L'inflation va-t-elle changer le menu de Noël ?

Avec la hausse du coûts de l'énergie et une grippe aviaire sans précédent, les produits de Noël coûtent plus chers cette année. En moyenne, le foie gras et la volaille ont par exemple augmenté de 20% alors que les autres produits suivent, dans leur ensemble, la courbe de l'inflation. Des hausses qui font changer le comportement d'achat des français, surtout des plus modestes. Explications.
La viande constitue 24% du budget alimentaire, c'est la dépense la plus importante
La viande constitue 24% du budget alimentaire, c'est la dépense la plus importante (Crédits : Reuters)

Plutôt avec ou sans foie gras ? Cette année, les Français pourraient se poser la question pour le repas de Noël. Avec une hausse de son prix annoncée de 20% par la profession il y a un mois en raison de la grippe aviaire et de l'inflation, le foie gras pourrait être le grand absent du repas de fêtes. Il y a près d'un mois, l'institut Nielsen prévoyait qu'un Français sur deux allait moins dépenser à Noël et le premier poste impacté serait l'alimentation.

L'inflation a atteint 12% pour l'alimentation en novembre soit deux fois plus que l'inflation globale. A la veille du grand repas, y a-t-il un changement dans l'achat des produits alimentaires ?

Foie gras, volaille, bûche... les grandes envolées

L'inflation n'a pas épargné les produits de Noël, bien au contraire. Si le foie gras a augmenté d'environ 20% en moyenne, les volailles subiront la même augmentation. Une inflation couplée à la grippe aviaire, la plus grave jamais connue en Europe selon le dernier rapport de l'Efsa.

En France, ette épizootie, qui décime depuis plusieurs années poulets, canards et dindes dans les élevages, s'accélère à la faveur de l'hiver, et a conduit à l'euthanasie de près de deux millions d'oiseaux en décembre, portant à 3,3 millions le total des abattages en France depuis le 1er août. Les volailles tuées en grand nombre il y a quelques mois ont dû être vendues immédiatement, obligeant certaines personnes à acheter très à l'avance leur produit phare de Noël. « Ceux qui n'ont pas réservé de volaille à l'avance cette année risque de voir une forte augmentation des prix car la demande sera plus forte que l'offre au moment de Noël », prévient Pascal Hebel, directrice du département « Consommation » du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC).

Autre produit star des fêtes touché par l'inflation : la bûche. Avec l'augmentation des matières premières (œufs, beurre), les traditionnelles bûches pourraient saler l'addition. Difficile cependant de donner une fourchette d'augmentation, les prix étant très variables car les bûches sont souvent achetées chez des pâtissiers indépendants. Enfin, le prix du chocolat est aussi en hausse et continuera d'augmenter suite à l'interdiction dans l'Union européenne des produits importés issus de la déforestation.

Les poissons, coquillages et les alcools traditionnels comme les champagnes et les vins voient leur prix augmenter au même rythme que l'inflation.

Diminution des quantités et fait-maison

L'augmentation des prix généralisée a également modifié les comportements d'achats.

« En 2021, les prix étaient plus bas et on faisait Noël en petit comité avec le COVID donc on avait vu des hausses d'achat de produits rares et chers. Cette année, on voit que dans le contenu des assiettes, il y aura moins et on privilégiera plutôt le fait-maison », a confirmé Pascale Hebel.

La spécialiste rappelle que dans les périodes de forte inflation alimentaire, les consommateurs ont tendance à retirer les produits superflus. Les viandes seront donc sûrement sur la table car jugées importantes pour le repas de fêtes mais les friandises seront sans doute mises à l'écart.

Pour économiser en se faisant plaisir, de nombreux comptes ont fleuri sur les réseaux sociaux. Recettes allégées, réductions, dates courtes... les bons plans pour baisser la facture se multiplient. « Les nouveaux régimes alimentaires plus végétalisés (végan, végétarien, ndlr) vont changer la donne pour les fêtes. Les français veulent aussi manger moins lourd. Les comportements sont en train de changer de façon générale, pas seulement avec l'inflation. »

L'augmentation du prix de l'énergie touche aussi nos façons de cuisiner. Certains français privilégieront les cuissons plus rapides pour éviter de laisser le four allumé trop longtemps. « L'agneau de 7h c'est fini ! », sourit Pascale Hebel.

Les plus modestes sont les plus touchés

Si les prévisions avaient annoncé une baisse de la consommation des français avant les fêtes, le CREDOC a plutôt observé pour l'heure une stabilité dans les transactions. « Il y a une partie de la population qui n'a pas perdu son pouvoir d'achat. » Pour les autres, les difficultés ne risquent pas de s'arrêter. Les négociations entre distributeurs et industriels sont encore sur la table et l'inflation ne devrait pas baisser pour 2023.

L'Insee avait alerté en novembre dernier sur un risque d'augmentation de personnes dans les banques alimentaires cet hiver. Aujourd'hui, on compte entre 2 et 4 millions de personnes qui bénéficient de l'aide alimentaire.

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Commentaires 6
à écrit le 24/12/2022 à 17:08
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avec des augmentations de 15 voir 20 pour cent et plus sur certains produits comment bercy arrive t il a trouver une inflation a 6,5 pour cent? magouille mensonge nos dirigeants sont les champions !!! et ils voudraient qu,on leur donne quitus ...

à écrit le 24/12/2022 à 9:20
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Cette année mon réveillon ne coûte rien, mon billet SNCF est remboursé et j’ai un bon de 200 % , je ne me déplace et avec des amis on se fait un maxi réveillon aux frais de la SNCF

à écrit le 23/12/2022 à 16:15
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L'embûche de Noël.

à écrit le 23/12/2022 à 14:13
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Le pire est à venir, le changement est tellement important que tel un super tanker qui met des kilometres pour tourner, les effets se feront sentir dans 3 ou 4 ans, le temps que le mirage de l'empire français face place à la realité dans les assiette...

à écrit le 23/12/2022 à 13:22
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evidemment que les volumes vont tomber, on apprend a calculer ca en premiere annee microeconomie ( et plus tard dans les etudes marketing)

à écrit le 23/12/2022 à 10:49
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Vu la photo, pas trop envie de manger de cette bûche "ramollo" multicolore. A moins que ce ne soit pas de la bûche mais de la viande comme le sous entend la légende 🤣.

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