Travail au noir : record de redressements en 2023, l'Urssaf veut frapper encore plus fort

La traque à la fraude aux cotisations sociales a rapporté 1,2 milliard d'euros aux caisses de l'Urssaf en 2023 contre 788 millions d'euros en 2022. En dix ans, le montant des redressements a quadruplé. Et Bercy ne compte pas s'arrêter là.
Grégoire Normand
L'Urssaf compte 1.500 inspecteurs en France.
L'Urssaf compte 1.500 inspecteurs en France. (Crédits : Reuters)

La chasse aux fraudeurs peut rapporter gros. Et Bercy n'a pas manqué de le mentionner. Sur l'année 2023, les services de l'Urssaf ont enregistré 1,2 milliard d'euros de redressements de cotisations dues à la sécurité sociale, soit 50% de plus qu'en 2022. A l'époque, les inspecteurs avaient infligé 788 millions d'euros de redressements aux entreprises et indépendants en tort. « Le bilan de la lutte contre le travail dissimulé en 2023 est historique », a déclaré le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, lors d'un point presse ce mercredi 13 mars.

L'objectif dans les années à venir est d'atteindre « 5 milliards d'euros » sur le quinquennat, a complété le ministre. En dix ans, le montant des redressements a quadruplé selon Bercy. A l'automne, le ministre avait déroulé les grands axes de la politique contre la fraude sociale et fiscale. Réunis à Bercy, une trentaine d'experts avaient lancé une série de travaux sous l'égide d'un conseil de l'évaluation de la fraude.

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814 millions d'euros de cotisations non déclarées

Sur les 1,2 milliard d'euros de redressements, une très grande part (814 millions) correspond aux cotisations patronales non déclarées. Le reste (362 millions d'euros) englobe les sanctions et majorations. Le montant moyen des redressements est d'environ 200.000 euros. Certaines entreprises ont par exemple bénéficié d'exemptions ou de baisses de cotisations indues. Au global, 91% des redressements concernent les employeurs et 9% les travailleurs indépendants. Comment expliquer une telle hausse en quelques années ? Ces résultats sont liés à « la mobilisation des agents et à des moyens humains, techniques et financiers supplémentaires », a avancé Thomas Cazenave. Le second levier « qui explique ces résultats est le recours au data-mining ».

Cette technologie permet «d'aller directement vers les entreprises les plus problématiques ». Bercy a également insisté sur le renforcement des pouvoirs des contrôleurs notamment dans les cyber-enquêtes avec des investigations sous pseudonyme. L'autre combat évoqué par le ministre est de cibler les fraudes à fort enjeu. « Il s'agit d'identifier les montants les plus importants ». Enfin, Bercy continue de garder un œil sur la fraude au travail détaché et pratiques frauduleuses des plateformes.

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Des efforts à faire dans le recouvrement

En dépit de ce montant record de redressements, les sommes effectivement recouvrées par l'administration sont bien moindres. L'année dernière, les sommes recouvrées se sont élevées à 79,6 millions d'euros contre 77 millions d'euros en 2022. Ce qui signifie que les montants redressés ont augmenté bien plus vite que les sommes recouvrées.

A Bercy, le ministre a bien conscience de ce décalage. « L'enjeu pour nous est de mieux recouvrer les sommes dues », a expliqué Thomas Cazenave. Lors de son intervention, le ministre a annoncé des efforts sur les moyens de contournement. « Il y a des procédures qui sont utilisées pour éviter de payer les cotisations comme les liquidations par exemple ». Le ministre a annoncé deux décrets au mois de mai :  l'un porte sur les liquidations et l'autre « sur la transmission universelle de patrimoine qui fait parfois l'objet d'abus ».

Le BTP, les services aux entreprises dans le viseur des contrôleurs

Dans leur travail, les inspecteurs de l'Urssaf ont concentré leurs investigations sur quelques secteurs en particulier avec des actions ciblées. Sans surprise, les redressements dans le bâtiment et les travaux publics culminent à des sommets (716 millions d'euros).

Viennent ensuite les services aux entreprises (270 millions d'euros) et enfin le commerce (49 millions d'euros). « Les 100 plus importants redressements liés à la lutte contre le travail dissimulé représentent 2,6 % des actions ciblées à l'égard des employeurs, mais totalisent 45 % des redressements globaux », souligne l'Urssaf. D'où l'intérêt pour les contrôleurs de mener des actions ciblées. Mais cela signifie aussi qu'une partie importante des fraudes échappe aux enquêtes de l'Urssaf. La lutte contre la fraude promet de donner encore du fil à retordre à l'administration.

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 L'Urssaf en quelques chiffres

En 2022, l'Urssaf a collecté 648 milliards d'euros de cotisations auprès de 11,2 millions d'usagers. L'année dernière, les inspecteurs ont mené plus de 6.000 actions ciblées et 28.000 actions de prévention auprès des entreprises. Sur l'ensemble des actions ciblées, 83% ont abouti à des redressements. Au total, l'Urssaf compte 1.500 inspecteurs dont 352 sont spécialisés dans le travail dissimulé.

Grégoire Normand
Commentaires 17
à écrit le 14/03/2024 à 21:25
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Bonjour a tout et a tous merci de cette commentaire en faite je suis commence travails avec un societies de nettoiyages 2001 janvier le mosseur il jetais responsable apres il ya un problems entre lui et le cheffe il a quitter le societies il a ouvri...

à écrit le 14/03/2024 à 21:24
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Bonjour a tout et a tous merci de cette commentaire en faite je suis commence travails avec un societies de nettoiyages 2001 janvier le mosseur il jetais responsable apres il ya un problems entre lui et le cheffe il a quitter le societies il a ouvri...

à écrit le 14/03/2024 à 21:24
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Bonjour a tout et a tous merci de cette commentaire en faite je suis commence travails avec un societies de nettoiyages 2001 janvier le mosseur il jetais responsable apres il ya un problems entre lui et le cheffe il a quitter le societies il a ouvri...

à écrit le 14/03/2024 à 17:59
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@henry : l'Etat français a un poids historique sans équivalent ailleurs et les problèmes actuels reposent essentiellement sur le fait que la classe politique a fait sa carrière sur le clientélisme à sens unique en faveur des boomers nés autour de 195...

à écrit le 14/03/2024 à 8:58
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EGALITE FRATERNITE ;rétablissons la justice fiscale A revenu égal charges EGALES supprimons TOUTES ces niches fiscales CHEQUES VACANCE TIKETS restaurant , participation ceci cela . les charges globales diminueront et le travail au noir sera moi...

le 14/03/2024 à 10:10
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Dans une niche, il y a généralement un chien méchant, prenons le cas des tickets restaurants, je vois d'ici le syndicat des patrons de restaurants menacer de supprimer des dizaines de milliers d'emplois, c'est comme ça que fonctionne le privé en Fran...

le 14/03/2024 à 13:49
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Une idée comme aux états unis, l'impôt rattaché a la nationalité ! Nous pourrions constater que les identitaire sont les premiers a faire de l'optimisation fiscale, ou de l'évasion fiscale ! C'est simple, et permettrai du coup d'avoir une assiette...

le 14/03/2024 à 18:34
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@gonzague : oui, c'était déjà ce que disaient ironiquement mes profs d'économie à propos de Mitterrand, qui se disait de gauche, mais qui à partir de 1983 avait ressuscité les rentiers, ce qui a fini par faire imploser le PS en 2017, quand la base mi...

à écrit le 14/03/2024 à 8:51
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G dénoncé un patron qui avait employé ma femme au noir en promettant pendant des mois un poste régularisé... Il l'avait notamment utilisée pour une video publicitaire sans aucune indemnité supplementaire. Ma femme avait quitté son job au bout de 10 m...

à écrit le 14/03/2024 à 8:10
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Et les riches qui ne payent toujours pas d'impôts ils font pas du noir H24 ?. Tout va bien.

à écrit le 13/03/2024 à 18:41
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Cela démontre, associé au pic fiscal, que le coût du travail est trop élevé et que l'offre de travail existe. L'offre de subventions confirme un coût du travail artificiel.

le 13/03/2024 à 19:02
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"cout du travail trop élevé " non ! sauf que les chefs d'entreprises font une fixation uniquement sur ce poste de charges en s'obstinant à surtout ne pas éplucher leurs comptes d'exploitation , ils y trouveraient de nombreuses sources d'économies .Un...

le 13/03/2024 à 19:11
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Ca démontre surtout: qu' au sein des entreprises tout le monde n est pas a la même enseigne comme pour les cotisation et taxes: LES PETITS TAXES A 44% ET LES GROS A 2-10%.. si chacun payait ce qu il doit la fiscalité et les cotisations seraient auss...

le 13/03/2024 à 20:19
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@Henry Malgré tout ce que vous pouvez dire, je ne vous souhaite pas d'avoir une retraite après que vous soyez tombé malade ou tombé au chômage pour obsolescence et je ne vous souhaite pas non plus d'avoir un besoin crucial de services publics de so...

le 13/03/2024 à 20:52
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@henry : pour des salaires voisins du Smic, dire "le smic est trop élevé" revient à dire en substance 'l'Etat ne rémunère pas suffisamment le travail à ma place"... Pour ma part, je ne serais pas hostile à une purge des employeurs pour dégager les ch...

le 14/03/2024 à 9:38
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@Tous: Je vous remercie tous pour vos commentaires. Il n'en demeure pas moins que notre pays est malade de l'impôt (cela date de l'Ancien Régime) et de l'insuffisance de ses Services Publics (Santé, Enseignement, Police, etc) et que nous faisons une ...

le 14/03/2024 à 13:42
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si l'on compte les sommes stratosphèriques qui sont données pour créer de l'emploi, disons que cela fait cher l'emploi! le coût du travail, ben en comptant les sommes données aux entreprises, c'est du sponsoring ! de plus, le nombre de chômeur indiqu...

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