Les salariés britanniques pourraient perdre « deux décennies de niveau de vie », selon une fédération syndicale

Le Royaume-Uni est parti pour deux décennies perdues de niveau de vie, selon la fédération syndicale britannique TUC. Et ce, en raison d'une baisse des salaires réels. L'organisme considère qu'ils ne retrouveront leur niveau de 2008, avant la crise financière, qu'en 2028. Sa secrétaire générale, Frances O'Grady, appelle à des élections pour remplacer la Première ministre Liz Truss mais aussi tout le gouvernement conservateur.
« Nous traversons la plus longue période de baisse des salaires réels depuis les temps napoléoniens » a déclaré la dirigeante de la fédération syndicale britannique (TUC) Frances O'Grady.
« Nous traversons la plus longue période de baisse des salaires réels depuis les temps napoléoniens » a déclaré la dirigeante de la fédération syndicale britannique (TUC) Frances O'Grady. (Crédits : HANNAH MCKAY)

Avec une inflation à quasi 10% - la plus élevée depuis 40 ans et la plus forte du G7 - et une croissance atone, l'économie britannique va mal. « Nous traversons la plus longue période de baisse des salaires réels depuis les temps napoléoniens » et, sous les gouvernements conservateurs qui se succèdent depuis 2010, « les pauvres se sont appauvris mais les riches se sont enrichis », a déclaré la dirigeante de la fédération syndicale britannique (TUC) Frances O'Grady, dans un discours à l'ouverture de la conférence annuelle de l'organisation ce mardi 18 octobre à Brighton.

« Si les ministres et employeurs continuent à taper sur les enveloppes de salaires au même rythme, les travailleurs britanniques sont partis pour deux décennies perdues de niveau de vie », a-t-elle ajouté.

La TUC dit s'attendre à ce que les salaires réels, c'est-à-dire corrigés de l'inflation, ne retrouvent qu'en 2028 leur niveau de 2008, avant la crise financière. Or, comme le rappelle Frances O'Grady : « Ce ne sont pas les gestionnaires de fonds spéculatifs qui gagnent de l'or en pariant sur l'effondrement de la livre » qui « créent la vraie richesse dans ce pays », mais « les gens honnêtes qui travaillent dur ».

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Le départ de Liz Truss dans toutes les discussions

La secrétaire générale de la TUC a également évoqué le potentiel départ de la Première ministre britannique. « Certains disent que Liz Truss doit partir » mais « tout ce gouvernement conservateur pourri doit partir », « nous avons besoin d'une élection générale maintenant », considère Frances O'Grady.

Les spéculations vont bon train ce mardi sur un éventuel remplacement de la Première ministre. Mais Liz Truss s'accroche. Lors d'une interview à la BBC lundi, elle a déclaré être « désolée » pour ses « erreurs », estimant avoir voulu aller « trop loin trop vite ». Mais elle a l'intention de « rester à son poste pour tenir ses engagements pour l'intérêt national ».

Reste que nombreux sont ceux, y compris dans sa majorité, à juger la situation intenable et à souhaiter son départ. Parmi les noms qui circulent pour la remplacer : le nouveau ministre des Finances, Jeremy Hunt, nommé vendredi dernier, ou encore son ancien rival lors de la phase finale du processus de désignation du chef du parti conservateur cet été, Rishi Sunak. Et même Boris Johnson, bien que son départ forcé et récent de Downing Street en raison d'une succession de scandales lui donne une part de responsabilité dans la débâcle actuelle.

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Virage de politique économique

Le début des déboires de Liz Truss remonte à fin septembre, à l'annonce d'un mini-budget comprenant notamment d'importantes aides au paiement des factures d'énergie et des baisses des impôts favorisant les plus aisés. La livre s'était alors effondrée à son plus bas historique et les marchés britanniques se sont affolés. Après un spectaculaire revirement et le limogeage du ministre des Finances, à l'origine de ce plan, la devise britannique a repris des couleurs mais reste historiquement très déprimée.

Hier nouveau ministre des Finances, Jeremy Hunt, a dévoilé les grandes lignes du projet budgétaire de moyen terme qui doit être présenté dans sa totalité le 31 octobre. Il a averti qu'il allait prendre des décisions « très dures » avec des coupes à venir dans les dépenses de l'État et des hausses d'impôts (un désaveu total du plan initial de Liz Truss). Le nouveau chancelier de l'Echiquier a toutefois assuré que le gouvernement ferait une priorité de « l'aide aux plus vulnérables ».

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Parmi les annonces de lundi, « la plus grosse dépense », le plafond des factures énergétiques pour tous les ménages, sera finalement en vigueur jusqu'à avril seulement et non plus pour deux ans. Au-delà, le Trésor va réfléchir à une nouvelle approche « moins chère » tout en protégeant « les plus nécessiteux ».

Une longue liste de baisses d'impôt est donc abandonnée, comme l'avait été quelques jours plus tôt la baisse du taux d'impôt sur les revenus. En revanche, une hausse de l'impôt sur les sociétés aura finalement lieu. Au total, l'ensemble de ces mesures fiscales « permettront de lever environ 32 milliards de livres par an », a précisé Jeremy Hunt. Pour autant, ces annonces « ne suffiront pas pour boucher les trous dans les plans budgétaires du gouvernement » ou pour « réparer les dégâts des dernières semaines », avertit le centre de réflexion IFS.

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(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 19/10/2022 à 4:05
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Et si l'on evoquait la situation des finances, deficits du pays France ? Le mur approche et personne ne dit ou ne fait rien.

à écrit le 18/10/2022 à 17:00
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Et ça fait 40 ans qu'on dénonce les effets pervers de l'idéologie néolibérale! Donc, en quoi êtes-vous étonné.

à écrit le 18/10/2022 à 15:40
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Enfin une bonne nouvelle

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