Loi sur les « polluants éternels » (PFAS) : la direction et les salariés de SEB vont manifester

La direction de SEB prévoit le déplacement de plus de 600 de ses salariés devant l'Assemblée Nationale mercredi prochain. Le groupe manifeste contre le projet de loi d'interdiction des PFAS, une catégorie de produits chimiques plus connus sous leur surnom de « polluants éternels », qui sera voté le jour suivant.
Le groupe SEB affirme que le vote d'une interdiction des PFAS menacerait prêt de 3.000 emplois.
Le groupe SEB affirme que le vote d'une interdiction des PFAS menacerait prêt de 3.000 emplois. (Crédits : Stephane Mahe)

La direction du groupe d'électroménager SEB, les syndicats et « plusieurs centaines » de salariés vont manifester mercredi devant l'Assemblée nationale, d'après le groupe lui-même. Le géant de l'électroménager va protester contre la proposition de loi écologiste qui vise à réduire l'exposition aux PFAS, dont le vote à l'Assemblée est prévu pour le lendemain, jeudi 4 avril. Quasi-indestructibles, les substances « per- et polyfluoroalkylées », ou PFAS, massivement utilisées dans l'industrie chimique, s'accumulent avec le temps dans l'air, le sol, les eaux des rivières, la nourriture et jusqu'au corps humain, d'où leur surnom de « polluants éternels ».

L'entreprise prévoit à ce stade près de 600 personnes à son rassemblement, fixé à 14 heures. Elle compte faire pression sur les élus lors des questions au gouvernement, avec comme principal message la menace directe que ferait peser la loi sur 3.000 emplois. Dans La Tribune Dimanche, le président de SEB Thierry de La Tour d'Artaise plaide pour que la France s'aligne sur les négociations à l'échelle de l'Union européenne, et ne prenne pas les devants sur la régulation.

Lire aussi« Trois mille emplois sont menacés par une proposition de loi » (Thierry de La Tour d'Artaise, président de SEB)

Bon PFAS et mauvais PFAS

Pour comprendre la polémique, il faut rembobiner de deux mois : l'agence européenne des produits chimiques (ECHA) a publié le 7 février une proposition pour restreindre l'usage des PFAS, une famille de plus de 12 000 composants chimiques. La consultation publique, à laquelle ont participé plusieurs industriels, a duré six mois de mars à septembre 2023, et un vote des 27 pays membres est attendu en fin d'année 2024. Sans attendre ce délai, une proposition de loi du député Nicolas Thierry (EELV), déposée le 20 février, vise à interdire à partir de 2025 la fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché de tous les produits contenant des PFAS entrant notamment en contact avec les denrées alimentaires, les cosmétiques, et les textiles.

Le président de SEB s'agace donc que le débat soit fixé avant la délibération européenne et accuse la proposition de manque d'analyse scientifique. Le groupe indique ne pas utiliser de téflon (un des matériaux visés par la loi) dans ses revêtements antiadhésifs et affirme que les PFAS qu'il utilise dans la fabrication des célèbres poêles Tefal ne présentent pas de danger pour la santé. Il défend ainsi que tous les PFAS ne soient pas mis dans le même sac, et plaide pour une distinction de nocivité. Il estime que « confondre des composants qui n'ont rien à voir entre eux aboutit à un non-sens ».

Des bus affrétés aux quatre coins de la France

Lors du rachat de la marque Tefal en 1968, le groupe « a décidé de fabriquer son propre revêtement », en utilisant une autre formule qui permet de coller le revêtement sur l'aluminium, et qui ne contient pas de PFOA, (acide perfluorooctanoïque), composant utilisé autrefois par la société Dupont et incriminé dans des pollutions, notamment aux Etats-Unis, a indiqué le groupe à l'AFP. La formule utilisée aujourd'hui par SEB contient du PTFE (polytétrafluoroéthène), un autre PFAS dont le groupe affirme qu'il ne présente pas de danger, et est « totalement inerte et insoluble ».

Des bus viendront de Lourdes (Hautes-Pyrénées), Selongey, Is-sur-Tille (Côte d'Or), Pont-Evèque (Isère), Rumilly (Haute-Savoie), Mayenne (Mayenne), Saint-Lô (Manche) et du siège d'Ecully (Rhône) pour manifester à Paris, selon la direction de SEB.

Commentaires 3
à écrit le 31/03/2024 à 22:54
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Comment faire confiance aux industriels qui polluent de façon totalement cynique pendant des décennies.

le 01/04/2024 à 13:26
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une loi de plus qui oblige a produire hors de france avez vous comptabilise le nombre d'emploi perdu en france et surtout le manque a gagner pour l'économie du pays les énarques qui passent leur temps a tout comptabiliser refuse de publier les mau...

à écrit le 31/03/2024 à 17:54
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Une nouvelle fois, malgré les manifestations paysannes, les parlementaires français vont prendre des décisions alors que l'UE n'a pas encore décidé sur le sujet considéré.... Pourvu que ça dure !

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