Espagne : l'inflation se stabilise à 3,5% en octobre

Alors que l'Espagne était parvenue à revenir dans la cible des 2%, fixée par la BCE, l'inflation est repartie à la hausse. Elle se maintient désormais à 3,5% sur un an en octobre.
Pour freiner l'inflation, le Premier ministre socialiste, Pedro Sánchez, a multiplié les coups de pouce budgétaires, avec des baisses de TVA sur les produits de première nécessité et des réductions de taxes sur les carburants.
Pour freiner l'inflation, le Premier ministre socialiste, Pedro Sánchez, a multiplié les coups de pouce budgétaires, avec des baisses de TVA sur les produits de première nécessité et des réductions de taxes sur les carburants. (Crédits : JUAN MEDINA)

La bataille contre la hausse des prix à la consommation dans la péninsule ibérique semble loin d'être gagnée. Selon une estimation provisoire publiée ce lundi 30 octobre, par l'Institut national des statistiques (INE), l'inflation en Espagne se maintient à 3,5% en octobre sur un an.

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Ce taux, qui doit encore être confirmé, est égal à celui du mois de septembre et de 0,9 point supérieur à celui d'août (2,6%). En juin, l'Espagne était revenue pour la première fois depuis mars 2021 dans la cible de 2% fixée par la Banque centrale européenne (BCE).

Selon l'INE, le maintien de l'inflation en octobre reflète, d'une part, une tendance à la hausse des prix de l'électricité qui avaient fortement baissé il y a un an grâce au mécanisme dit d'« exception ibérique », par lequel l'UE autorise Madrid et Lisbonne à plafonner le prix du gaz utilisé dans la production d'électricité.

10% d'inflation durant l'été 2022

Dans le sens inverse, cette stabilité reflète aussi une baisse des prix des carburants, et un ralentissement de la hausse des prix des aliments et boissons non alcoolisées. L'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui permet les comparaisons avec les autres pays de la zone euro, s'est lui aussi établi à 3,5%, soit 0,3% point de plus qu'en septembre (3,2%), selon l'INE.

L'inflation sous-jacente, qui ne tient pas compte des prix de l'énergie et qui est corrigée des variations saisonnières, a quant à elle reculé de 0,6 point, à 5,2%, par rapport à septembre (5,8%). L'inflation en Espagne s'était envolée après l'invasion de la guerre en Ukraine, atteignant un pic de 10,8% durant l'été 2022. Cela a conduit le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez à multiplier les coups de pouce budgétaires, avec des baisses de TVA sur les produits de première nécessité et des réductions de taxes sur les carburants.

La publication de la première estimation de l'inflation intervient alors que, la semaine passée, l'INE a dévoilé sa première estimation de croissance au troisième trimestre. Elle a atteint 0,3%, soit 0,3 point de moins qu'au premier trimestre (0,6%), et de 0,1 point à celui du deuxième trimestre (révisé à la baisse à 0,4%). En revanche, le troisième trimestre est conforme aux dernières prévisions de la Banque d'Espagne.

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La décélération du troisième trimestre s'explique, selon l'INE, par la baisse de l'investissement des entreprises (-0,4%), mais aussi, et surtout, par la chute des exportations. Ces dernières ont reculé de 4%, et ce, alors qu'elles avaient déjà baissé de 3,3% au trimestre précédent.

L'Espagne, moteur de la croissance en Europe ?

Cette dynamique a été compensée par de bons résultats en matière de consommation des ménages. Celle-ci a progressé de 1,4%, après une hausse de 0,9% au trimestre précédent, dans un contexte de tassement de l'inflation. Le secteur des services - qui englobe le tourisme, dont dépend près de 12% du PIB espagnol - a connu une nouvelle fois une dynamique positive (+0,9% après +0,8% au deuxième trimestre), à la faveur d'une forte fréquentation estivale.

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L'économie espagnole a toutefois été plombée par de mauvais résultats dans le secteur industriel (-0,6%) et dans le secteur agricole, où l'activité s'est contractée de 3,4%, dans un contexte de sécheresse qui a fortement affecté les récoltes. Le ralentissement de l'activité ne devrait pas empêcher l'Espagne de conserver un rythme de croissance solide en 2023, quoique inférieur aux 6,4% de 2021 et aux 5,8% de 2022 - années marquées par un phénomène de rattrapage post-Covid.

D'après le gouvernement espagnol, qui a révisé sa prévision à la hausse mi-octobre, la croissance du PIB espagnol devrait atteindre 2,4% cette année. Cet objectif est proche des hypothèses retenues par le FMI (2,5%) et par l'OCDE (2,3%). « L'économie espagnole continue de croître avec force, dans un contexte international complexe », a insisté la ministre espagnole de l'Economie Nadia Calviño, en rappelant que l'Espagne s'en sortait mieux que nombre de ses voisins.

« L'Espagne est actuellement sans aucun doute l'un des principaux moteurs de la croissance en Europe », a ajouté Nadia Calviño, en insistant sur les bons résultats enregistrés par le pays sur le front de l'emploi.

D'après l'exécutif, cette croissance devrait ralentir l'an prochain tout en se maintenant à un niveau solide (2%), notamment grâce au déploiement du « plan de relance européen » post-Covid, dont l'Espagne est l'un des principaux bénéficiaires avec 140 milliards d'euros prévus d'ici 2026.

(Avec AFP)

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