« Redonner au bac ses lettres de noblesse » (Jacques Grosperrin, sénateur LR)

ENTRETIEN — Le vice-président de la commission de la culture et de l'éducation au Sénat souhaite harmoniser les critères de notation de Parcoursup et propose la création d'une équipe spécialisée pour apaiser les craintes des élèves et leurs parents.
Jacques Grosperrin.
Jacques Grosperrin. (Crédits : © BADIAS/ANDIA.FR)

LA TRIBUNE DIMANCHE - Vous êtes, au Sénat, l'un des meilleurs connaisseurs des sujets d'éducation. Dans votre dernier rapport sur Parcoursup, vous pointez l'extraordinaire angoisse suscitée par ce système en dépit de ses progrès...

 JACQUES GROSPERRINJe vois déjà cette anxiété chez ma fille dont le fils va entrer en seconde. Le mot « Parcoursup » fait peur. Le dispositif a été mis en place dans la précipitation, les difficultés sont gravées dans la mémoire collective. Par exemple, le cas de bons élèves qui se sont retrouvés sans affectation. La loi ORE, en 2018, a été votée dans l'urgence. Édouard Philippe m'avait dit qu'il ne pouvait pas faire autrement. On le paie encore. Plus généra- lement, le stress de Parcoursup s'installe parfois dès l'entrée au lycée, il s'est substitué au stress et à la joie du bac qui survenaient au bout de la terminale.

Lire aussiÉducation : les familles désorientées par Parcoursup

Une meilleure information des élèves et des parents pourrait-elle apaiser les craintes? Les heures d'orientation promises par l'exécutif sont-elles au rendez-vous ?

Non, cela ne fonctionne pas. Le personnel de l'Éducation nationale est souvent de bonne volonté, mais on constate une recrudescence des salons d'orientation payants et du recours aux coachs individuels. Ces phénomènes signifient que le service public de l'accompagnement n'est pas adapté. Même la formation des accompagnateurs est insuffisante. Je propose la création d'une équipe spécialisée au niveau de chaque rectorat, qui couvrirait plusieurs établissements et qui pourrait enfin répondre aux élèves et à leurs parents.

Le comité d'éthique de Parcoursup demande une harmonisation des systèmes de notation entre les lycées, certains étant accusés de mieux noter que d'autres. Est-ce une bonne intention?

Oui, il faut des critères communs. Les jurys d'entrée dans le supérieur doivent pouvoir comparer équitablement les dossiers des élèves. Je souligne que c'était autrefois la fonction des épreuves du baccalauréat, avant la prise en compte du contrôle continu. Il faudrait donc redonner à ce diplôme ses lettres de noblesse et lui conférer davantage de poids dans Parcoursup.

J'aimerais que le ministère de l'Éducation nationale soit placé sous la tutelle de Matignon

L'affaire Oudéa-Castéra a montré que le lycée Stanislas contournait Parcoursup. Comment éviter les dérives de ce type?

Cela participe à la défiance des familles envers le système. Le gouvernement a annoncé des contrôles. Il faut y mettre les moyens et sanctionner. Le comité d'éthique de Parcoursup devrait s'en occuper. Je propose que tous les chefs d'établissement du supérieur signent une charte d'ouverture, qu'ils s'engagent en faveur de la diversité des recrutements. Beaucoup font des promesses mais cela ne se voit pas partout.

La ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, a-t-elle pris la mesure de ces enjeux, selon vous?

Ce n'est pas sa priorité. Je constate qu'elle a commencé par adapter les anciens projets de Gabriel Attal à sa manière, s'agissant des groupes de niveaux. On en revient donc à la cogestion avec les syndicats. Elle n'a jamais fait preuve d'une vision très engagée, ni à la Justice, ni au rectorat, contrairement à son prédécesseur et contrairement à son homologue de l'Enseignement supérieur. J'aimerais que le ministère de l'Éducation nationale soit placé sous la tutelle de Matignon. Cela rassurerait les parents et les élèves.

Quelle serait la première décision à prendre?

Il faut changer le nom de Parcoursup. Et renforcer les équipes qui le supervisent. Actuellement, le système ne tient que grâce au dévouement d'un ou deux hauts fonctionnaires.

Commentaires 2
à écrit le 11/03/2024 à 10:30
Signaler
Il n'y a pas de secret, du fait des progrès de la technologie, on a trop de jeunes pour trop peu de débouchés attractifs, le soutient à la démographie visant à la base de ne pas manquer de chair à canon...

à écrit le 10/03/2024 à 8:56
Signaler
"propose la création d'une équipe spécialisée pour apaiser les craintes des élèves et leurs parents" La gestion "pommade" qui empeste l'impuissance à plein nez et nous coute un pognon de dingue: "Vous ne l'aimez pas ? On va mieux vous l'expliquer ! E...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.