La Chine fait un pas vers les Etats-Unis et se dit prête à « renforcer la communication et le dialogue » avec Washington

Alors que les tensions entre les deux superpuissances sont à leur comble, le vice-ministre chinois Han Zeng a annoncé vouloir dialoguer à « tous les niveaux » avec les Etats-Unis, en vue d'apaiser la situation. Une rencontre entre les présidents chinois et américain devrait notamment avoir lieu à San Francisco la semaine prochaine.
Xi Jinping et Joe Biden devraient se rencontrer la semaine prochaine à San-Francisco.
Xi Jinping et Joe Biden devraient se rencontrer la semaine prochaine à San-Francisco. (Crédits : KEVIN LAMARQUE)

Serait-ce la fin du conflit entre la Chine et les Etats-Unis ? C'est ce qu'a laissé espérer Pékin ce mercredi 8 novembre.

« Nous sommes prêts à renforcer la communication et le dialogue avec les Etats-Unis à tous les niveaux, à faire progresser la coopération mutuellement bénéfique, à gérer correctement les différends et à relever conjointement les défis mondiaux », a, en effet, déclaré le vice-ministre chinois Han Zeng au Bloomberg New Economy Forum à Singapour.

Selon lui, les récentes réunions à haut niveau entre des responsables chinois et américains ont envoyé des « signaux positifs », indiquant une amélioration des relations bilatérales. Une déclaration pleine d'espoir au moment où le président américain Joe Biden a dit qu'il prévoyait de rencontrer le dirigeant chinois Xi Jinping, en espérant « une conversation constructive », en marge du sommet de l'Apec (Coopération économique pour l'Asie-Pacifique) qui se tiendra mi-novembre à San Francisco.

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Pékin n'a pas encore confirmé la rencontre, mais Han Zeng a répété ce mercredi, à la suite de Xi Jinping, que les relations entre Pékin et Washington étaient décisives pour « l'avenir de l'humanité. Le monde est suffisamment grand pour que les deux pays puissent se développer et prospérer ensemble », a-t-il ajouté.

Des relations au plus bas

Pour le moment néanmoins, les relations entre Washington et Pékin sont très dégradées et ont même atteint l'un des points les plus bas de ces dernières années sur de nombreux sujets, notamment le contrôle des exportations, les droits humains et la sécurité nationale.

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Taïwan est bien sûr au centre des tensions. La Chine a notamment annoncé que son armée était « en permanence à un niveau d'alerte élevé » le 2 novembre, au lendemain du passage dans le détroit de Taïwan de deux navires militaires, un Canadien et un Américain. Pékin considère Taïwan comme une province qu'il n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Et à ce titre, le pouvoir chinois ne reconnaît pas ce détroit comme faisant partie des eaux internationales. Pékin a intensifié ses menaces et les pressions politiques et économiques sur Taïwan depuis l'arrivée au pouvoir en 2016 de la présidente Tsai Ing-wen.

En septembre, la Chine a envoyé 103 avions autour de Taïwan en l'espace de 24 heures, ce que Taipei a qualifié de « record récent ». En octobre, le ministre taïwanais de la Défense a affirmé que, cette année, la Chine a intensifié son « intimidation militaire » en faisant voler un plus grand nombre d'avions de guerre autour de l'île et en accélérant le déploiement de missiles balistiques. Les autorités taïwanaises font état d'incursions quasi-quotidiennes d'appareils de l'armée chinoise au grand dam des Etats-Unis qui se portent garant de l'indépendance de l'île.

Ainsi, toujours en septembre, le Vietnam et les Etats-Unis ont mis en garde dans un communiqué commun contre « les menaces ou l'usage de la force » en mer de Chine méridionale, un message clairement adressé à Pékin. Par ailleurs, les Etats-Unis « s'engagent à continuer de soutenir le développement par le Vietnam de ses capacités de défense autonomes », dans ce texte signé par le président américain et le chef du parti communiste vietnamien Nguyen Phu Trong.

Mais le bras de fer entre les deux superpuissances est aussi économique. Alors que les Etats-Unis ont limité l'export de semi-conducteurs de pointe, véritables cerveaux de nos appareils, et même l'export de machines pour les fabriquer vers la Chine, Pékin a répondu en annonçant des limitation d'exportation de métaux stratégiques comme le gallium, le germanium ou encore le graphite, un matériau très important pour la fabrication de batteries pour véhicules électriques et dont la Chine représente 67% de la production mondiale et 90% de son raffinage.

Un besoin de commercer

Mais, après des années de refroidissement des relations, les deux pays semblent désireux de renouer le dialogue, avec l'envoi cette année par Washington de plusieurs hauts responsables à Pékin.

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Alors que la Chine a renforcé ses liens diplomatiques et économiques avec de nombreux pays en développement, mais aussi avec d'autres comme la Russie depuis la mis au ban du pays suite à son offensive en l'Ukraine en 2022, Pékin tente aussi de se faire des amis chez les pays occidentaux. Ainsi en novembre, le président chinois, Xi Jinping a rencontré son homologue australien Anthony Albanese en affirmant que Pékin espère « développer pleinement le potentiel du traité de libre-échange entre la Chine et l'Australie et entreprendre une coopération dans de nouveaux domaines dont le changement climatique et l'économie verte ».

Car l'ex-Empire du milieu a besoin d'augmenter ses échanges commerciaux. La chute des exportations chinoises s'est accélérée en octobre. Celles-ci accusent un recul considérable de 6,4% sur un an, selon des chiffres publiés par les Douanes du pays ce mardi. La baisse enregistrée en octobre est nettement supérieure au recul de 3,5% attendu par le consensus d'analystes réuni par Bloomberg. Et c'est aussi plus que le recul de 6,2% enregistré en septembre. À l'exception d'un bref rebond en mars et avril, les exportations n'ont cessé de diminuer depuis octobre 2022.

Les besoins économiques pourraient donc être une porte de sortie pour le conflit diplomatique entre Pékin et Washington. Mais en mai déjà, Joe Biden annonçait que les relations entre les deux pays devraient connaître un « dégel très prochainement ». Dégel qui se fait toujours attendre.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 09/11/2023 à 3:34
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Le problème avec la Chine, c'est que tout bénéfice à commercer avec eux, sera immanquablement dépensé dans la défense face aux visées expansionnistes du régime chinois !!! Les australiens n'ont qu'à regarder les dépenses nécessaires à leur défense, t...

à écrit le 08/11/2023 à 17:23
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On y croit...on y croit. Tous ensemble/Tous ensemble. 🤣

à écrit le 08/11/2023 à 14:38
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Il reste ce dernier front à ouvrir avec Taiwan pour achever l'Europe et faire comprendre aux US que le monde et la répartition des puissances a changer . je souhaite aussi bon courage aux israéliens quand les portes avions américain vont partir vers...

à écrit le 08/11/2023 à 13:45
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Pour mieux connaître la Chine, lisez les trois récits de Jean Tuan : "Un siècle chinois" (chez CLC Éditions) évoque le parcours de son père chinois arrivé en France en 1929, leur voyage en Chine en 1967 lors de la Révolution culturelle et les incroya...

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