Remaniement : Nicole Belloubet à l'Education pour éteindre la crise

L'ancienne Garde des Sceaux Nicole Belloubet a été nommée ministre de l'Education en remplacement d'Amélie Oudéa-Castéra qui reste ministre des Sports, selon la composition du gouvernement, qui compte désormais 35 membres, annoncée jeudi soir par l'Elysée.
Nicole Belloubet
Nicole Belloubet (Crédits : Gonzalo Fuentes)

Après un mois d'attente et une crise ouverte par François Bayrou, Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont fini jeudi par nommer la deuxième moitié d'un gouvernement un peu moins resserré qu'espéré, avec l'entrée de Nicole Belloubet à l'Education nationale à la place d'Amélie Oudéa-Castéra. À 68 ans, l'ex-ministre de la Justice du premier quinquennat Macron (2017-2020), issue du Parti socialiste, a notamment été rectrice des académies de Limoges et Toulouse, entre 1997 et 2005.

Les syndicats apprécient

Les syndicats enseignants ont salué jeudi l'arrivée d'une nouvelle ministre de l'Education pour « ramener de la sérénité » après des semaines de crise, mais ils attendaient de voir comment elle allait « se positionner » pour renouer la confiance avec les personnels.

« Il aura fallu attendre quatre semaines pour avoir la nomination d'un ministère de plein exercice » a déploré Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-Snuipp, premier syndicat de la maternelle et l'élémentaire. « ll y a eu des dégâts sur l'Education, avec des propos d'une ministre difficiles à entendre et une confiance rompue avec la profession »".

« Nicole Belloubet était par le passé très critique sur des éléments qui sont désormais mis en avant », a rappelé Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT, autre syndicat enseignant. « Si elle peut rouvrir les dossiers et avoir de la marge politique sur ce volet, ce sera tant mieux ». Mais pour cette responsable, l'«lurgence, c'est d'avoir un ministère qui fonctionne ».

Nicole Belloubet remplace donc Amélie Oudéa-Castéra qui avait suscité la polémique en critiquant l'école publique pour justifier la scolarisation de ses enfants dans le privé. Un feuilleton qui est allé jusqu'à la démission du recteur de Paris, un des plus hauts responsables de l'Éducation nationale, en désaccord avec sa ministre, qui n'avait pas non plus la confiance des enseignants. Elle garde néanmoins le ministère des Sports, avec en ligne de mire, les Jeux olympiques. Au terme du plus long remaniement de l'histoire de la Ve République, le gouvernement est composé de 35 ministres et secrétaires d'Etat.

Quatre membres du Modem

Autre ministre de plein exercice nommé jeudi, le macroniste Stanislas Guerini voit son portefeuille de la Transformation et de la Fonction publiques réévalué. Attendue depuis plus de trois semaines, la constitution au complet du gouvernement de Gabriel Attal a été retardée par le refus surprise de François Bayrou d'entrer dans l'équipe.

Plusieurs membres de l'équipe gouvernementale d'Elisabeth Borne ne sont pas reconduits, comme Carole Grandjean (Enseignement et Formation professionnels) Olivier Becht (Commerce extérieur), Laurence Boone (Affaires européennes), Agnès Firmin-Le Bodo (Santé), ou encore Clément Beaune. Carole Grandjean avait annoncé jeudi sur le réseau social X avoir fait part à Emmanuel Macron et Gabriel Attal de son choix de ne pas exercer de nouvelles fonctions ministérielles.

Vergriete aux Transports

Le ministre délégué au Logement sortant, l'ancien maire de Dunkerque Patrice Vergriete, est lui aussi écarté au profit du député Renaissance d'Eure-et-Loir Guillaume Kasbarian. Mais il hérite du poste de ministre délégué aux Transports après l'éviction de Clément Beaune.

La députée Renaissance Marie Guévenoux (Essonne) est nommée aux Outre-Mer en remplacement du MoDem Philippe Vigier. Parmi les entrants, Frédéric Valletoux, député Horizons de Seine-et-Marne et ancien président de la Fédération hospitalière française (2011-2022), épaulera Catherine Vautrin aux fonctions de ministre délégué à la Santé. Fadila Khattabi, qui était chargée des Personnes handicapées dans le précédent gouvernement, est nommée à l'Autonomie et aux Personnes handicapées. La députée (MoDem) de Savoie, Marina Ferrari, devient secrétaire d'État chargée du Numérique. Le ministre délégué de l'Industrie sortant, Roland Lescure, voit son périmètre élargi à l'Energie.

Le centriste Jean-Noël Barrot (MoDem), ministre délégué sortant du Numérique, est pour sa part ministre délégué en charge de l'Europe. Ainsi, le MoDem, dans la tourmente après le refus de François Bayrou d'entrer au gouvernement, compte finalement quatre représentants avec le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau. Ce dernier pourra s'appuyer sur Agnès Pannier-Runacher, nommée ministre déléguée à l'Agriculture.

Casse-tête

Le casting avait viré au casse-tête, avec les équilibres à respecter, le cas « AOC » à trancher et, in extremis, le psychodrame autour de François Bayrou.

L'allié centriste d'Emmanuel Macron a expliqué mercredi soir à l'AFP que, « sans accord profond sur la politique à suivre », il ne pouvait accepter l'Education nationale ou la Réforme de l'Etat, les deux domaines prioritaires où il se serait bien vu aux manettes. Les propos du patron ont suscité des critiques au sein même de sa formation, à l'instar du député Jean-Louis Bourlanges qui a déploré une démarche qui « affaiblit » la majorité et « discrédite » le MoDem. Au-delà du remaniement, la prise de distance de François Bayrou a mis au jour des clivages profonds dans le camp présidentiel.

Attal minimise

Et celui qui est toujours haut-commissaire au Plan mais aussi « élu de la province la plus lointaine de France » s'est aussitôt placé dans la perspective de la présidentielle de 2027, dont « l'enjeu » est selon lui de « réconcilier la France qui se bat en bas avec la France qui décide en haut ». « Je n'ai jamais renoncé à aucun des devoirs qui sont les miens », a-t-il prévenu.

Au sommet de l'Etat, on faisait mine de vouloir laisser la tempête passer. En déplacement dans le Pas-de-Calais auprès de sinistrés des inondations, le Premier ministre a estimé que leur situation permettait de prendre « beaucoup de recul » sur « quelques péripéties politiques », semblait faire allusion aux soubresauts des dernières heures.

« Quand on est un mouvement avec différentes sensibilités, il faut accepter parfois qu'elles s'expriment », philosophait aussi un proche d'Emmanuel Macron.

Sur France 2, Gabriel Attal a évoqué un simple « débat » ou « désaccord sur une partie de la ligne suivie » mais pas un « incident ». Prié de dire s'il considérait toujours le maire de Pau comme un partenaire fiable, le Premier ministre a répondu : « bien sûr, il l'a dit lui-même ».

A l'inverse, les oppositions ont immédiatement humé le parfum de crise politique. « Bienvenue dans l'opposition », ont ironisé de concert les chefs de file des députés socialistes et des Républicains, Boris Vallaud et Olivier Marleix. Ce dernier a déploré « un mois et demi de cinéma, de théâtre autour d'un remaniement ministériel ».

(Avec AFP et Reuters)

Commentaires 32
à écrit le 11/02/2024 à 8:35
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dommage pour une fois que l'on avait un ministre qui parlait cash!!!!! il est vrai qu'il ne faut pas contrarier ces gens persuader d'avoir la science infuse et qui nous sorte des ignares quand on voit le resultat il n'y a pas de quoi etre fier mais i...

à écrit le 10/02/2024 à 9:26
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Je suis rassuré avec ce gouvernement, tout change pour que rien ne change.

à écrit le 10/02/2024 à 9:13
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....se rabattre sur des chevaux de retour revèle bien la pauvreté du cheptel macronien pour la gestion du pays ! Le nouveau monde sent le renfermé ........

à écrit le 10/02/2024 à 9:13
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....se rabattre sur des chevaux de retour revèle bien la pauvreté du cheptel macronien pour la gestion du pays ! Le nouveau monde sent le renfermé ........

à écrit le 09/02/2024 à 12:27
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Un mois pour arriver à ce gouvernement incongru sans colonne vertébrale et avec des anciens qu'on espérait ne plus revoir. Le "en même temps" a encore frappé

à écrit le 09/02/2024 à 12:09
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@Dossier 51 : Belloubet s'est surtout illustrée lors de l'affaire Mia. Une jeune adolescente harcelée par des islamistes pour "blasphème", et la ministre a donné raison à ces gens. Selon elle, il ne fallait "pas critiquer la religion".

le 10/02/2024 à 12:05
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Je ne sais pas je ne lis pas les infos dans Gala.

à écrit le 09/02/2024 à 9:57
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Et Bayrou ? Pas de poste. Un nouveau procès cornélien ou il prouve qu'il n'était au courant de rien et çà la fout mal: un chef doit tout savoir; ou il avoue qu'il savait et il devient inéligible !

à écrit le 09/02/2024 à 9:34
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C'est elle qui a remis le blasphème a la mode dans l'affaire Mila, pour une socialiste prof de droit ça la fout mal.

à écrit le 09/02/2024 à 9:18
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2019 : La ministre de la Justice Nicole Belloubet a admis ce dimanche avoir « oublié de mentionner » trois biens immobiliers dans une déclaration de patrimoine en 2017 (maison de 184 m2 dans l'Aveyron et deux appartements à Paris de 61 et 32 mètres...

le 09/02/2024 à 9:35
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Ben oui et c'est bien pour cela que Bayrou n'y est pas allé, il est pas fou ! Etaler tout ce qu'il a gagné sur le dos des français forcément tandis que c'est le métier le plus détesté, c'est dangereux.

le 09/02/2024 à 9:59
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Pourquoi ne pas demander aux impôts de remplir la déclaration pour éviter les "oublis".

le 10/02/2024 à 7:25
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"Pourquoi ne pas demander aux impôts de remplir la déclaration pour éviter les "oublis". " Parce que les impôts ne savent pas tout non plus, ils savent tout sur les pauvres mais pas grand chose sur les très riches. D'autant qu'il y ai de fortes chanc...

à écrit le 09/02/2024 à 9:13
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"L'ancienne Garde des Sceaux Nicole Belloubet" C'est elle qui avait libérée 6600 prisonniers en 2020 pendant le covid.

à écrit le 09/02/2024 à 9:10
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Mme Belloubet à l'Education c'est une catastrophe. Evidement que les syndicats apprécient. Ce qu'à fait Gabriel Attal en peu de temps à la tête de ce ministère n'aura servi à rien. Rien de bon à attendre d'elle si l'on se réfère à ses opinions passée...

à écrit le 09/02/2024 à 9:05
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Il faut se rappeler que Belloubet a relâché des milliers de délinquants en prison pendant la crise COVID, alors qu'au même moment on enfermait tous les Français chez eux. Pouvait-on faire plus mauvais choix qu'elle comme MIN EN ?

à écrit le 09/02/2024 à 9:05
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Il faut se rappeler que Belloubet a relâché des milliers de délinquants en prison pendant la crise COVID, alors qu'au même moment on enfermait tous les Français chez eux. Pouvait-on faire plus mauvais choix qu'elle comle MIN EN ?

à écrit le 09/02/2024 à 8:14
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Une gauchiste à la tête de l'Education nationale ! On est pas près d'enlever nos enfants du privé.

le 09/02/2024 à 8:27
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Ben oui une véritable gauchiste puisqu'elle est contre les violences faites aux femmes ! Un scandale ! Dehors les bolcheviks ! LOL ! ^^

le 09/02/2024 à 9:12
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Ça, c’est certain. Aucune attente ni aucun espoir de redressement de l’éducation publique qui est gangrenée par des démissionnaires gauchistes à sa tête. Ces gens là, lassés du goût de l’effort ont poussé nos élèves systématiquement vers le moindre e...

le 10/02/2024 à 7:26
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"qui est gangrenée par des démissionnaires gauchistes à sa tête" Non mais vous aimez tant que cela être des caricatures !? Churchill a fait des petits au secours !!! ^^

à écrit le 09/02/2024 à 7:37
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Ben s'ils pouvaient se taire au moins déjà nos dirigeants ça nous ferait des vacances. On leur demande pas grand chose franchement... bon on sait qu'ils ne peuvent pas grand chose non plus.

à écrit le 09/02/2024 à 7:30
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Quels sont les ministres en capacité s’imposer sur leur administration centrale pour débureaucratiser ? La haute fonction publique reste au pouvoir

le 09/02/2024 à 8:25
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Y a qu à faut qu’on.. typique du français moyen… qui ne connaît rien au fonctionnement de son pays pour lequel il ne s intéresse pas d ailleurs le pouvoir est divisé en 4 : présidentiel, législatif= les parlementaires judiciaire= les juges , admini...

le 09/02/2024 à 8:27
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Y a qu à faut qu’on.. typique du français moyen… qui ne connaît rien au fonctionnement de son pays pour lequel il ne s intéresse pas d ailleurs le pouvoir est divisé en 4 : présidentiel, législatif= les parlementaires judiciaire= les juges , admini...

le 09/02/2024 à 8:30
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Y a qu à faut qu’on.. typique du français moyen… qui ne connaît rien au fonctionnement de son pays pour lequel il ne s intéresse pas d ailleurs le pouvoir est divisé en 4 : présidentiel, législatif= les parlementaires judiciaire= les juges , admini...

le 09/02/2024 à 8:30
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Y a qu à faut qu’on.. typique du français moyen… qui ne connaît rien au fonctionnement de son pays pour lequel il ne s intéresse pas d ailleurs le pouvoir est divisé en 4 : présidentiel, législatif= les parlementaires judiciaire= les juges , admini...

le 09/02/2024 à 8:32
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Y a qu à faut qu’on.. typique du français moyen… qui ne connaît rien au fonctionnement de son pays pour lequel il ne s intéresse pas d ailleurs le pouvoir est divisé en 4 : présidentiel, législatif= les parlementaires judiciaire= les juges , admini...

le 09/02/2024 à 8:32
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Y a qu à faut qu’on.. typique du français moyen… qui ne connaît rien au fonctionnement de son pays pour lequel il ne s intéresse pas d ailleurs le pouvoir est divisé en 4 : présidentiel, législatif= les parlementaires judiciaire= les juges , admini...

à écrit le 09/02/2024 à 5:12
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Le remaniement des réchauffés plus la belle politique des valses de la chaise en de ministère en ministère . Un mois pour ne rien changer. Ca c'est de la politique un vieux truc que même les jeunes par l'age président et premier ministre sont bien v...

à écrit le 08/02/2024 à 22:12
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Ok, et ? Les chaises musicales ne changeront pas la réalité : il faut du fric pour diviser les effectifs des classes par au moins 2, donc au moins doubler le nombre de profs, les augmenter, arrêter de leur coller toujours plus d'administratif pour ri...

à écrit le 08/02/2024 à 21:30
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Encore une autre tournante à Matignon symbole de la décadence française...

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