États-Unis : le scénario de la stagflation écarté

Malgré le rebond de l’inflation en février, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, n'anticipe pas de stagflation aux États-Unis. Elle fait plutôt confiance aux prévisions des analystes, qui tablent sur une baisse progressive de la hausse des prix « avec le temps ».
Janet Yellen, la ministre américaine de l'Économie et des Finances, s'affiche confiance sur une baisse de l'inflation.
Janet Yellen, la ministre américaine de l'Économie et des Finances, s'affiche confiance sur une baisse de l'inflation. (Crédits : SARAH SILBIGER)

Alors que l'inflation est légèrement repartie à la hausse en février outre-Atlantique, le gouvernement américain s'affiche néanmoins confiant pour la suite. « Je ne pense pas que nous allons assister à une stagflation », scénario qui serait synonyme d'une forte inflation et d'une croissance atone, a déclaré la ministre de l'Économie et des Finances de Joe Biden, Janet Yellen, sur la chaîne Fox Business, ce mercredi 13 mars.

« La plupart des prévisionnistes estiment que nous sommes sur la voie d'une baisse progressive de l'inflation avec le temps », a-t-elle ajouté.

L'inflation a rebondi en février à 3,2% sur un an, contre 3,1% en janvier, selon l'indice CPI publié ce mardi par le département du Travail. Elle a également accéléré sur un mois, à 0,4% contre 0,3%, tirée par l'essence, les billets d'avion et surtout le logement, « le principal contributeur », comme l'a souligné la ministre. Néanmoins, « dans de nombreuses régions du pays, les prix de location des appartements neufs ont dans l'ensemble diminué », a-t-elle indiqué, précisant qu'il faut « un certain temps » pour que ces baisses se traduisent dans les chiffres de l'inflation.

« Je m'attends donc à ce que le principal contributeur de l'inflation diminue cette année », a-t-elle ajouté.

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Un statu quo de la Fed attendu

Déjà écartée bien avant la parution de ces chiffres, une baisse du taux directeur de la Banque centrale américaine (Fed) ne devrait donc pas être au programme de sa prochaine réunion des 19 et 20 mars. Ses responsables ont prévenu qu'ils veulent être certains que l'inflation ralentisse durablement avant de commencer à l'abaisser, ce qui devrait rendre le crédit plus accessible et redonner un peu de marge de manœuvre financière aux ménages et aux entreprises. Leur but ultime est de ramener le taux d'inflation à 2%, un objectif qu'ils pensent atteindre néanmoins seulement en 2026.

Ce rebond de l'inflation « renforcera encore la prudence des responsables de la Fed », selon Kathy Bostjancic, cheffe économiste de Nationwide. Les acteurs du marché tablent d'ailleurs majoritairement sur une première baisse des taux au mois de juin, selon l'évaluation de l'entreprise financière, CME Group. Ryan Sweet, chef économiste pour Oxford Economics, évoque même « un scénario pessimiste » qui verrait la Fed « recommencer à relever les taux ». Une hypothèse qu'il juge néanmoins « possible mais peu probable ».

Pour rappel, dans le but de juguler la forte inflation, la Fed s'est lancée en mars 2022 dans un resserrement de sa politique monétaire. Elle a ainsi relevé ses taux de 5 points jusqu'en juillet 2023, les portant jusqu'à 5,25%-5,50%. Un rythme inédit qu'elle a depuis calmé, en les maintenant à ce niveau et sans encore enclencher de baisse. Une stratégie choisie également par la Banque centrale européenne (BCE) ou encore la Banque d'Angleterre (BoE), qui elles aussi réfléchissent au bon moment pour commencer à desserrer l'étau.

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Opération promotion de l'action de Joe Biden

Reste que, à huit mois de l'élection présidentielle aux États-Unis, où Joe Biden devrait affronter son prédécesseur Donald Trump, une inflation à la hausse n'est pas à l'avantage de l'actuel chef de l'État. C'est pourquoi sa ministre, en déplacement dans le Kentucky ce mercredi, a vanté son action pour développer aux États-Unis une industrie des énergies propres et des véhicules électriques, et rapatrier la production de semi-conducteurs, notamment.

« Les entreprises ont annoncé près de 650 milliards de dollars d'investissements dans les énergies propres et l'industrie manufacturière à travers le pays » depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche en janvier 2021, a-t-elle mis en avant.

Elle a précisé qu'avant l'adoption à l'été 2022 de l'Inflation Reduction Act, « les investissements dans les énergies propres dans (...) des régions qui dépendaient traditionnellement d'industries comme le charbon » s'élevaient à « 2 milliards de dollars par mois, contre 2,5 milliards de dollars dans d'autres endroits ». Désormais, ces investissements s'élèvent à « 4,5 milliards de dollars annoncés par mois » dans ces régions, contre « 3,5 milliards de dollars annoncés ailleurs », d'après une étude publiée mardi par le département du Trésor, a-t-elle affirmé.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 14/03/2024 à 11:30
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[Une baisse progressive de la hausse des prix « avec le temps »] Une façon peu orthodoxe pour dire que l'inflation va rester au-dessus de la cible des 2% pour un bon moment, et des analystes qui s'impatientent de voir arriver les assouplissements qua...

à écrit le 14/03/2024 à 11:11
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Que d'intermédiaires inutiles et couteux dans le monde payés par l'argent public c'est quand même pas croyable.

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