Attaques houthies en mer Rouge : l'UE lance à son tour sa mission de protection du trafic maritime

Purement défensive, cette nouvelle force européenne pourra faire feu pour défendre les navires marchands ou se défendre elle-même, mais ne pourra pas viser des objectifs à terre, contre des positions des rebelles houthis au Yémen. À la différence de ce que font les Etats-Unis avec sa coalition internationale baptisée « Prosperity Guardian ».
Le Grèce assurera le commandement général de cette mission européenne, et l'Italie le commandement opérationnel en mer.
Le Grèce assurera le commandement général de cette mission européenne, et l'Italie le commandement opérationnel en mer. (Crédits : ministère des Armées)

Face aux attaques constantes des rebelles houthis en mer rouge, l'Union européenne a décidé de muscler son dispositif de protection des navires commerciaux passant dans cette zone. Ce lundi, l'UE a ainsi officiellement annoncé le démarrage d'une mission de protection du trafic maritime dans la zone.

Officiellement lancée par les ministres des Affaires étrangères de l'UE, cette mission baptisée « Aspides » (« bouclier » en grec ancien), embarque plusieurs pays dont la Belgique, l'Italie, l'Allemagne ou la France. L'Espagne a, en revanche, indiqué qu'elle n'y participerait pas.

« L'Europe va assurer la liberté de navigation en mer Rouge, en coordination avec nos partenaires internationaux », s'est ainsi félicitée la présidente de la Commission européenne Von der Leyen, sur le réseau social X. « Nous venons d'approuver le lancement de l'opération militaire navale Aspides dont l'Italie aura le commandement des forces », a confirmé, de son côté, le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani sur X.

Une force purement défensive

Les Vingt-Sept se sont mis d'accord dès janvier sur le principe d'une mission de surveillance et patrouille maritime en mer Rouge, à condition toutefois que son mandat soit purement défensif. Concrètement, cette nouvelle force pourra faire feu pour défendre les navires marchands ou se défendre elle-même, mais ne pourra pas viser des objectifs à terre contre des positions des rebelles houthis au Yémen, selon des diplomates.

Le Grèce assurera le commandement général de cette mission, et l'Italie le commandement opérationnel en mer, avait-on expliqué vendredi dernier, de source diplomatique européenne. Par ailleurs, la mission « Aspides » est prévue pour un an, éventuellement renouvelable. Mais celle-ci ne sera pas immédiatement opérationnelle : il appartiendra à son commandement de déterminer quand elle disposera de ressources suffisantes pour être totalement opérationnelle, ce qui devrait prendre « quelques semaines », selon un diplomate européen.

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Quoiqu'il en soit, une frégate allemande « Hessen » est déjà partie le 8 février en direction de la mer Rouge, avec un équipage de quelque 240 personnes. Elle sera en état d'alerte permanent et pourra répondre à d'éventuelles attaques avec des missiles, drones et « bateaux kamikazes » télécommandés. La Belgique a, elle, annoncé son intention d'envoyer sa frégate « Marie-Louise ». La France s'est dite prête à mettre l'une de ses frégates déjà présente en mer Rouge à disposition de la mission Aspides.

Une autre force internationale dirigée par les Etats-Unis

Face aux attaques houthies, les Etats-Unis ont, eux, mis en place dès le 18 décembre 2023 une force multinationale de protection maritime en mer Rouge. Baptisée « Prosperity Guardian », cette mission défend les navires sur zones, mais mène aussi des frappes répétées sur des cibles houthies au Yémen sans parvenir à mettre fin à leurs attaques, la dernière frappe ayant eu lieu samedi. Ce que ne fera pas la mission européenne. Sous commandement américain, cette force compte une vingtaine de pays, dont la France. Mais l'un de ses partenaires le plus important est le Royaume-Uni qui revendique plusieurs bateaux coulés appartenant aux rebelles yéménites.

Par ailleurs, les Etats-Unis accusent régulièrement l'Iran de soutenir les houthis. Jeudi dernier, l'armée américaine a affirmé avoir intercepté fin janvier une cargaison d'armes provenant d'Iran et destinée aux rebelles houthis. La cargaison comprenait des missiles balistiques, des explosifs, des composants de drones ou encore des assemblages de lanceurs de missiles guidés antichars.

Un nouveau navire britannique frappé ce lundi

De leur côté, les Houthis ont dit ce lundi avoir frappé un navire britannique dans le golfe d'Aden. La société de sécurité maritime Ambrey a signalé l'attaque d'un « vraquier battant pavillon bélizien, immatriculé au Royaume-Uni et exploité par le Liban », dans le détroit de Bab al-Mandeb, qui relie la mer Rouge au golfe d'Aden. Le navire se dirigeait vers le nord depuis les Emirats arabes unis et avait pour destination finale la ville bulgare de Varna.

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Ces factions rebelles, qui contrôlent de vastes régions du Yémen, affirment mener ces attaques en solidarité avec les Palestiniens dans la bande de Gaza, où Israël mène une guerre sanglante contre le Hamas palestinien en représailles à l'attaque sans précédent du 7 octobre sur le sol israélien. Ces attaques ont déclenché des frappes de représailles de la part des forces américaines et britanniques au Yémen, dont la dernière a eu lieu samedi.

Face à la poursuite des attaques, le Qatar a appelé ce lundi à un cessez-le-feu à Gaza, qui entraînerait l'arrêt des attaques des Houthis qui ont notamment perturbé les livraisons d'hydrocarbures. Le ministre de l'Energie du Qatar, Saad al-Kaabi, également PDG du géant public qatari des hydrocarbures QatarEnergy, a affirmé que la « racine du problème » en mer Rouge, était « l'invasion israélienne de Gaza ». « J'espère qu'un cessez-le-feu interviendra bientôt, afin de mettre un terme (aux attaques) et à leur impact économique sur le monde entier », a-t-il encore dit.

Les revenus du canal de Suez en chute

Désormais, une large partie du trafic maritime entre l'Asie du sud et l'Europe évite le canal de Suez et contourne l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance, ce qui rallonge d'environ deux semaines le trajet. Ainsi, les revenus du canal de Suez, l'une des principales rentrées en devises de l'Égypte, ont « baissé de 40 à 50% » depuis le début de l'année, a annoncé ce lundi le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi.

« Vous voyez ce qui se passe à nos frontières [...] avec Gaza, vous voyez le canal de Suez qui rapportait à l'Egypte près de 10 milliards de dollars par an, [ces revenus] ont baissé de 40 à 50% et l'Egypte doit continuer à payer des entreprises et des partenaires », a ainsi déclaré le dirigeant, lors d'une conférence aux côtés de compagnies pétrolières.

Selon le FMI, le transport maritime de conteneurs par la mer Rouge a chuté de près de 30% sur un an. Avant le conflit, entre 12 et 15% du trafic mondial transitait par cet axe, selon l'UE. Désormais, une large partie du trafic maritime entre l'Asie du sud et l'Europe évite le canal de Suez et contourne l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance, ce qui rallonge d'environ deux semaines le trajet.

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 20/02/2024 à 12:38
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Les Américains sont là bas pour déjà couvrir les arrières d'Israël dans son génocide ,puis les approvisionnement de puces, le pétrole pour l'Ukraine car sans pétrole point de guerre surtout que la Russie en regorge et puis surtout pour agiter la cap...

à écrit le 20/02/2024 à 12:32
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L UE ? Avec quelle armée ? L EU ne possede que des bateaux de passeurs via des associations .rien de plus

à écrit le 20/02/2024 à 9:37
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Les bombardements américains et anglais n'ont pas l'air de défriser beaucoup les Houthis, qui continuent vaille que vaille à lancer leurs engins high Tech. Ce qui devrait interpeller nos grands penseurs, nos grands statégistes de journaux, et la po...

à écrit le 20/02/2024 à 9:09
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Les Egyptiens nous dront merci...peut-être

à écrit le 20/02/2024 à 9:02
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Les Egyptiens nous dront merci...peut-être

à écrit le 20/02/2024 à 8:22
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Le piratage dans cette région du monde a toujours existé. J'ai vu un téléfilm norvégien il me semble qui le décrivait de façon totalement sereine comme si ça faisait partie du business international où l'on voyait des négociations entre pirates et ar...

à écrit le 20/02/2024 à 3:26
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L'OTAN à la conquête de la mer rouge.. au risque d'encourager un soutien turc et russe aux souverainistes yéménites.

à écrit le 19/02/2024 à 19:03
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[Le ministre de l'Energie du Qatar, Saad al-Kaabi, également PDG du géant public qatari des hydrocarbures QatarEnergy, a affirmé que la « racine du problème » en mer Rouge, était « l'invasion israélienne de Gaza »] Pourquoi, certains en doutent encor...

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