Projet de loi « immigration » : le plan du gouvernement et celui de la majorité s'opposent

Le texte est examiné cette semaine en Commission. Les groupes de la majorité se sont entendus sur une nouvelle rédaction de l'article 3. Renaissance ne croit pas au soutien de LR, anticipant un 49.3. L'exécutif, lui, fait mine d'y croire.
L'exécutif et la majorité ont, séparément, sondé le groupe LR pour savoir qui pourrait soutenir le projet de loi - et donc mesurer si leur nombre serait suffisant pour éviter un 49.3.
L'exécutif et la majorité ont, séparément, sondé le groupe LR pour savoir qui pourrait soutenir le projet de loi - et donc mesurer si leur nombre serait suffisant pour éviter un 49.3. (Crédits : Reuters)

Ils semblent sûrs d'eux. Après de longs mois d'attente et de crispations, le gouvernement et sa majorité abordent l'examen du projet de loi sur l'immigration sans en redouter l'issue. Alors que le texte arrive en Commission la semaine prochaine, le dernier point de blocage, qui aurait pu justifier un début de « fronde » de l'aile gauche de Renaissance, a été levé. Le désormais célèbre article 3 qui ouvre la voie à la régularisation de travailleurs en situation irrégulière dans les métiers en tension sera réécrit dans un sens proche de la rédaction initiale du gouvernement, à la grande satisfaction de Sacha Houlié, président de la Commission des Finances. L'élu poitevin, ardent défenseur d'une mesure automatique, était monté au front en septembre en cosignant une tribune dans Libération avec des parlementaires Modem, PS, PCF et EELV. La disposition concernerait 7.000 personnes par an.

La philosophie du projet

La version du Sénat est bien caduque. Lors de l'examen de cet article au palais du Luxembourg, il y a dix jours, la majorité LR a donné aux préfets la latitude de délivrer ces titres de séjour. Sans automaticité, donc et avec l'espoir que leur main serait ferme. Les députés vont rétablir la philosophie du projet, tout en donnant subsidiairement aux préfets le pouvoir de s'y opposer mais uniquement en cas de menace de troubles à l'ordre public ou d'atteinte aux valeurs républicaines. « Juridiquement, c'était soit l'automaticité, soit le préfet », précise un député de la majorité, qui anticipe avec optimisme que les vingt-et-une voix du groupe LIOT s'ajouteraient aux 251 de Renaissance, d'Horizons et du Modem.

49.3

S'agissant des autres volets du texte, les tiraillements paraissent s'atténuer. Les procédures de contentieux en matière d'asile seraient réduites de douze à trois (voire à deux) - l'idée repose sur un travail de simplification proposé par le Conseil d'État. Par ailleurs, la reconduite à la frontière de sans-papiers délinquants ne semble pas susciter de tension. On parle de 2.000 cas par an. Reste l'enjeu politique final : passer le texte sans vote au 49.3 ou se risquer au scrutin. L'exécutif et la majorité ont, séparément, sondé le groupe LR pour savoir qui pourrait soutenir le projet de loi - et donc mesurer si leur nombre serait suffisant pour éviter un 49.3. Mais... ils ne parviennent pas au même décompte ! Le gouvernement table sur le soutien éventuel d'une quinzaine d'élus des Républicains. Et même « quinze à vingt », glisse-t-on au ministère des Relations avec le Parlement, où l'on laisse croire que l'on pourrait aller au vote : « Le 49.3, on n'est pas là-dedans ».

Les marges sont étroites

Or les députés macronistes en trouvent « seulement cinq », s'étrangle l'un d'eux. Autrement dit, un contingent bien trop faible pour soumettre le texte aux voix sans trembler. La confiance est mince à l'égard du groupe dirigé par Olivier Marleix. « Ils vont nous refaire le coup des retraites, en faisant croire qu'ils voteront, avant de se retourner », poursuit un membre influent de Renaissance. « Ce sera un 49.3 populaire, l'opinion nous suit sur ce projet de loi », se convainc-t-on. Si ce scénario devait l'emporter, l'exécutif attend sans crainte la motion de censure. Certes, Éric Ciotti a menacé de faire tomber le gouvernement Borne. Mais personne ne semble croire à ce coup de Trafalgar. « Ils ne savent même pas s'ils seront en capacité de réunir les signatures en nombre suffisant pour une motion », glousse un ministre.  Il faut 58 députés pour valider un dépôt - le groupe LR comptant 62 membres. Dans un camp comme dans l'autre, les marges sont étroites.

Commentaires 3
à écrit le 22/11/2023 à 7:26
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Dans tous les cas, il y aura IMMIGRATION. cela résoudra le problème de l'IMMIGRATION.

à écrit le 21/11/2023 à 19:51
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Le gouvernement n'est qu'a la remorque des directives de Bruxelles et l'opposition montre "patte blanche" à l'UE en enfumant les français ! On n'est pas sortie de l'auberge ! ;-)

à écrit le 21/11/2023 à 18:10
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C'est trop tard, Thomas est mort

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