Qui est Vivek Ramaswamy, la révélation des primaires républicaines qui se met dans les pas de Donald Trump ?

Entrepreneur à succès, hindou pratiquant et très conservateur, Vivek Ramaswamy était un illustre inconnu il y a trois ans. Il s’est depuis taillé une réputation grâce à un livre à succès accusant les grandes entreprises américaines de promouvoir l’idéologie “woke”, paru en 2021, puis à un début de campagne sur les chapeaux de roue, dû à une performance très remarquée lors du premier débat organisé entre les candidats à l’investiture républicaine (avec le favori, Donald Trump, aux abonnés absents). Qu’on le considère comme un jeune politicien prometteur, un ultra-conservateur s’efforçant de dépasser Donald Trump par sa droite ou un incompétent sans expérience, il ne laisse plus grand monde indifférent.
Vivek Ramaswamy, 38 ans, candidat libertarien et anti « woke » au sein du parti républicain.
Vivek Ramaswamy, 38 ans, candidat libertarien et anti « woke » au sein du parti républicain. (Crédits : DR)

L'un des temps forts du premier débat entre les candidats républicains (auquel Donald Trump, qui fait la course en tête, n'a pas tenu à prendre part) s'est produit lorsque les modérateurs ont demandé aux participants s'ils approuveraient des livraisons d'armes supplémentaires à l'Ukraine au cas où ils accéderaient à la fonction suprême. Un seul a affirmé sans ambages qu'il refuserait tout net : Vivek Ramaswamy.

Le candidat de 38 ans, d'origine indienne et sans expérience politique, a ensuite eu un échange animé avec Nikki Haley, aux positions néo-conservatrices, sur le soutien à Israël et à Taïwan. « Je vous souhaite le meilleur pour votre future carrière chez Lockheed et Raytheon [NdlR : deux grandes entreprises d'armement] », a-t-il lâché sous les applaudissements d'une partie du public alors que sa rivale lui reprochait d'abandonner les alliés historiques des États-Unis.

Un entrepreneur à succès

La performance du jeune candidat, qui a également lancé des piques aux vieux routards Mike Pence et Chris Christie au cours du débat, a été largement remarquée outre-Atlantique. Elle lui a valu une montée rapide dans les sondages pour l'investiture, où il se situe désormais à la troisième place, talonnant le gouverneur de la Floride Ron DeSantis. Certains sondages le placent même en seconde position. Sa directrice de campagne affirme avoir levé 450.000 dollars lors de la seule soirée du débat.

Outre l'intérêt des électeurs républicains, il a aussi su capter celui de plusieurs personnalités, comme le psychologue et intellectuel conservateur Jordan Peterson, l'auteur de podcasts libertariens Joe Rogan ou encore l'ancien candidat à l'investiture démocrate Andrew Yang, qui ont tous salué sa prestation à l'issue du débat. Elon Musk, le patron de Tesla, SpaceX et X (anciennement Twitter) voit également en lui un « candidat très prometteur ».

Né dans l'Ohio d'une famille d'immigrés indiens, Vivek Ramaswamy a été élevé dans la foi hindoue de ses parents, dont il demeure un fervent pratiquant. C'est toutefois dans une école catholique qu'il fait ses études secondaires, avant de fréquenter les bancs de Harvard, où il décroche un diplôme de biologie, puis ceux de Yale, dont il est diplômé en droit.

En plus de ses talents de rhéteur, il partage avec Donald Trump le fait de n'avoir aucune expérience politique précédant sa campagne pour la fonction suprême. Vivek Ramaswamy a démarré sa carrière dans un fonds d'investissement, avant de fonder son entreprise, Roivant Sciences, qui rachète à de grandes sociétés des biotechnologies des brevets pour des médicaments encore non commercialisés. Il lance également son propre fonds d'investissement, Strive Asset Management. Grâce à ses aventures entrepreneuriales, il accumule une petite fortune estimée à plus de 600 millions de dollars.

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Un trumpisme sans Trump ?

Le premier pas significatif de l'entrepreneur sur le chemin de la renommée se produit en 2021, lorsqu'il publie le livre Woke, Inc. Dans celui-ci, qui figure rapidement sur la liste des meilleurs livres vendus aux États-Unis tenue par le New York Times et lui vaut de nombreux éloges au sein de la droite américaine, il s'attaque aux grandes entreprises, coupables selon lui de promouvoir l'idéologie « woke », un terme fréquemment employé pour désigner l'extrême-gauche américaine, en général de manière péjorative.

Si le livre cartonne, c'est parce qu'il coïncide avec l'émergence d'une nouvelle tendance au sein du parti républicain, ancrée sur la défense des classes populaires et hostile aux grandes entreprises, accusées d'être dans le camp de la gauche, voire de l'extrême gauche américaine. Là où, historiquement, le parti républicain était plutôt du côté de l'élite financière

Un virage populiste notamment incarné par Donald Trump, dans le discours bien plus que dans les actes, la politique de l'ancien président ayant davantage consisté en des baisses d'impôts pour les plus riches et des dérégulations qu'en des mesures favorables aux classes populaires. S'il ne retient pas ses coups contre ses rivaux pour l'investiture, Vivek Ramaswamy a du reste jusqu'ici pris grand soin de ménager Donald Trump, qui demeure très populaire au sein des électeurs et est toujours donné en tête de la course à l'investiture.

Non content d'avoir voté pour lui en 2020, il l'a avec une flagornerie assumée qualifié de « meilleur président du XXIe siècle », a accusé les poursuites judiciaires lancées contre l'ex-président de servir uniquement des visées politiques, promis de lui offrir la grâce présidentielle une fois élu et affirmé qu'il « construirait sur les bases » mises en place par Donald Trump.

À l'instar de l'ancien président, Vivek Ramaswamy n'est pas avare de propositions radicales et détonnant avec la ligne traditionnelle de son camp. Face à un parti républicain historiquement très interventionniste, il suggère de négocier immédiatement avec la Russie pour obtenir un cessez-le-feu en Ukraine, qui impliquerait des concessions territoriales de la part de Kiev, s'oppose à l'accession de celle-ci à l'Otan, et propose de ne s'engager à défendre Taïwan que jusqu'à 2028.

Dans une rhétorique rappelant celle de Donald Trump et de son mur avec le Mexique, il propose, en outre, de déployer l'armée pour arrêter l'immigration illégale à la frontière mexicaine. Dans plusieurs interviews, il a également suggéré que des policiers et agents fédéraux pourraient avoir été impliqués dans le 11 septembre et l'attaque du Capitole le 6 janvier 2021.

Abolir le FBI

Dans certains domaines, sa rhétorique se fait même plus radicale que celle de son mentor. Libertarien convaincu, il propose l'abolition de plusieurs grandes agences fédérales, dont le FBI, le Département de l'Éducation et l'Internal Revenue Service, l'administration américaine chargée des impôts. Il souhaite également réduire le personnel de la Banque centrale américaine de 90% et assurer la stabilité du dollar en l'adossant à un panier de produits. Vivek Ramaswamy est également partisan de la légalisation du cannabis à l'échelon fédéral et accepte les donations en bitcoin pour sa campagne, deux clins d'œil adressés aux libertariens.

Dans un registre plus en phase avec la ligne traditionnelle du parti républicain, il considère que le changement climatique est une arnaque et est opposé au droit à l'avortement, bien que, contrairement à d'autres candidats, comme l'ex-vice-président Mike Pence, il soit également opposé à une interdiction de celui-ci à l'échelon fédéral, proposant de laisser les États trancher cette question.

Il se fait aussi logiquement l'avocat de baisses d'impôt, une marotte des républicains, qui prendraient avec lui la forme d'une taxe forfaitaire de 12% couvrant l'ensemble des revenus, du salaire au capital en passant par l'héritage. Contrairement à Donald Trump, il est un fervent partisan du libre-échange et propose de réintégrer l'accord de partenariat transpacifique, instauré par Barack Obama et dont Donald Trump a claqué la porte.

Le futur colistier de Donald Trump ?

Une partie de l'attrait que semble exercer Vivek Ramaswamy sur les électeurs républicains tient aussi à sa personnalité quelque peu fantasque et originale. Grand amateur de rap, il avait pour habitude lors de ses années universitaires de rapper sur des paroles faisant l'éloge de ses idées libertariennes, sous le pseudonyme de « Da Vek ». Sa passion pour ce style musical est demeurée intacte, et il s'est récemment livré sur scène à une interprétation de Lose yourself, le tube du rappeur Eminem. Celui-ci, qui penche plutôt à gauche, lui a depuis demandé d'arrêter d'utiliser sa musique lors de sa campagne.

Il s'est également fait le chantre de positions peu communes au sein de l'éventail politique actuel, comme celle de faire passer l'âge légal pour voter à 25 ans, avec la possibilité de voter plus tôt contre un service militaire ou civique.

Et si sa foi hindoue détonne quelque peu au sein d'un parti qui n'a jamais propulsé que des protestants à la présidence, il sait visiblement trouver les mots pour parler aux chrétiens fondamentalistes qui forment une part non négligeable de l'électorat républicain, en particulier dans les États du Sud.

« Je veux être un président qui reconnaisse que nous constituons une nation unie sous l'autorité de Dieu, qui respecte les valeurs judéo-chrétiennes sur lesquelles ce pays a été fondé. Des valeurs que je partage », a-t-il récemment déclaré lors d'un rallye, ajoutant que sa religion hindoue « souscrit aux mêmes valeurs familiales que la religion chrétienne ».

Malgré sa récente hausse de popularité, Vivek Ramaswamy demeure loin de concurrencer Donald Trump, que les sondages désignent comme largement favori pour l'investiture. Celui-ci a en revanche sous-entendu qu'il pourrait bien lui proposer le titre de vice-président. Questionné sur le sujet, Vivek Ramaswamy a répondu qu'il n'avait pas l'âme d'un numéro 2.

Commentaires 4
à écrit le 04/09/2023 à 21:20
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Les véritables patriotes américains n'ont que faire de la propagande du régime Biden pour ces épouvantails pseudo-républicains dans le but de dissimuler la crucifixion de Trump.

à écrit le 04/09/2023 à 13:15
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"hindou pratiquant" : Donc sûrement nataliste, ça plait aux électeurs, mais c'est pas écolo

à écrit le 04/09/2023 à 9:29
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Un républicain qui est partisan de la légalisation du cannabis à l'échelon fédéral et accepte les donations en bitcoin pour sa campagne ne peut pas être totalement mauvais

à écrit le 04/09/2023 à 9:24
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Ben je préfère Trump mais ça va être très compliqué, en abattant un oligarque iranien il s'est mis les oligarchies du monde sur le dos. Il y a des règles auxquelles il ne faut pas déroger !

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