Brésil : chute en trompe l'oeil des investissements chinois

En 2022, les investissements chinois ont chuté de 78% par rapport à 2021 à 1,3 milliard de dollars, soit le chiffre le plus bas depuis 2009. Un résultat qui s'explique par le temps pris par certains grands projets pour se concrétiser et qui contraste avec le nombre très élevé de projets ayant reçu des investissements chinois, au plus haut depuis 2018.
Le président brésilien Lula (à gauche) et son homologue chinois, Xi Jinping (à droite) à Pékin le 14 avril 2023.
Le président brésilien Lula (à gauche) et son homologue chinois, Xi Jinping (à droite) à Pékin le 14 avril 2023. (Crédits : Kyodo via Reuters Connect)

Pourquoi la Chine a-t-elle beaucoup moins investi au Brésil en 2022 ? L'année passée, les investissements chinois ont, en effet, chuté de 78% par rapport à 2021 à 1,3 milliard de dollars, soit le chiffre le plus bas depuis 2009, selon un rapport publié mardi par le Centre entrepreneurial Brésil-Chine (CEBC).

En outre, ce montant est presque cinq fois moins élevé que les 5,9 milliards de dollars enregistrés il y a deux ans, quand le Brésil était en tête du classement mondial des pays recevant des fonds chinois. En conséquence, le géant sud-américain a dégringolé à la neuvième place et a même été dépassé par son voisin argentin (1,34 milliard de dollars) en 2022.

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Rapprochement économique

Et ce alors que le Brésil et la Chine n'ont cessé de se rapprocher économiquement. Mi-avril, en visite à Pékin, le président brésilien, Lula, avait d'ailleurs déclaré vouloir « inviter Xi Jinping [le président chinois, ndlr] à venir au Brésil pour une réunion bilatérale, pour lui faire découvrir le pays et lui montrer des projets pour lesquels des investissements chinois nous intéressent ».

Les deux pays ont d'ailleurs scellé un accord fin mars qui a pour objectif de concurrencer le dollar dans les échanges commerciaux afin que les leurs ne se fassent que dans leurs propres monnaies. Lula a ainsi assumé vouloir « renforcer » la relation avec la Chine, premier partenaire économique du Brésil avec 150 milliards de dollars en 2022 d'échanges commerciaux entre les deux Etats dont 89,7 milliards de dollars exportés par les Brésiliens vers la Chine.

Un nombre record de projets ayant reçu des investissements chinois

La baisse des investissements chinois enregistrée en 2022 n'est donc pas le signe d'un éloignement de Pékin et Brasília. Cela « ne reflète pas un désintérêt de la Chine vis-à-vis des investissements au Brésil », a, en effet, assuré le CEBC, organisation qui vise à resserrer les liens entre les entreprises des deux pays. Cette dernière avance comme explication le fait que « de grands projets annoncés l'an dernier mettent du temps à se concrétiser, en l'attente des licences environnementales ». En effet, si le volume financier a chuté de façon vertigineuse, le nombre absolu de projets ayant reçu des investissements chinois a atteint un nouveau record: 32 en 2022, en augmentation de 14% par rapport à l'année précédente, au plus haut depuis 2018.

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Et malgré la baisse du montant des investissements chinois, le Brésil a pu bénéficier d'un flux important d'investissements étrangers qui ont presque doublé l'an dernier par rapport à 2021 (+95%), à 90,6 milliards de dollars, selon des chiffres de la Banque centrale brésilienne cités par le CEBC.

Remettre le Brésil « sur le chemin de la croissance »

Des fonds bienvenus dans ce pays que le gouvernement veut « remettre sur le chemin de la croissance ». En témoigne le plan annoncé mi-août par le président Lula. Baptisé « Nouveau Pacte d'Accélération de la croissance (PAC) », il consiste en un programme de grands travaux prévoyant des investissements publics et privés de 1.700 milliards de réais (près de 317 milliards d'euros). « Notre pays a besoin de crédibilité, de stabilité et de prévisibilité, et ce programme apporte ces trois ingrédients de base », a ainsi estimé Lula.

L'une des priorités de ce Nouveau PAC est de reprendre des chantiers déjà débutés, mais qui avaient été mis à l'arrêt en raison de difficultés financières dues notamment à la récession historique de 2015 et 2016. C'est donc dans le bâtiment qu'est prévu le plus gros volume d'investissement avec 610 milliards de réais, soit environ 114 milliards d'euros, dont plus de la moitié consacrée au financement de logements sociaux du programme Minha Casa Minha Vida, un des projets phare des mandats précédents de Lula. Le Nouveau PAC prévoit également quelque 540 milliards de réais (environ 100 milliards d'euros) investis dans l'énergie et 349 milliards de réais (environ 65 milliards d'euros) dans les transports.

(Avec AFP)

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