS seront intégrés aux programmes réglementaires de contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine, selon une directive européenne.
A partir de 2026, les PFAS seront intégrés aux programmes réglementaires de contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine, selon une directive européenne. (Crédits : STEPHANE MAHE)

En matière de pollution, les grands groupes fournissant des services vitaux pour la collectivité sont particulièrement scrutés. Une semaine après l'adoption en première lecture par l'Assemblée nationale d'une proposition de loi pour restreindre la vente de produits contenant des « polluants éternels » (ou PFAS, le géant de l'eau Veolia a annoncé qu'il avait engagé, depuis novembre dernier, une campagne pour mesurer la teneur de ces substances dans ses points de production d'eau potable en France.

Selon les premiers résultats de ces analyses, la conformité de l'eau potable au regard des nouvelles normes PFAS est attestée pour 99% des contrats, indique Veolia, qui doit terminer sa campagne de mesures d'ici cet été.

Deux tiers des points de production d'eau analysés

A ce jour, deux tiers des points de production d'eau potable gérés par Veolia, couvrant 15 millions de Français desservis, ont été analysés. Selon le géant des services de l'eau, cette initiative « contribuera à accumuler des connaissances pratiques sur la gestion de ces pollutions en France et à les partager avec les autorités sanitaires ».

Pour les quelques contrats qui ont présenté des dépassements de limite de qualité, Veolia indique dans un communiqué qu'il a « averti immédiatement l'ARS et les collectivités, et proposé des plans d'actions sur mesure pour dresser le bon diagnostic et mettre en place le traitement adapté ». Et d'ajouter : « Une attention particulière a été portée, avec les collectivités, à l'information des consommateurs. Grâce aux solutions proposées, la conformité est déjà rétablie sur la moitié des contrats concernés, pour le reste les plans d'actions sont en cours. »

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« Aujourd'hui, l'état de la science a permis d'établir des normes pour ces polluants émergents, et nous avons souhaité dresser l'état des lieux de l'eau potable que nous avons en gestion sans délai », a également commenté Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia, qui souligne que les solutions existent ou « sont à portée de main » (technologies à base de charbon actif ou de membranes, ...).

A noter : à partir de 2026, les PFAS seront intégrés aux programmes réglementaires de contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine, selon une directive européenne. Mais les seuils de qualité ont été intégrés au cadre réglementaire français dès 2023 en cas de recherche anticipée, mise en place en fonction des contextes locaux et de détection.

Une proposition de loi écologiste qui fait débat

Les « polluants éternels » ont récemment fait l'objet de nombreux débats, avant l'approbation en première lecture par l'Assemblée d'une proposition de loi écologiste visant à restreindre la fabrication et la vente de produits contenant ces polluants éternels.

Les tensions ont surtout été significatives entre les députés de la gauche et ceux du camp présidentiel. Mais finalement, la proposition de loi a été approuvée à l'unanimité, avec 186 voix pour et zéro contre. Et pour être définitivement adopté, ce texte devra encore être examiné par le Sénat. Il a d'ailleurs été inscrit à l'ordre du jour du 30 mai par les sénateurs du groupe écologiste.

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« Ce texte est une première avancée majeure, dont on peut collectivement être fiers. Pour la première fois, l'Assemblée nationale adopte un texte sur le fléau des polluants éternels », a lancé dans la foulée de ce premier vote le député écologiste Nicolas Thierry, à l'origine du texte.

Cette adoption « est une première belle victoire sur le chemin de la sortie inéluctable des PFAS »« la mobilisation citoyenne a porté ses fruits », s'est par ailleurs félicité François Veillerette, porte-parole de Générations futures, une des associations les plus mobilisées sur cet enjeu.

Une loi qui interdirait de nombreux produits pollués

Pour rappel, cette proposition de loi prévoit d'interdire à partir du 1er janvier 2026 la fabrication, l'importation et la vente de tout produit cosmétique, produit de fart (pour les skis) ou produit textile d'habillement contenant des substances per- et polyfluoroalkylées, à l'exception des vêtements de protection pour les professionnels de la sécurité et de la sécurité civile.

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De nombreux ustensiles de cuisine contiennent des PFAS, notamment les poêles anti-adhésives. Mais une forte mobilisation de ses fabricants français, notamment de l'entreprise SEB, a conduit les députés à retirer ce type de poêles de la liste des produits interdits. Massivement présentes dans la vie courante (emballages alimentaires, textiles, automobiles...), les PFAS doivent leur surnom à leur cycle de vie très long et, pour certaines, à leur effet néfaste sur la santé.

Un fabricant français de PFAS visé par la justice

Une enquête judiciaire à l'écho médiatique certain. Des perquisitions ont été lancées ce mardi sur des sites des groupes chimiques Arkema et Daikin dans le cadre d'une enquête sur la contamination de la « vallée de la chimie », au sud de Lyon, par les PFAS, les polluants éternels.

Les perquisitions ont débuté dans la matinée sur « plusieurs sites » d'Arkema : à Pierre-Bénite (Rhône), sur un second site à proximité, et au siège francilien de Colombes (Hauts-de-Seine), a déclaré à l'AFP la direction, confirmant une information de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.

Ces perquisitions sont menées dans le cadre « de l'information judiciaire ouverte par le parquet de Lyon à la suite de la plainte avec constitution de partie civile de la commune de Pierre-Bénite du chef de mise en danger d'autrui », à l'automne 2023, a indiqué le parquet. Présents depuis des années sur la plateforme industrielle de Pierre-Bénite, Arkema et Daikin y produisent des polymères fluorés et manipulent à ce titre des PFAS, des substances quasi indestructibles.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 11/04/2024 à 11:04
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Alors qu'ils se gavent sur notre eau potable toujours plus chère et toujours moins bonne depuis des décennies, alors que l'on découvre des polluants éternels dans notre eau potable, comment croire des gens qui n'ont donné comme sens à leur vie que de...

le 11/04/2024 à 12:09
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Dans l'eau vous trouvez tout, c'est peu une historique des usages. On trouve des traces d'atrazine ici, même après interdiction vu que les produits migrent doucement dans les sols et ressortent pendant des 'siècles' (?). Même certaines eaux de source...

le 11/04/2024 à 23:06
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Il n y a pas que les polluants éternels dans nos eaux : pesticides , nitrates et molécule de plastique … on en trouve même amalgames sur nos organes …. Selon anses. Depuis 50 ans on paye nos environnements , nos sols, nos cours d eau et nappes phré...

le 12/04/2024 à 8:26
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Une preuve flagrante de plus de l'échec total de la société de consommation et par extension du régime oligarchique.

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