Fintech : le chinois Ant Group lance un plan de rachat d'actions, après de lourdes amendes

Alors que le chinois Ant Group, propriétaire du système de paiement Alipay, a été condamné vendredi à plus de 900 millions d'euros d'amende par le régulateur chinois, le géant du numérique a annoncé samedi un plan de rachat d'actions pour permettre à certains investisseurs de réduire leur participation. Pour rappel, les autorités avaient vu d'un très mauvais oeil qu'une société privée puisse avoir un tel poids dans le système financier, et ne soit pas soumise à la même réglementation que les banques.
(Crédits : SUN YILEI)

Au lendemain de l'amende de 900 millions d'euros infligée par les autorités de Pékin, le géant du numérique chinois Ant Group a annoncé samedi un plan de rachat d'actions pour permettre à certains investisseurs de réduire leur participation.

Leader mondial des paiements numériques, Ant Group a été condamné vendredi pour des « actes illégaux et réguliers » commis ces dernières années notamment dans l'activité bancaire et la protection des consommateurs, selon le régulateur chinois.

Ant Group a déclaré samedi avoir l'intention de racheter jusqu'à 7,6% de ses actions dans le cadre d'un plan valorisant le groupe à 567,1 milliards de yuans (78,5 milliards de dollars), soit moins d'un quart de son évaluation à 315 milliards de dollars en 2020 quand l'entreprise avait tenté s'introduire en Bourse à Hong Kong.

« Les actions rachetées seront transférées dans les plans d'intéressement pour les employés d'Ant Group pour attirer les talents », a déclaré la société. « La proposition de rachat permettra aux investisseurs de récupérer des liquidités s'ils le souhaitent ».

Dans le collimateur des autorités

Ex-filiale finance et paiement du géant du e-commerce Alibaba, Ant Group est le propriétaire d'Alipay, un système de paiement par téléphone incontournable en Chine, où l'argent liquide est désormais peu utilisé. L'entreprise propose également des services financiers.

L'amende de 7,1 milliards de yuans (environ 900 millions d'euros) qui lui a été infligée signe la fin des déboires d'Alibaba. C'est d'ailleurs l'une des amendes des plus élevées jamais prononcée pour une société technologique en Chine. Les autorités avaient vu d'un très mauvais œil qu'une société privée puisse avoir un tel poids dans le système financier, et ne soit pas soumise à la même réglementation que les banques.

Ant Group, qui espérait réaliser fin 2020 l'une des plus grosses entrées en Bourse de l'histoire, s'était retrouvé dans le collimateur des autorités. Elles avaient stoppé 48 heures avant l'événement une gigantesque levée de fonds alors estimée à 34 milliards de dollars.

Le mois suivant, Alibaba, alors sa maison-mère, était visé par une enquête pour entrave à la concurrence, puis condamné à une lourde amende de 2,3 milliards d'euros.  Ces mesures avaient marqué le début d'un brutal durcissement de la réglementation dans le secteur technologique, qui avait fortement pénalisé la rentabilité des géants du numérique.

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Le pouvoir serre la vis

Depuis 2020, le pouvoir se montre intransigeant contre les entreprises du numérique, en particulier sur les questions de collecte et de protection des données personnelles, les pratiques anti-concurrentielles mais également les levées de fonds à l'étranger. Ainsi, en 2021, Didi, le « Uber chinois » avait été condamné  par le régulateur à une amende d'environ 1,2 milliard d'euros notamment pour des infractions en matière de données personnelles.

Le tour de vis visant la tech en Chine a fait perdre ces dernières années au secteur des milliards de dollars de capitalisation boursière.

Le concurrent d'Ant Group Tencent, propriétaire du populaire WeChat Pay, a quant à lui écopé de 379 millions d'euros d'amende pour des infractions. Deux condamnations qui illustrent l'intransigeance du pouvoir chinois envers les entreprises du numérique.

 (Avec AFP)

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