
Si la demande mondiale de pétrole va atteindre un record historique cette année, à 102 millions de barils par jour (mb/j), le principal contributeur à cette hausse sera le kérosène. Sur les 2,2 mb/j supplémentaires de brut qui devraient être consommés en 2023 par rapport à 2022, 57% (1,17 mb/j) le seront sous forme de carburant pour avions, estime l'Agence internationale de l'énergie (AIE), dans son dernier rapport mensuel.
En 2022, le kérosène avait déjà été le principal facteur de la hausse de la demande mondiale de brut, avec une hausse des besoins de 19%, dans le sillage de la reprise économique mondiale et la reprise du trafic aérien. Mais son volume ne représentait que 77% du niveau de consommation de 2019. Cette année, il devrait représenter 92% de ce niveau d'avant Covid, selon l'AIE.
La fin de « zéro Covid »
La raison de cette soif se trouve dans le ciel chinois où les vols d'avions se sont intensifiés depuis le début de l'année, après la décision prise par les autorités chinoises en novembre de mettre fin aux conditions très restrictives de sa politique « zéro Covid ».
En retrouvant leur liberté de mouvement, nombre de Chinois ont recommencé à voyager, frustrés par les mois de stricts confinements liés à la pandémie. Un pic a été atteint au cours de la période du Nouvel An chinois (7 janvier-15 février), la célébration de l'évènement étant propice aux retrouvailles familiales. Près de 1,6 milliard de déplacements (routier, ferroviaire, maritime et aérien) ont été enregistrés durant la période des festivités. Pour le seul secteur aérien, le trafic est déjà revenu à son niveau d'avant la pandémie. Les vols intérieurs quotidiens sont passés en moyenne de 4.000 début décembre à 13.000 en février, un chiffre bien supérieur au 10.000 observés en 2019. Une différence qui se retrouve dans la consommation de kérosène. Après avoir chuté de 31,3% en 2022, la demande chinoise devrait s'envoler de 68,7% (voir graphique), pour atteindre 857.000 b/j en 2023, alors que sa demande de pétrole progresse de 6,4%.
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Ce décollage de la Chine se retrouve dans le ciel mondial, où la progression du nombre de vols entre décembre 2022 et février 2023 est passée en moyenne de 99.800 vols par jour à 107.600 vols, selon le décompte de FlightRadar24.
Car le trafic aérien s'intensifie non seulement la Chine, mais sur l'ensemble de la zone Asie-Pacifique, puisque en cumulé leur part représentera 60% de la hausse de demande mondiale du kérosène.
« En termes de demande de pétrole, nous assistons actuellement à un élargissement de l'écart entre les pays occidentaux et l'Asie, en particulier la Chine qui continue de se remettre de sa période de verrouillage prolongée », confirme Ole Hanssen, responsable de la stratégie Matières premières chez Saxo.
Effet post-pandémie
Toutefois, il pourrait y avoir un effet post-pandémie. L'AIE note ainsi que le nombre de vols ne reflète pas la même corrélation avec la demande de kérosène de 2019, et ce, pour deux raisons. La première réside dans la baisse du nombre des vols long courrier à l'échelle internationale, et la deuxième dans l'efficience énergétique des nouveaux modèles d'avions qui vont consommer 20 à 40% de carburant de moins que les modèles précédents.
Finalement, même si le volume du trafic mondial devrait revenir à la fin du deuxième trimestre 2023 à son niveau de 2019, selon les projections de BloombergOAF, la demande de kérosène, estimée à 7,5 mb/j pour le dernier trimestre de l'année 2023 par l'AIE, ne représentera que 94% de celle de la même période de 2019.
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