Taxer davantage les sociétés d'autoroutes est « une option à l'étude », prévient Bruno Le Maire

Sous la pression de la dette, le gouvernement se résout à faire des économies et à dénicher des milliards où il le peut. Les bénéfices des sociétés d'autoroutes, en hausse grâce aux réformes fiscales d'Emmanuel Macron, sont ciblés.
Bruno Le Maire, lundi, aux assises des finances publiques.
Bruno Le Maire, lundi, aux assises des finances publiques. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Après avoir fait exploser le déficit public depuis trois ans, le gouvernement cherche des milliards. « L'option » d'une nouvelle taxation des sociétés d'autoroute « est à l'étude », a admis le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, ce mardi matin au micro de France 2. « S'il y a une décision », elle figurera dans le projet de loi de finances pour 2024, a-t-il prévenu.

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Lundi, le quotidien Les Echos avait révélé que le gouvernement avait obtenu le feu vert du Conseil d'Etat pour taxer davantage les sociétés d'autoroutes. Le gouvernement pourrait ainsi récupérer entre 2 et 3 milliards d'euros de recettes d'ici à 2030. Depuis 2018, ces sociétés ont réalisé des bénéfices nets plus élevés en raison de la baisse du taux d'impôt sur les sociétés, abaissé de 33% à 25% au cours du premier quinquennat Macron.

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« Il faudra encore faire des économies supplémentaires »

« C'est à l'étude, il faut bien regarder ce que dit le Conseil d'Etat, une taxation est possible. [...] Ensuite, cela ne peut être fait que si toutes les autres sociétés concessionnaires sont également taxées : les barrages hydroélectriques sont des concessions, l'aéroport de Paris est une concession, donc nous allons étudier cette option », a précisé le ministre de Bercy.

« Je veux simplement savoir à quoi sert cette taxe, ce qu'elle pourra financer, et surtout quel pourra être l'impact pour les autres concessions », a-t-il poursuivi.

Au-delà de cette petite cagnotte potentielle des autoroutes, « il faudra faire encore des économies supplémentaires, la meilleure façon de désendetter le pays, c'est de faire des économies », a martelé Bruno Le Maire.

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Une prévision de croissance maintenue pour 2023

Lundi, le gouvernement a indiqué à l'occasion des Assises des finances publiques avoir identifié « au moins 10 milliards d'euros d'économies » qui ne constituent qu'une « étape ». Elles contribueront à rééquilibrer des finances publiques très dégradées, potentiellement en diminuant les dépenses de santé ou des avantages fiscaux aux carburants.

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« Je maintiens la prévision de croissance » de 1% pour 2023, et « je suis lucide sur l'environnement économique. Il y aura une loi de programmation des finances publiques que nous présenterons fin septembre, nous verrons à ce moment-là quels seront nos prévisions de croissance », a-t-il ajouté. Pour rappel, la dette publique a atteint 2950 milliards d'euros fin 2022, soit 111,6% du PIB contre 98,1% avant la pandémie.

Le Maire prudent sur le rapport du COR

Le ministre a également été interrogé sur un rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR). Selon ce document, la réforme des retraites adoptée au forceps ne ramènera pas comme promis l'équilibre financier en 2030. «

Je prends cela avec beaucoup de prudence, ces évaluations changent tous les six mois. Je n'en retiens qu'une seule leçon : cette réforme des retraites était indispensable », a commenté Bruno Le Maire.

« J'ai entendu le président du Conseil d'orientation des retraites dire à longueur de présentation de la réforme devant les parlementaires qu'il n'y avait pas de problème de financement. Le même président revient plusieurs mois plus tard et nous dit, "il y a un énorme problème de financement des retraites" », a-t-il ajouté.

« Ce qui explique qu'il y ait un dérapage sur les équilibres financiers c'est une raison très simple : les pensions de retraite sont revalorisées sur l'inflation et augmentées plus vite que les salaires. Résultat, on a un déficit du régime des retraites qui est sans doute plus élevé que prévu », selon le ministre.

(Avec AFP)

Commentaires 11
à écrit le 20/06/2023 à 22:54
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Elon Musk appréciera cette ponction non prévue au contrat initial des concessions. Il veut toujours monter une usine en France ???

à écrit le 20/06/2023 à 21:14
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Surtaxer les sociétés concessionnaires va inévitablement conduire à l'augmentation du montant des péages autoroutiers français (parmi les plus chers en Europe - sinon les plus chers), ce sera donc les usagers qui en définitive devront mettre la main...

à écrit le 20/06/2023 à 19:41
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Et qui vas payer ces nouvelle taxe a votre avis :le consommateur.

à écrit le 20/06/2023 à 13:52
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Le bon peuple de gauche donc tolérant à toujours des idées de taxes et de normes pour les autres, pour lutter contre le réchauffement climatique et donc les inégalités. Ce même bon peuple hypertolerant qui change systématiquement les règles au milie...

à écrit le 20/06/2023 à 13:42
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"Le Maire prudent sur le rapport du COR :"Je prends cela avec beaucoup de prudence, ces évaluations changent tous les six mois". Ils avaient moins de prudence avec le COR. 2017 : Macron s’était engagé pendant sa campagne en 2017 à ne toucher ni...

à écrit le 20/06/2023 à 12:59
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Et arrêter de dépenser à tort et à travers, en distribuant des chèques pour tout, avec de l'argent qu'on n'a pas, il n'y pense pas ?

à écrit le 20/06/2023 à 12:48
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Effectivement taxer davantage les sociétés d’autoroute ne leur fera ni chaud ni froid puisque ce sont ceux qui les utilisent qui paieront !! Très fort ce Le Maire……. Il ferait mieux d’étudier à fond la sortie de contrat de gestion des autoroutes par ...

le 20/06/2023 à 16:12
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"la sortie de contrat de gestion" c'est simple, mais cher (les contrats sont blindés). Vous devez leur payer tous les bénéfices qu'ils devraient faire (majorés, ils calculent toujours large :-) ) d'ici la fin de concession et un préjudice aussi pour ...

à écrit le 20/06/2023 à 12:24
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Vraiment une maladie: on parle de baisse de la Dépense Publique puis on évoque d'éventuelle hausse de Taxes. Nul doute que ces rentrées financières ne vont pas boucher un déficit abyssal mais être l'occasion de nouvelles dépenses. Si seulement nos sa...

à écrit le 20/06/2023 à 9:37
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Mais oui c'est ça et à la place ils vont virer du personnel soignant, sinistres menteurs, et impossible de couper le son ! Par ailleurs il vaudrait mieux que les sociétés d'autoroutes investissent sur des murs anti-bruits et anti pollution histoire q...

le 20/06/2023 à 11:09
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un effet boomerang du quoi qu il en coûte ! crée l'indignation

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