Alibaba va-t-il définitivement perdre un de ses actionnaires de la première heure ? Le colosse japonais des investissements dans les nouvelles technologies, SoftBank Group, a décidé de vendre la quasi-totalité de ses parts restantes pour limiter son exposition à la Chine, rapporte jeudi le Financial Times. Il pourrait désormais n'en détenir plus que 3,8% in fine, selon le quotidien britannique.
Ces informations, si elles n'ont pas été commentées par SoftBank, s'inscrivent dans un mouvement initié l'an dernier. En 2022, le groupe nippon avait déjà vendu une énorme portion de ses actions du géant du e-commerce chinois pour 29 milliards de dollars, réduisant sa part au capital de 23,7% à 14,6%.
Alibaba a perdu 3,5% en Bourse
Selon le quotidien britannique des affaires, qui s'appuie sur des documents remis à la SEC, le gendarme boursier américain, il aurait déjà vendu pour plus de 7 milliards de dollars (6,3 milliards d'euros) d'actions Alibaba par le biais de contrats à terme prépayés, depuis le début de l'année.
Une porte-parole de SoftBank Group interrogée par l'AFP a refusé de commenter ces informations, tout en rappelant que monétiser des actifs pour améliorer sa situation financière faisait partie de la stratégie du groupe.
Les informations dévoilées par le Financial Times ce jeudi ont eu des répercussions immédiates sur les marchés financiers. En matinée, le titre d'Alibaba a perdu 3,5% à la Bourse de Hong Kong, tandis que SoftBank Group reculait plus légèrement à Tokyo (-0,28% à la pause de mi-séance).
Un secteur de la tech chinois fragilisé
Le retrait quasi total de SoftBank intervient au moment où l'action d'Alibaba est à son niveau le plus bas depuis six ans. Le 23 février dernier, le géant chinois avait annoncé une hausse de seulement 2% sur un an de son chiffre d'affaires trimestriel, à 34 milliards d'euros. Ce chiffre marque un net ralentissement par rapport à la croissance qu'il affichait auparavant.
Le groupe avait notamment invoqué « une demande plus faible et des perturbations dans la chaîne d'approvisionnement et la logistique liées à l'impact » de la fin de la politique de mesures strictes contre le Covid-19 en Chine. Sur le trimestre précédent, Alibaba avait annoncé 2,7 milliards d'euros de pertes.
À l'instar d'autres géants chinois du numérique, Alibaba est échaudé depuis 2020 par une reprise en main du secteur de la tech en Chine. En 2022, le chiffre d'affaires total des sociétés internet chinoises a diminué d'un peu plus de 1%, à 1.460 milliard de yuans (196 milliards d'euros), la première contraction en près d'une décennie, selon les données du ministère chinois de l'Industrie et des Technologies de l'information.
Alibaba se restructure
Cette année-là, Pékin avait stoppé une gigantesque entrée en Bourse à Hong Kong de sa filiale de paiement Ant Group, 48 heures avant l'événement. Le mois suivant, Alibaba était visé par une enquête pour entrave à la concurrence. Ces déboires avaient fortement pénalisé sa rentabilité en 2022.
Le pouvoir chinois semble toutefois adopter ces derniers mois une position plus conciliante envers le secteur. Les autorités chinoises ont finalement donné leur feu vert à Ant pour une levée de fonds de plus d'un milliard d'euros à Hong Kong.
Pour se relancer, Alibaba a entrepris en mars une restructuration historique. Le géant du e-commerce prévoit ainsi une séparation de ses activités en six entités distinctes, chacune ayant un PDG et un conseil d'administration. Il s'agit du « plus important remaniement en termes de gouvernance en 24 ans » d'existence du groupe, qui vise ainsi une organisation plus « agile », a assuré l'entreprise basée à Hangzhou (est).
Le groupe est un poids lourd du secteur de la tech chinoise, avec des activités dans le e-commerce, la logistique, l'informatique en nuage (cloud computing), les médias, les divertissements et l'intelligence artificielle.
« Le marché est le meilleur test, et chaque entité pourra procéder à des levées de fonds indépendantes et à une introduction en Bourse quand elle sera prête à le faire », avait indiqué le patron du groupe, Daniel Zhang, dans une lettre à ses employés, fin mars.
Taobao, plateforme de vente en ligne très populaire en Chine, continuera d'être détenue à 100% par le groupe Alibaba. Cette restructuration permettra de « créer de la valeur pour les actionnaires et stimuler la compétitivité du marché », a assuré dans un communiqué le groupe. Daniel Zhang restera le PDG de l'ensemble, mais aussi de l'unité dédiée au cloud computing.
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