Inflation : la Fed prête à calmer le jeu sur la hausse des taux

Au cours de sa dernière réunion, le Comité monétaire de la Fed ouvre la porte à une détente de sa politique monétaire de hausse marquée des taux. Certains de ses membres craignent les conséquences sur l'économie et l'emploi d'un durcissement monétaire trop durable. Une communication saluée à Wall Street.
La Fed tient sa prochaine réunion monétaire les 13 et 14 décembre.
La Fed tient sa prochaine réunion monétaire les 13 et 14 décembre. (Crédits : Jason Reed)

Le compte-rendu de la dernière réunion du Comité monétaire de la Fed laisse entrevoir une lueur d'espoir. La plupart de ses membres considèrent qu'un ralentissement des hausses de taux sera « bientôt opportun ».

En effet, « un rythme plus lent des hausses de taux devrait permettre au Comité de mieux évaluer les progrès » de la lutte contre l'inflation, rapporte la Banque centrale dans le document. « Une substantielle majorité des participants estime que ralentir le rythme de hausses des taux pourrait bientôt être opportun ».

Débat interne au Comité monétaire

La Fed reste pourtant sur quatre relèvement d'affilée des taux d'intérêt au jour le jour de l'ordre de 0,75%. Ils se situent désormais de 3,75% et 4%. Cette remontée des taux directeurs entraîne un durcissement des conditions d'emprunt dans l'économie réelle, des ménages aux entreprises, qui pèse sur l'activité économique, l'emploi et amplifie le risque de récession.

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Un débat semble se faire jour au sein de l'instance où certains membres s'inquiètent aussi des conséquences d'un durcissement monétaire trop durable et trop brutal sur le système économique et financier.

« Il y a un risque que la restriction cumulée de la politique monétaire dépasse ce qu'il est nécessaire de faire pour ramener l'inflation à 2% », relèvent certains membres, faisant « remarquer que la poursuite rapide du resserrement monétaire a augmenté les risques d'instabilité et de dislocation du système financier ».

Léger essoufflement de l'inflation américaine

Le Comité monétaire (FOMC) n'entend pas pour l'instant faire totalement marche arrière sur cette politique de resserrement monétaire dans un contexte où « l'inflation ne montre que peu de signes de ralentissement ». A noter que cette réunion se tenait une semaine avant la publication de l'indice CPI qui montrait bien un léger fléchissement des prix à la consommation. « Ils continuent à anticiper que des augmentations de taux vont se poursuivre jusqu'à ce que l'on atteigne une zone suffisamment restrictive pour dompter l'inflation », rappelle le compte-rendu.

Concernant la prochaine réunion de la Fed des 13 et 14 décembre, les marchés sont déjà largement convaincus à 75%, avant la parution de ce compte-rendu, que la Fed ne procédera qu'à une hausse de l'ordre de 50 points de base maximum, selon les calculs de CME sur les marchés à terme.

En Europe, la Banque centrale européenne doit publier ses « minutes » ce jeudi à 13 heures (heure de Paris), à savoir le compte-rendu  de sa dernière réunion monétaire. D'après une enquête de Reuters, la BCE s'apprête à procéder à un relèvement modéré de 50 points de base de ses taux directeurs le mois prochain alors que la hausse cumulée atteint 200 points de base depuis juillet.

Une nouvelle saluée à Wall Street

La communication de la Fed a donné le sourire aux investisseurs américains. Dans un marché peu fourni à la veille de la fête de Thanksgiving, l'indice Dow Jones a gagné 0,28% à 34.194,06 points, le Nasdaq, à dominante technologique, a progressé de 0,99% à 11.285,32 points et l'indice élargi S&P de 0,59% à 4.027,26 points. Même chose en Asie. Jeudi, à la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a pris 0,95% à 28.383,09 points et l'indice élargi Topix a progressé de 1,21% à 2.018,80 points. La Bourse de Hong Kong également était dans le vert, son indice Hang Seng gagnant 0,61% vers 07H00 GMT, malgré un nouveau record d'infections quotidiennes au Covid-19 en Chine.

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Septième hausse des taux en Corée du Sud

La banque centrale de Corée du Sud a annoncé jeudi la septième hausse consécutive de son taux directeur, relevé de 25 points de base à 3,25%, son plus haut niveau depuis 2012. Cette hausse a été décidée « en tenant compte globalement de l'atténuation des risques dans le secteur des changes et de la contraction des marchés financiers à court terme », a expliqué la Banque de Corée (BOK) dans un communiqué. Depuis août 2021, le taux de la BOK a été relevé de 2,75 points de pourcentage dans le sillage des resserrements monétaires de la Réserve fédérale américaine (Fed), pour prévenir les fuites des capitaux étrangers et stabiliser le won, actuellement au plus bas. La dépréciation du won aggrave les effets de l'inflation en Corée du Sud, qui doit importer presque toute son énergie. Les prix à la consommation ont bondi de 5,7% sur un an en octobre. Selon la BOK, l'inflation devrait se maintenir aux alentours de 5% « pour un certain temps » avant de s'atténuer, à +3,6%, en 2023. La Banque centrale estime que l'économie de la Corée du Sud, la quatrième économie d'Asie, devrait connaître une croissance de l'ordre de 2,6% en 2022. Elle a par ailleurs abaissé à 1,7% sa prévision de croissance pour 2023, contre 2,1% auparavant, en raison du « ralentissement économique mondial et la hausse des taux d'intérêt ».

(avec AFP)

      

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