Rejet des eaux de Fukushima : le Japon convoque l'ambassadeur chinois après une vague de harcèlement

Tokyo a convoqué ce lundi 28 août l'ambassadeur chinois au Japon. Objectif affiché, protester contre la vague de harcèlement téléphonique en provenance de Chine subie par des entreprises nippones depuis le début du rejet controversé des eaux de Fukushima la semaine passée.
Au total, le Japon compte évacuer dans l'océan Pacifique plus de 1,3 million de m3 d'eau tritiée de Fukushima jusqu'au début des années 2050.
Au total, le Japon compte évacuer dans l'océan Pacifique plus de 1,3 million de m3 d'eau tritiée de Fukushima jusqu'au début des années 2050. (Crédits : KYODO Kyodo)

[Article publié le lundi 28 août 2023 à 11h57 et mis à jour à 13h23] Le feuilleton diplomatique opposant le Japon et la Chine sur le rejet des eaux issues de la centrale nucléaire de Fukushima se poursuit. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Masataka Okano, a convoqué l'ambassadeur chinois, Wu Jianghao, ce lundi 28 août. L'exécutif japonais a fait savoir que Pékin devait informer correctement le public « plutôt que de susciter inutilement l'inquiétude des gens en fournissant des informations qui ne sont pas fondées sur des preuves scientifiques », selon un communiqué du ministère nippon.

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Depuis le début du rejet, « il y a eu un grand nombre d'appels téléphoniques et d'autres formes de harcèlement dont on soupçonne qu'ils viennent de Chine », a déclaré Masataka Okano à l'ambassadeur chinois.

« Un certain nombre d'incidents similaires se produisent également en Chine à l'encontre d'entreprises liées au Japon. C'est extrêmement regrettable et nous sommes profondément préoccupés », a-t-il ajouté, selon le communiqué du ministère.

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De nouveaux tests rassurants

Pour rappel, la Chine a suspendu depuis la semaine dernière toutes les importations de produits de la mer en provenance du Japon, en réaction au début du rejet de l'eau utilisée pour refroidir les réacteurs nucléaires de la centrale accidentée de Fukushima Daiichi.

En juillet, la Chine avait déjà interdit l'importation de denrées de dix départements japonais, dont celui de Fukushima, et Hong Kong et Macao ont pris des mesures similaires plus tôt cette semaine. La Chine était l'an dernier le premier marché à l'export pour la pêche japonaise. Selon des analystes, la position de la Chine est probablement aussi très politique, sur fond des tensions sino-japonaises en Asie-Pacifique.

1,3 million de m3 d'eau traitée

Au total, le Japon compte évacuer dans l'océan Pacifique plus de 1,3 million de m3 d'eau tritiée de Fukushima jusqu'au début des années 2050, selon le calendrier actuel.

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Cette eau a été traitée pour la débarrasser de ses substances radioactives, à l'exception du tritium, puis diluée avec de l'eau de mer avant le rejet dans l'océan, afin que son niveau de radioactivité ne dépasse pas le plafond visé de 1.500 Bq/L, soit un niveau 40 fois inférieur à la norme japonaise pour ce type d'opération. Dimanche, le ministère japonais de l'Environnement a déclaré qu'une nouvelle analyse de l'eau au large des côtes de Fukushima n'avait pas révélé de niveaux élevés de tritium, et ne présentait pas de signes de rayonnement gamma pouvant provenir d'autres matières radioactives.

Ce processus avait été validé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et Tokyo assure qu'il sera sans danger pour l'environnement et la santé humaine.

Un déferlement d'appels

Ces paroles ne semblent pas avoir été suffisantes. Depuis le début de l'opération, des entreprises japonaises apparemment choisies au hasard, allant de boulangeries à des aquariums, ont commencé à recevoir des milliers d'appels provenant de numéros chinois. Sur les réseaux sociaux, des internautes chinois ont partagé des vidéos les montrant en train d'appeler des numéros japonais, certains posts recevant des dizaines de milliers de likes.

L'ambassade nippone en Chine a demandé ce week-end à ses ressortissants sur place de s'abstenir de parler fort en japonais. En outre, elle a annoncé lundi avoir renforcé les mesures de sécurité à l'extérieur des écoles japonaises et des missions diplomatiques dans le pays. Des médias nippons ont rapporté plusieurs faits de jets de pierres et d'œufs contre des établissements japonais en Chine.

Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, lui-même, a condamné lundi ces jets de pierre. « Il y a eu de nombreux faits de harcèlement téléphonique dont on pense qu'ils proviennent de Chine et des cas de jets de pierres contre l'ambassade et des écoles japonaises. Il faut dire que ces faits sont regrettables », a-t-il déploré.

« Même après le rejet (de l'eau de Fukushima) dans l'océan, les États-Unis, par exemple, se sont déclarés satisfaits du processus sûr, hautement transparent et justifié d'un point de vue scientifique mis en œuvre par le Japon. Nous aimerions transmettre ces voix de la communauté internationale au gouvernement chinois », a encore martelé le Premier ministre nippon.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 28/08/2023 à 17:48
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Certainement la plus puissante des armes des chinois, sa population de 1.5 milliard.

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