Etats-Unis : l'inflation atteint 5,5% en novembre, le ralentissement se confirme

Le département du Commerce américain a publié, ce vendredi, son indice PCE évaluant l’inflation à 5,5% sur un an en novembre, aux Etats-Unis. Un chiffre plus faible que celui d’octobre où la hausse des prix avait été annoncé à 6,1%, toujours selon l’indice PCE.
La hausse des taux de la Fed semble porter ses fruits sur l'inflation américaine
La hausse des taux de la Fed semble porter ses fruits sur l'inflation américaine (Crédits : Jason Reed)

Bonne nouvelle pour les Etats-Unis! L'indice PCE, publié par le département du Commerce ce vendredi, affiche une inflation à 5,5% en novembre sur un an, soit un ralentissement de la hausse des prix par rapport à octobre (+6,1%), déjà marqué par une baisse. Sur un mois, la hausse n'est que de 0,1%, quand elle était de 0,4% en octobre, comme le prévoyaient les analystes.

Par ailleurs, d'après les dernières publications, les revenus outre-atlantiques ont progressé un peu moins que ce qui était prévu, de 0,4%, contre +0,7% le mois précédent. La hausse des revenus est liée à l'augmentation des salaires, précise le département du Commerce dans son communiqué.

 L'indice PCE est réputé pour être celui privilégié par la Réserve fédérale américaine (FED). L'autre indice de l'inflation américaine, le CPI, affiche une inflation de 7,1% sur un an en novembre contre 7,7% en octobre et 8,2% en septembre. Les deux indices affichent donc un ralentissement de l'inflation que Jerome Powell, le président de la Fed veut ramener à 2%. Une inflation qui est venue d'après de nombreux économistes de la reprise rapide de la consommation post pandémie de Covid-19 couplée à une pénurie de main d'oeuvre aux Etats-unis et une hausse des prix de l'énergie dans le monde.

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Une conséquence de la hausse des taux d'intérêts de la Fed

La politique de Jerome Powell porterait-elle ses fruits? C'est en tout cas ce que laisse imaginer cette baisse de l'inflation durant deux mois consécutifs. La Fed a en effet lancé une politique de hausse des taux depuis mars en montant rapidement ces derniers à 4,25 et 4,50%, soit leur niveau le plus élevé depuis 2007. Face aux bons chiffres de l'inflation, Jerome Powell a annoncé mercredi 15 décembre, une augmentation de « seulement » 0,5 point de pourcentage quand l'institution avait pris l'habitude de les relever de 0,75 point aux précédentes réunions.

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Néanmoins, ses responsables prévoient de les faire grimper au-delà des 5,00%, alors qu'ils anticipaient 4,6% lors des précédentes prévisions, publiées en septembre. Car, si l'inflation a montré un « ralentissement bienvenu » selon l'expression du président de la Fed, ce dernier a déclaré qu'« il faudra nettement plus de preuves pour être confiants dans le fait que l'inflation est bien sur une tendance à l'apaisement ».

La Banque centrale américaine table désormais sur une inflation de 3,1% en 2023, contre 2,8% auparavant et veut la ramener autour de 2%. Pour 2022, elle table sur 5,6%, contre 5,4% il y a trois mois.

 Du côté de l'Europe, l'inflation en zone euro culminait à 10% en novembre sur un an, après avoir atteint à 10,6% en octobre dernier, grâce à une accalmie des coûts de l'énergie. Un ralentissement qui a poussé la Banque centrale européenne à augmenter, jeudi 15 décembre ses taux directeurs de 0,5 point de pourcentage, contre 0,75 point en septembre et octobre. Le taux rémunérant les liquidités bancaires non distribuées en crédit remonte, ainsi, à 2% et celui sur les opérations de refinancement à court terme à 2,50%, au plus haut depuis fin 2008, a détaillé dans un communiqué la BCE.

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La menace d'une récession en 2023

Mais, si l'agressivité de la Fed semble juguler l'inflation après près de nombreux mois d'envolée des prix, sa politique devrait aussi toucher l'activité économique du pays. Le relèvement des taux directeurs qui rend plus difficile l'accès au crédit a aussi découragé les Américains de trop consommer, alors que débutait la saison des fêtes de fin d'année: la consommation ne croît que de 0,1%, contre 0,9% en octobre, comme attendu. Si les Américains ont ouvert plus largement leurs porte-monnaie pour consommer des services, ils ont réduit leurs achats de biens.

Jeudi, le département du Commerce a aussi publié les chiffres de la croissance au troisième trimestre qui s'établit à 3,2% en rythme annualisé. La croissance du PIB est de 0,8% si l'on compare simplement au trimestre précédent, comme le font d'autres économies avancées, contre 0,6% initialement estimé. Une bouffée d'air après que le PIB s'est contracté lors des deux premiers trimestres de l'année, reculant de 1,6% puis de 0,6%. Entre juillet et septembre, la consommation des ménages a été plus élevée qu'initialement estimée, de même que les investissements fixes non résidentiels, précise le département du Commerce.

Mais les perspectives futures n'en restent pas moins brumeuses voire sombre pour la première économie mondiale. « Malgré une hausse rapide des taux d'intérêt, l'économie est en croissance et, surtout, les ménages continuent de dépenser. Cependant, à l'avenir, en 2023, nous prévoyons une trajectoire de croissance plus lente, même si nous ne prévoyons pas de contraction de l'activité », souligne Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE. Des perspectives qui n'inquiètent pas Jerome Powell. « Je ne pense pas que quelqu'un sache s'il y aura ou non une récession », a-t-il déclaré. La politique de la Fed ne devrait d'ailleurs pas changer en 2023. « Même si la croissance ralentit à un rythme inférieur au potentiel (...) l'accent mis sur la réduction de l'inflation signifie que les taux resteront plus élevés plus longtemps l'année prochaine », estime Rubeela Farooqi.

En Europe aussi, la politique monétaire pèse sur la croissance de la zone monétaire et fait craindre le risque d'une récession, en rendant le crédit plus coûteux pour les ménages et les entreprises. Une chute de l'activité économique en particulier « à court terme en raison de la guerre contre l'Ukraine », a affirmé Christine Lagarde. L'économie devrait ainsi se contracter sur le trimestre en cours et au premier trimestre 2023, a confirmé la BCE, ce jeudi. Ainsi, elle prévoit que la croissance du PIB (Produit intérieur brut) atteigne 0,5% en 2023, contre 0,9% prévu en septembre, puis 1,9% en 2024 et 1,8% en 2025.

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(Avec AFP)

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