Si la reprise économique commence à se vérifier dans les chiffres, avec une croissance mondiale attendue à 5,8% en 2021 (selon l'OCDE), qu'en est-il de l'état d'esprit des citoyens sur les perspectives d'avenir ? Premier constat, l'optimisme domine, selon une enquête menée par le centre américain Pew Research Center publiée le 21 juillet. En effet, la situation économique est globalement perçue plus positivement cette année que l'an passé, année noire pendant laquelle les frontières se sont fermées pour stopper la propagation du coronavirus. Un bémol toutefois : la proportion d'individus confiants reste bien souvent inférieure à son niveau d'avant-crise.
Premier pays champion, l'Australie est l'Etat où la confiance est repartie le plus fortement : 74% de la population portent un regard positif sur la conjoncture économique actuelle, soit deux fois plus qu'en 2020.
18% d'optimistes : un chiffre récurrent en période de crise
En France, et c'est plus surprenant, la proportion d'individus optimistes dépasse à peine le quart de la population (26%) en 2021. Cette part d'optimistes était logiquement encore plus faible en 2020, en pleine crise Covid, pendant laquelle elle concernait 18% de Français. Un niveau similaire observé à celui de 2008 - pendant la crise financière - et en 2012 lors de la crise des dettes souveraines en Europe (voir tableau ci-dessous).
En 2021, la France reste donc l'un des pays les plus pessimistes d'Europe. Seuls nos voisins italiens (12%) et espagnols (13%) enregistrent des taux encore plus faibles. A contrario, et malgré un lourd bilan de décès liés au Covid-19, le Royaume-Uni affiche quant à lui un fort taux d'optimistes (44%).
7 Français sur 10 pessimistes sur la conjoncture actuelle
Interrogés précisément sur la situation économique, 72% des Français jugent la conjoncture mauvaise, soit une proportion de 20 points supérieure à la moyenne globale (52%). L'Italie, l'Espagne, le Japon, la Corée du Sud, la Grèce et les Etats-Unis considèrent également l'état de l'économie comme critique.
À l'inverse, plus des trois quarts des habitants des pays nordiques et d'Océanie affichent une vision positive de la conjoncture économique.
Outre leur pessimisme par rapport à la situation présente, les Français sont aussi, avec les Japonais, les moins confiants pour l'avenir de leur jeunesse. Pour 77% des Français, la situation économique de leurs enfants sera plus précaire que la leur. Un chiffre particulièrement élevé, certes, mais qui ne détonne pas avec la tendance globale. Plus des deux-tiers des sondés dans les 17 pays considèrent ainsi que leurs enfants subiront ce que le sociologue Louis Chauvel nomme un « déclassement générationnel ». Autrement dit, un phénomène de paupérisation de la jeunesse actuelle est redouté par la majorité des adultes des pays développés.
Seuls les Suédois et les Singapouriens sont majoritairement optimistes quant à l'avenir de leur jeunesse, voire même plus qu'en 2019 dans le cas des Suédois.
Confiance en la reprise économique et confiance dans le gouvernement sont liées
Dans tous les pays, les individus qui trouvent que le gouvernement a bien géré la crise sanitaire sont plus positifs dans leur évaluation de la situation économique actuelle. En France, les personnes pro-gouvernement sont ainsi deux fois plus nombreuses à se montrer optimistes sur la conjoncture économique que celles qui estiment que le gouvernement a mal géré la crise sanitaire (35% d'optimistes parmi les pro-Macron, contre 18% parmi les autres). En Allemagne, la différence est encore plus marquée : 79% des pro-Merkel portent un regard positif sur la situation économique actuelle, contre seulement 41% des partisans de l'opposition.
Dans la plupart des pays, les individus qui se montrent pessimistes sur l'état actuel de l'économie sont plus enclins à considérer que leurs enfants auront une situation économique plus fragile que la leur à l'avenir. L'exemple le plus flagrant est celui de Taiwan, où 85% des individus pessimistes sur l'état actuel de l'économie le sont également pour l'avenir de leurs enfants, tandis que la majorité des individus optimistes sur la conjoncture économique (57%) ne croient pas que leurs enfants subiront un déclassement générationnel.
Des attitudes variables selon le profil sociologique
Si l'âge, le niveau d'éducation ou le revenu ne semblent pas influer sur l'état d'esprit des individus face à la situation économique actuelle, des tendances communes peuvent toutefois être observées chez certaines catégories de population. D'après l'étude, les femmes seraient ainsi plus pessimistes que les hommes. Le cas le plus révélateur est celui de la Belgique, où la situation est jugée mauvaise par 75% des femmes, contre 61% des hommes.
Aux Etats-Unis, une fracture politique est également perceptible entre républicains et démocrates. Ainsi, alors que les démocrates étaient plus pessimistes (71%) que les républicains (44%) en 2020 sur l'état de l'économie, la roue semble avoir tourné, les démocrates se montrant aujourd'hui plus confiants (36%) que les républicains (27%).
Enfin, les individus n'ayant pas été touchés financièrement par la pandémie sont globalement plus enclins à évaluer positivement la conjoncture économique actuelle.