Bénéfices en hausse : 2024 s'annonce sous les meilleurs auspices pour les entreprises américaines

Plusieurs analystes s'attendent à des bénéfices en hausse de 11,1% en 2024 pour les entreprises du S&P500 américain. Une forte hausse par rapport à 2023 qui devrait justifier des niveaux de valorisation élevés après le rallye de fin d'année qui a fait monter le cours de la plupart des actions.
Selon les estimations des analystes compilées par LSEG, les bénéfices des entreprises de l'indice S&P-500 devraient augmenter globalement de 11,1% en 2024.
Selon les estimations des analystes compilées par LSEG, les bénéfices des entreprises de l'indice S&P-500 devraient augmenter globalement de 11,1% en 2024. (Crédits : Rick Wilking)

L'année 2024 devrait être une bonne année pour les entreprises américaines. Et pour cause, ces dernières devraient voir leurs bénéfices s'accélérer. Selon les estimations des analystes compilées par LSEG, les bénéfices des entreprises de l'indice S&P-500 - l'indice boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées sur les bourses aux États-Unis - devraient augmenter globalement de 11,1% en 2024, après une hausse modeste de 3,1% l'an dernier.

Une estimation bienvenue au vu des forts niveaux de valorisation actuels qui « exigent que les bénéfices affichent une forte croissance l'année prochaine » pour ne pas que les actions soient vues comme survalorisées, explique Sameer Samana, stratège marchés à Wells Fargo Investment Institute. En effet, le S&P-500 se négocie actuellement à 19,8 fois les bénéfices attendus sur 12 mois des entreprises qui le composent. C'est bien au-dessus de sa moyenne à long terme de 15,6, d'après les données de LSEG Datastream.

Vers une baisse des taux

A l'origine de cette hausse des valorisations des annonces de la Réserve fédérale américaine (Fed) ouvrant la voie à une baisse des taux d'intérêt cette année. Alors que les taux de l'institution se situent actuellement dans la fourchette de 5,25 à 5,50% suite au resserrement monétaire mené pour lutter contre l'inflation, les responsables de la Fed anticipent, désormais, majoritairement trois ou quatre baisses l'année prochaine, pour les amener à 4,6% fin 2024. Une politique plus accommodante qui a renforcé les arguments en faveur d'un affaiblissement du dollar, ce qui rendrait les produits des exportateurs américains plus compétitifs à l'étranger.

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De quoi donner le sourire aux investisseurs qui ont acheté en masse et permis aux trois principaux indices de Wall Street d'engrangé fin 2023 neuf gains hebdomadaires consécutifs, permettant au Dow Jones de terminer sur l'ensemble de l'année en hausse de 13,7%, tandis que le S&P-500 et le Nasdaq ont bondi respectivement de 24,2% et 43,4%.

L'inflation n'inquiète plus

Les marchés sont d'autant plus optimistes que la baisse de l'inflation ne semble plus être un motif d'inquiétude pour les entreprises américaines. Elle a, en effet, atteint, en novembre, son plus bas niveau depuis 2021 à 2,6%, selon l'indice PCE. Et c'est même mieux que prévu. « Le consommateur semble toujours en bonne forme, l'inflation s'améliore, l'emploi reste solide, les taux d'intérêt devraient baisser et les prix de l'essence à la pompe diminuent », énumère Gary Bradshaw, gestionnaire de portefeuille chez Hodges Capital Management. En outre, les « entreprises ont rationalisé leurs activités et les marges sont décentes », a-t-il ajouté.

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A noter aussi, les perspectives sur le potentiel de l'intelligence artificielle (IA) devraient continuer à soutenir les entreprises. « Si le rebond dans les nouvelles technologies a commencé au deuxième trimestre de l'année 2023, le reste du marché devrait suivre au cours de l'année à venir », écrivait en décembre Jonathan Golub, chef stratège actions américaines chez UBS Investment Research au sujet des bénéfices des entreprises. Pour preuve : le groupe des « Magnificent 7 », composé de valeurs à forte capitalisation boursière - Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvidia, Meta et Tesla - a représenté 62,18% du rendement total du S&P-500 en 2023, calcule Howard Silverblatt, un analyste spécialisé dans les indices.

Mais comme les prévisions de bénéfices pour 2024 s'appuient sur un alignement parfait d'un trop grand nombre de données, le doute reste permis pour certains analystes. « Le marché suppose un atterrissage presque parfait avec un ralentissement de l'inflation sans impact significatif sur la demande et le pouvoir de fixation des prix - ce qui n'est pas probable à notre avis », concluent ainsi les stratèges actions de JPMorgan dans leurs perspectives pour 2024.

Bénéfices en baisse pour le premier trimestre

D'autant que quelques ombres pointent au tableau. Sameer Samana note que l'effet persistant des taux d'intérêt élevés sur l'économie restera un sujet d'inquiétude pour 2024. Car le resserrement monétaire opéré par la Fed, même s'il semble bel et bien avoir pris fin, n'est pas sans conséquence pour la croissance américaine. Si les données officielles ont confirmé en décembre que celle-ci avait accéléré au troisième trimestre, avec un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 4,9% en rythme annualisé, le quatrième trimestre pourrait s'avérer plus difficile. Et ce, au regard des estimations de bénéfices publiés par certaines entreprises et des indications données pour le premier trimestre 2024 et le reste de l'année.

« Nous voyons clairement ces estimations (du premier trimestre) s'affaiblir à un rythme plus rapide », a ainsi déclaré Nick Raich, directeur général de The Earnings Scout. « Un groupe comme FedEx est un bon indicateur de l'économie mondiale », a-t-il ajouté. Or, l'action FedEx a chuté de 12,1% le 20 décembre, au lendemain de la publication par le groupe de livraison de colis d'un bénéfice trimestriel inférieur aux attentes des analystes et d'un abaissement de sa prévision de chiffre d'affaires pour l'ensemble de l'année.

Par ailleurs, la croissance estimée des bénéfices en rythme annuel des sociétés du S&P-500 pour le premier trimestre 2024 est désormais de 7,4%, contre 9,6% indiquée le 1er octobre, selon les données de LSEG. Pour le quatrième trimestre 2023, les bénéfices des sociétés du S&P-500 devraient avoir augmenté de 5,2%, ce qui constitue un ralentissement par rapport à la croissance de 11% observée le 1er octobre.

(Avec agences)

Commentaire 1
à écrit le 03/01/2024 à 18:45
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"le groupe des « Magnificent 7 », composé de valeurs à forte capitalisation boursière - Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvidia, Meta et Tesla - a représenté 62,18% du rendement total du S&P-500 en 2023, calcule Howard Silverblatt, un analyste spé...

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