Sénatoriales : le flirt du Modem avec le RN dans les Pyrénées-Orientales

POLITISCOPE. La banalisation du RN est telle aujourd'hui dans la politique française que le traditionnel « arc républicain » semble s'être déplacé vers la droite toute. A l'image de la campagne des Sénatoriales dans les Pyrénées-Orientales...
(Crédits : EMMANUEL FOUDROT)

Le patron du Modem dans les Pyrénées-Orientales, Guy Toreilles, s'est-il trompé de partition pour les prochaines élections sénatoriales qui doivent se tenir le dimanche 24 septembre ? Celui qui ne manque jamais d'afficher sa proximité avec François Bayrou a clairement appelé à voter pour Marie Bach, la candidate RN, une adjointe au maire Louis Aliot. Cette fausse note, le patron du Modem local l'a émise dans une tribune qu'il a publié le 13 septembre dernier via un site local Ouillade : « Malheureusement, c'était prévisible, nous n'avons pas dans ce territoire de candidats à la hauteur venant de la Majorité présidentielle, donc, je ne vois que deux candidats possibles et intéressants pour ces sénatoriales, qui sont deux candidates ». Une candidate de droite, et donc, une candidate RN.

La banalisation du RN est telle aujourd'hui dans la politique française que le traditionnel « arc républicain » semble s'être déplacé vers la droite toute. Comme si « l'union des droites » chère à Patrick Buisson, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, était en train de se réaliser sous nos yeux sans grande réaction. Au sein du Modem local, ce soutien à la candidate RN aux prochaines sénatoriales est pourtant loin de faire l'unanimité. L'ancien adjoint au maire à la culture de Perpignan, Michel Pinell, a ainsi réagi dans un tweet : « Quand un Président Départemental du @MoDem se prononce en faveur d'une Adjointe au Maire « Rassemblement National », qu'en pensent les instances nationales ? @bayrou ».

Avant ce flirt poussé entre un responsable local du Modem et le RN, il y avait eu des signes avant-coureurs : ainsi, en novembre 2022, lors de l'organisation de cantonales partielles dans le canton Perpignan 10, le patron du Modem local avivait positionné des candidats, ce qui avait amené Louis Alliot, par ailleurs maire de Perpignan, à remporter la mise face à Mathias Blanc, le candidat socialiste qui avait été élu en juin 2021. Au-delà du symbole, cette perte de canton pour le PS avait fragilisé la majorité départementale d'Hermeline Malherbe. À l'origine, rappelons que le Premier ministre Jean Castex avait décidé de ne positionner aucun candidat de la majorité présidentielle lors des cantonales de juin 2021 pour éviter de faire élire des élus RN. Cela n'avait pas empêché l'un de ses proches, le sénateur LR Jean Sol, et par ailleurs conseiller départemental, à tendre la main au RN en se disant prêt à travailler avec le parti d'extrême droite dans une interview de France Bleu. Une tentation de rapprochement que La Tribune avait déjà relatée dans une précédente chronique.

À l'époque, le député de la majorité présidentielle, Romain Grau, avait été tenté de se rapprocher du Républicain Jean Sol à travers le projet d'une liste commune. C'est le conseiller politique Jean-Bernard Gaillot-Renucci, soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, qui avait tiré la sonnette d'alarme auprès du conseiller parlementaire de l'Élysée, Pierre Herrero. « C'est redescendu dans la demi heure à Perpignan, l'Élysée a fait appeler Romain Grau, le député a pris une soufflante », se souvient Jean-Bernard Gaillot-Renucci, qui revient aujourd'hui à la charge contre la multiplication des rapprochements avec le RN : « Il y a de nouveau une collusion entre l'extrême droite et des représentants de l'"arc républicain", avec ce rapprochement entre le RN et le représentant du Modem 66. » Pour que l'alerte soit la plus claire possible, le conseiller politique, à l'origine coordinateur des candidats d'En Marche pour les élections législatives dans les Pyrénées-Orientales, a d'ailleurs fait un tweet cette semaine à ce sujet en interpellant Stéphane Séjourné, le président de Renaissance, François Bayrou, le patron du Modem, et le président Emmanuel Macron : « J'avais cru comprendre que le combat contre le #RN était une priorité. Jusqu'à quand vont-ils tolérer les sorties inconsidérées du président départemental du @MoDem 66 ??? »

Cette irritation provient du silence assourdissant au niveau local de Frédérique Lis, la représentante de Renaissance, suite au soutien de Guy Torreilles à la candidate du RN : « J'ai pensé lancer une alerte enlèvement », ironise aujourd'hui Jean-Bernard Gaillot-Renucci, ancien patron de « la droite avec Emmanuel Macron », qui a pris ses distances avec le majorité présidentielle. De fait, les Pyrénées-Orientales, qui synthétise à la fois l'électorat ouvrier des Hauts de France et l'électorat qui a connu l'Algérie française qu'on trouve également en PACA, pourrait être un des laboratoires du rapprochement entre RN et partis républicains. D'ailleurs, alors que le LR Jean Sol est candidat à sa succession aux prochaines sénatoriales, son attachée parlementaire, Laurence Herlin-Lemaire, vient d'être recrutée par la mairie RN de Perpignan comme directrice de l'office de tourisme. Jean Sol s'est dit « outré et stupéfait que l'on puisse faire un amalgame politique de bas étage entre les élections sénatoriales et le choix de vie professionnelle et privée de l'une de [ses] collaboratrices qui exerce à temps partiel ». En attendant, dans les Pyrénées Orientales, les représentants de « l'arc républicain » multiplient les mains tendues en direction du RN. Sans que cela ne suscite une quelconque réaction au niveau national.

Marc Endeweld

Commentaires 6
à écrit le 17/09/2023 à 19:09
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Voyez vous çà ! Cela mange dans la même gamelle européenne mais, l'un avec la cuillère, l'autre avec la fourchette et le dernier avec ses gros doigts ! Le résultat sera le même pour les populations !

à écrit le 17/09/2023 à 11:18
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Ce qui importe, c'est de laminer la Gauche, et peut-être d'éviter la reconduction de Gérard Larcher à la tête du Sénat !

à écrit le 17/09/2023 à 10:55
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L'entente entre les partis politiques où le secret de Polichinelle alors qu'ils bouffent tous à la même gamelle.

à écrit le 17/09/2023 à 7:50
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Sauf erreur, il est fort probable que la RN soit plebicite en 27. Le micron aura tout fait pour cela. Que fera t-elle une fois a la timonerie ? Comme la meloni italienne, rien. Pourquoi ? Question puerile, tout simplement pour cause d'endettement. ...

à écrit le 16/09/2023 à 20:50
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Le plus grave c’est la banalisation de renaissance qui amène ce pays a la guerre

le 16/09/2023 à 21:08
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La concolte n’a aucune légitimité sur ce sujet.

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