Assurance chômage, emploi des seniors : le patronat au pied du mur

Ce jeudi 7 mars, les partenaires sociaux se retrouvent pour une nouvelle séance de négociation sur les parcours professionnels, dans le cadre de l'échange sur l'emploi des seniors. C'est la première fois que sera présenté un projet d'accord patronal. Le gouvernement a laissé aux syndicats et patronat jusqu'au 26 mars pour trouver un accord sur l'emploi des seniors. Mais déjà, il menace de reprendre la main...
Fanny Guinochet
« Le patronat parle de la culture de l'entreprise qui doit changer pour que les seniors trouvent mieux leur place, mais n'envisage aucune mesure concrète », regrettent les syndicats.
« Le patronat parle de la culture de l'entreprise qui doit changer pour que les seniors trouvent mieux leur place, mais n'envisage aucune mesure concrète », regrettent les syndicats. (Crédits : Reuters)

« La situation commence à se tendre, cette séance de ce jeudi promet d'être compliquée », prévient Olivier Guivarch le négociateur de la CFDT. Et pour cause, le temps presse, et les syndicats comme le patronat sont sous la pression du gouvernement. Ce mercredi, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie assure, dans Le Monde, que l'Etat doit avoir la main sur l'assurance-chômage : « La responsabilité des partenaires sociaux, ce sont les salariés. La responsabilité de l'Etat, ce sont tous ceux qui sont au chômage. »

Un projet du patronat très attendu

Pour l'instant, selon plusieurs sources syndicales, le patronat a très peu dévoilé ses intentions. Mais ce jeudi, il doit mettre sur la table un projet d'accord. Que contiendra ce premier projet de texte ? Usure professionnelle, transition et reconversion professionnelles... sur tous ce sujets, Medef -CPME et U2P sont vivement attendus. Car pour l'heure, les syndicats trouvent les propositions bien timides. « Le patronat parle de la culture de l'entreprise qui doit changer pour que les seniors trouvent mieux leur place, mais n'envisage aucune mesure concrète pour que ça change, vaguement évoque-t-il un renforcement des retraites progressives », s'agace le négociateur CFDT.

Le CDI senior, martingale patronale

Selon Force Ouvrière, le patronat, de toute façon, n'est pas très investi dans cette négociation. Preuve en est, une de ses rares suggestions concrètes est la création d'un CDI senior. Un outil, qui selon les syndicats, ne résoudra pas le problème des aménagements de carrière, des adaptations à l'usure et donc in fine du chômage des travailleurs les plus âgés. Sans compter que ce type de dispositif - le contrat senior - a déjà existé sans porter ses fruits. Le patronat souhaiterait que ce CDI comporte une incitation financière pour les entreprises, sur le modèle de l'apprentissage. Mais reste le nerf de la guerre : qui paie ? qui contribue ? Or, tous savent qu'ils ne peuvent pas compter sur un financement de l'Etat, qui coupe déjà dans ses budgets.

Le CETU, véritable point de blocage

Au cours des discussions, le patronat a bien fait savoir ce dont il ne voulait pas. Et en haut de la pile, se trouve le Compte épargne temps universel, le CETU, dispositif auquel est attaché de longue date la CFDT. Ce compte vise à permettre à un salarié d'épargner des jours de congés pour aménager son parcours professionnel, et même sa retraite. Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s'était montré favorable à cette proposition. « Mais, c'est tout bonnement inapplicable dans les entreprises, surtout les plus petites », plaide un membre patronal. Et d'ajouter : « C'est encore une belle idée sociétale de la CFDT, comme les 35 heures, qui va se révéler être une véritable usine à gaz et plomber notre compétitivité. »

Reste que l'organisation de Marylise Léon n'entend pas passer outre.  Elle prévient qu'elle ne signera pas d'accord si le CETU n'est pas mentionné. « Peut être que l'on peut l'évoquer sous une forme ou une autre... sans qu'il soit obligatoire et en renvoyant les modalités à plus tard », tempère un représentant patronal.

In fine, le paritarisme en question

Devant le blocage qui semble se dessiner, les centrales s'interrogent : puisque le gouvernement est tenté de reprendre la main, le patronat finalement, ne vise-t-il pas à abandonner l'assurance chômage ? Alors que ce système reste un des derniers bastions du paritarisme de gestion, le Medef va-t-il le défendre ou lâcher l'affaire ? Patronat comme syndicats vont-ils se battre pour trouver un accord afin de montrer au gouvernement qu'ils sont capables de prendre leurs responsabilités et que le dialogue social est fécond en France ? Derrière les dispositifs négociés sur le fond, c'est bien ce qui se joue dans cette dernière ligne droite de négociation.

Sachant que le gouvernement ne leur laisse que peu d'espaces. Même si patronat et syndicats parviennent à se mettre d'accord, le gouvernement a déjà prévu d'aller beaucoup plus loin que leur compromis, et de lancer une nouvelle réforme du régime de l'assurance chômage, rapidement, pour faire des économies. L'exécutif ne s'en cache pas : il envisage notamment de réduire la durée d'assurance chômage.

A la veille de cette séance, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, annonçait ce mercredi devant la Commission des finances de l'Assemblée nationale, que les économies de l'Etat et de la Sécurité sociale devront atteindre au moins 20 milliards d'euros d'économie en 2025.

Fanny Guinochet
Commentaires 26
à écrit le 09/03/2024 à 17:55
Signaler
Encore une conséquence de la soumission à l'Europe qui nous force à réduire tous nos acquis sociaux à peau de chagrin. A cette allure là on se retrouvera bientôt complétement dépouillé

à écrit le 09/03/2024 à 10:52
Signaler
Certains annonces 500 000 poste de travail non pourvu en France. Sachant que les frais de fonctionnement de Pole Chomage s'élève à environ 4 milliards d'euros à l'année, cela nous couterai donc seulement en frais de gestion 8 000 euros par poste à po...

à écrit le 08/03/2024 à 6:32
Signaler
La dette n'est qu'un prétexte pour réduire les acquis sociaux. Pour équilibrer les comptes, il suffirait de plafonner le montant de la retraite. C'était initialement un revenu de base pour les retraité, mais sa fonction a été dévoyée pour devenir une...

à écrit le 07/03/2024 à 17:43
Signaler
Et pourquoi pas un contrat pro senior financé par les OPCO, des aides de l'aide, de France Sans Travail et de la région. C’est-à-dire de la chair à trimer au SMIC qui ne coutera quasiment rien aux entreprises ? Par ici le pognon pour elles. Avec l...

à écrit le 07/03/2024 à 15:39
Signaler
Bonjour je vais avoir 62 en juin je suis bientôt enfin de droit asr j'ai fai demande ass refus car pas assez travaillé donc bientôt rsa avec amputation de ma rente’trimestriel accident de travail, mardi mon conseiller pôle emplois prop...

à écrit le 07/03/2024 à 15:38
Signaler
Bonjour je vais avoir 62 en juin je suis bientôt enfin de droit asr j'ai fai demande ass refus car pas assez travaillé donc bientôt rsa avec amputation de ma rente’trimestriel accident de travail, mardi mon conseiller pôle emplois prop...

à écrit le 07/03/2024 à 15:37
Signaler
Bonjour je vais avoir 62 en juin je suis bientôt enfin de droit asr j'ai fai demande ass refus car pas assez travaillé donc bientôt rsa avec amputation de ma rente’trimestriel accident de travail, mardi mon conseiller pôle emplois prop...

à écrit le 07/03/2024 à 14:16
Signaler
J'espère que la réduction de la durée du chômage s'accompagnera d'une réduction égale des cotisations. On a le droit de rêver, non ?

à écrit le 07/03/2024 à 14:12
Signaler
Ce que veut le patronat c des jeunes mal payés avec l'expérience de mecs de + de 50 ans pour maximiser leurs gains et le redistribuer soit à eux-meme soit aux actionnaires...au passage il se plaint de toute taxe ou prélèvement (80 milliards restitués...

le 07/03/2024 à 17:37
Signaler
Oui, c'est la cause de bien des "offres d'emplois non pourvues"... Je me souviens d'une de ces offres où on touchait le sublime, l'employeur exigeant la crème de la crème des ingénieurs pour un salaire de technicien Bac+2, forcément un ingénieur voya...

le 07/03/2024 à 17:47
Signaler
Même opinion. Et surtout ne pas payer elles même les personnes grâce aux différentes aides à l'emploi comme les contrats pro .

le 25/03/2024 à 10:03
Signaler
Pire g lu un article (cadre enfin retraité et ne contribuant plus à l'enrichissement de ces escrocs ) ou il était dit que 50% des proposition d'emploi sur LinkedIn ou indeed était fausse : elle servirait (avis du journaliste) à faire croire à une soc...

à écrit le 07/03/2024 à 10:41
Signaler
En France à partir de 43 ans c'est galère pour trouver un emploi qualifié ou pas à 50 ans mission impossible. Pourtant beaucoup souhaite continué sans prendre de retraite pour resté actif. Que les employeurs arrêtent de se plaindre des difficultés de...

le 07/03/2024 à 13:31
Signaler
@La Vérité. Absolument , je pense exactement la même chose que vous .

le 07/03/2024 à 20:39
Signaler
C'est pour ça que le nombre de fonctionnaires territoriaux avait à une époque fortement augmenté sans que ça se traduise par un rajeunissement de l'âge médian, on avait en fait reconverti de nombreux quadras qui autrement n'auraient plus jamais trava...

à écrit le 07/03/2024 à 7:30
Signaler
"Mais déjà, il menace de reprendre la main... " Et vu comme ils osnt nuls c'est une véritable menace en effet.

à écrit le 06/03/2024 à 22:56
Signaler
Un cdi senior subventionné par l état ? Lol de qui se moque les dirigeants d entreprise les premiers à conspuer l état mais les premiers à aller le solliciter financièrement en cas d’ équation .. de bons français en somme !! Ils licencieront en mas...

à écrit le 06/03/2024 à 22:56
Signaler
Un cdi senior subventionné par l état ? Lol de qui se moque les dirigeants d entreprise les premiers à conspuer l état mais les premiers à aller le solliciter financièrement en cas d’ équation .. de bons français en somme !! Ils licencieront en mas...

à écrit le 06/03/2024 à 22:45
Signaler
Le patronat français est assez rétrograde comparé aux autres pays Européens ...0paw egg tonnant qu il ait temps de mal à recruter des jeunes qui n ont absolument pas les mêmes «  soumission/ compromissions  » que leurs aînés… dans les pays scandinav...

à écrit le 06/03/2024 à 21:23
Signaler
L’assurance chômage est excédentaire. Donc si l’état souhaite encore réduire la partie dépense, où ira le surplus d’excédent ? Connaissant le gouvernement, certainement pas pour réduire la dette payée par les générations futures, mais accorder des ai...

le 06/03/2024 à 21:41
Signaler
A payer les grosses retraites des électeurs de Macron, pardi!

à écrit le 06/03/2024 à 21:12
Signaler
la democratie tolerante d'eextreme gauche a la francaise!!!!!! quand l'etat a repris la secu apres le plan juppe pour que jospin puisse mettre ses copains a la manettes, ca s'est bien passe, les resultats sont la!!! pareil pour le nucleaire, pareil p...

à écrit le 06/03/2024 à 20:42
Signaler
Les kleptocrates toujours à la manoeuvre après avoir tenté un hold up sur les retraites complémentaires...

le 07/03/2024 à 11:04
Signaler
87 milliards d exemptions fiscales / 78 de baisses de charges pour certaines roses boites , fraudes dociles et fiscales estimées par la cour des comptes en 2023 :188 miiliards .. ou dont les kleptomanes?

à écrit le 06/03/2024 à 20:19
Signaler
La situation commence à se tendre, cette séance de ce jeudi promet d'être compliquée »....... Rien n'est plus facile, vendez votre entreprise et détendez-vous, les syndicats s'occuperont des chômeurs...

à écrit le 06/03/2024 à 20:14
Signaler
Le patronat français veut toujours aller à la facilité et c'est bien pour ça que les Français préfèreraient parfois encore mourir sur des barricades que d'exercer certains métiers..

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.